Questions de société

"Rennes 2 : du travail d'intérêt général pour avoir brisé la porte de l'université" (Le mensuel de Rennes 30/07/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sorbonnard)

Rennes 2 : du travail d'intérêt général pour avoir brisé la porte de l'université - Le mensuel de Rennes, jeudi 30 juillet 2009.

http://www.lemensuelderennes.fr/article/actualite/rennes-2-du-travail-dinteret-general-pour-avoir-brise-la-porte-de-luniversite/

Cejeudi, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné un jeune homme de21 ans à du travail d'intérêt général. Celui-ci avait dégradé une portevitrée de la présidence de l'université de Rennes 2 en marge dumouvement étudiant.

Sonavocate le décrit comme un "militant", "un jeune engagé". Pourtant,Antoine n'est pas très loquace. Pas plus à la barre du tribunalcorrectionnel de Rennes que face aux policiers, venus le cueillir chezlui un soir d'avril. Ce jeudi, ce jeune de 21 ans, sans emploi niantécédent judiciaire, a été condamné à 70 heures de travail d'intérêtgénéral, une amende de 250 € et 5 000 € de dommages et intérêts pours'être soustrait à un prélèvement ADN lors de sa garde à vue et avoirdégradé la porte vitrée des locaux de la présidence de Rennes 2. 
C'était le 6 avril dernier. Le mouvement étudiant s'essoufflait. A la fin d'une AG, une centaine de manifestantsavaient tenté d'occuper les locaux de la direction. Ayant trouvé porte close, plusieurs d'entre eux avaient alors tapé dans l'entrée vitrée jusqu'à ce qu'elle cède.

"Je n'ai pas tapé dans la porte"

Antoinefaisait partie du lot. Face à lui, le président énumère les témoignagesqui le mettent en cause. Il y a les dépositions d'un vigile, du patronde la sécurité de la fac, d'un vice-président et d'un professeur. Tousquatre assurent qu'Antoine a participé aux dégradations. Le jeune hommea aussi été reconnu sur des photos, présentées aux témoins par lesenquêteurs. "Ces déclarations sont précises, assure le président dutribunal. Elles disent que vous étiez très virulent et que vous donniezdes coups de pied dans la porte." Antoine garde la ligne de sa garde àvue. Il nie tout en bloc. "Ces gens me reconnaissent car j'étaisprésent à la fac durant le mouvement. J'étais là au moment des faitsmais je n'ai pas tapé dans la porte. C'est assez facile de cibler uneseule personne... En plus, je suis pas étudiant alors..."

Leprocureur ne l'entend pas de cette oreille. "Pourquoi le prévenu sesent-il à ce point concerné par le mouvement universitaire alors qu'iln'est même pas étudiant ? Sa ligne de défense, c'est la théorie de lavengeance. Ce jeune innocent serait victime d'un complot orchestré parle responsable de la sécurité de la faculté. Il aurait téléguidé destémoignages mensongers d'enseignants chercheurs pour lui nuire.Pourquoi ? On ne sait pas. Ces témoignages ne sont pas péremptoires.Ils sont mesurés, concordants et probants."

"Quelle parole croire ?"

"Le procureur dit queces témoignages sont probants ? Moi, je dis qu'ils sont imprécis,assène la défense. Deux d'entre eux assurent qu'Antoine a fait bélier.Les deux autres avancent qu'il a donné des coups de pied." La jeuneavocate du prévenu a apporté une multitude de témoignages "spontanés"de jeunes présents au moment des faits. Tous certifient que son clientse trouvait en retrait lorsque les dégradations ont été commises."Quelle parole croire ?", demande l'avocate. "Les faits se sontdéroulés à un moment où le conflit s'enlisait.  Antoine n'est pasétudiant. Il était connu du personnel. Son physique ne s'oublie pas.Des agents de sécurité l'appelaient "la baleine". Ce n'est pas uncomplot ni une vengeance. La fac avait juste besoin d'un coupable pourdonner un coup d'arrêt au mouvement."    

Massés dans la salleet à la porte d'entrée du tribunal, une cinquantaine de militants ontfait le déplacement pour soutenir leur camarade. L'audience s'estdéroulée dans le calme.