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Rencontres et débats autour de Perec

Rencontres et débats autour de Perec

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Bernard Magné)

RENCONTRES

Dimanche 18 mars de 10 h 30 à 18 h

DE L'ESPÈCE HUMAINE À ESPÈCES D'ESPACES Coordination Jean-Pierre Salgas* Avec la participation de : . Marcel Benabou, écrivain, secrétaire définitivement provisoire de l'Oulipo, historien, professeur à l'université Paris Vil-Denis Diderot. Dominique Bertelli, enseignant à l'université de Limoges,fondateur et codirecteur du Cabinet d'amateur, revue d'études perecquiennes. Claude Burgelin, universitaire, Lyon. Auteur de Georges Perec, Seuil, coll. « Les contemporains », Paris, 1991, et Les Parties de dominos chez Monsieur Lefevre; Perec avec Freud, Perec contre Freud, Circé, Strasbourg, 1996. Bernard Magné, professeur de littérature française à l'université de Toulouse-Le Mirail. Auteur de Georges Perec, Nathan, coll. « 128 » Paris, 1999. Régine Robin, historienne, sociologue, traductrice, professeur au département de sociologie à l'université du Québec à Montréal. Auteur de Le Deuil de l'origine. Une langue en trop, une langue en moins, Presses universitaires deVincennes, 1993. Manet van Montfrans, maître de conférences à la faculté des lettres d'Amsterdam. Auteur de Georges Perec, la Contrainte du réel, Rodopi, Amsterdam-Atlanta, 1999.

*Critique, professeur à l'École nationale des arts de Bourges.

CINEMA

Mercredi 14 mars à partir de 20 h PROGRAMME PEREC-BOBER En présence de Robert Bober

EN REMONTANT LA RUE VILIN de Robert Bober

Documentaire. France. 1992.48 min. RÉCITS D'ELLIS ISLAND (1e partie) de Georges Perec et Robert Bober

Documentaire. France. 1979. 50 min Traces : Georges Perec et Robert Bober ont collaboré à partir d'une interrogation commune sur l'espace : comment faire parler les lieux ? Que nous révèlent-ils sur notre mémoire vide ou fracturée  ? Ellis Island à l'abandon, la rue Vilin en voie de démolition, sont deux lieux dont les ruines invitent Georges Perec à sonder une mémoire qui a souffert d'une destruction. Il compose dans Récits d'Ellis Island un poème autobiographique dans lequel Ellis Island, ce lieu de la survie et de la cassure spatiale, va incarner à la fois la Shoah en une image inversée et une identité juive synonyme de scission, clôture, « quelque chose d'informe, à la limite du dicible  ». Dans En remontant la rue Vi/in, Robert Bober, en un hommage posthume, poursuit le projet de recherche des traces du passé renfermées dans le lieu de l'enfance de Georges Perec. À partir de photographies et de textes de l'écrivain, Robert Bober ressuscite ce que fut cette rue et déchiffre les inscriptions qui témoignent encore du passage et de la disparition de la mère de Perec. Myriam Soussan

Jeudi 15 mars à 19 h : UN HOMME QUI DORT de Georges Perec et Bernard Queysanne

Fiction. France. 1973.78 min. Pendant l'été, un jeune étudiant s'enferme dans la solitude de sa chambre de bonne.Ses sorties lui donnent de Paris une vision morose qui le conforte dans le désespoir et l'inaction. Georges Perec a lui-même adapté son uvre à l'écran, avec un style sobre qui traduit parfaitement le rapport d'un désespéré à une ville distante. La voix de Ludmilla Mikaël, qui s'adresse au personnage et commente ses actions, ajoute une rare sensibilité à ce film qui a obtenu le prix Jean Vigo 1974.

En présence de Bernard Queysanne

Jeudi 15 mars à 20 h 30 PROPOS AMICAUX A PROPOS D'ESPÈCES D'ESPACES de Bernard Queysanne

Documentaire. France. 1999.7l min. À travers le regard de ses amis et l'adaptation d'Espèces d'espaces, ce documentaire offre l'image la moins institutionnelle, la plus amicale, la plus proche de Georges Perec. Deux films se répondent. L'un est un montage de conversations que Bernard Queysanne a eues avec quelques-uns des amis de Georges Perec, l'autre est une adaptation d'Espèces d'espaces, des réflexions de l'écrivain sur les lieux, chambres, immeubles, rues et quartiers. En présence de Bernard Queysanne.

LECTURES

Mercredi 21 mars à 19 h et 21 h :

TE SOUVIENS-TU DE GASPARD WINKLER ?1ère PARTIE

VOUS SOUVENEZ-VOUS DE GASPARD WINKLER ? 2e PARTIE

de Catherine Binet

Documentaire. France. 1990.1991.2 x 90 min.

Des extraits d'interviews de Georges Perec, des passages de certains de ses films et des interventions de ses amis se mêlent à la lecture de ses textes et de sa correspondance pour tracer un portrait de l'écrivain orchestré par Catherine Binet, qui fut sa compagne.

Dans les foyers de l'auditorium vous pourrez visionner sur écran des émissions consacrées à Georges Perec -.Apostrophe (1986),Lecture pour tous (1967), Aujourd'hui Madame (1978), Un parmi eux, film de Pierre-Oscar Lévy, France, 2000.

Dimanche 25 mars à 17 h : LA VIE MODE D'EMPLOI de Georges Perec

Lecture d'extraits par Maurice Garrel (sous réserve)

« C'est dans les derniers mois de sa vie que le peintre Serge Valène conçut l'idée d'un tableau qui rassemblerait toute son expérience : tout ce que sa mémoire avait enregistré, toutes ses passions, ses haines viendraient s'y inscrire, somme d'éléments minuscules dont le total serait sa vie. Il représentait l'immeuble parisien dans lequel il vivait depuis plus de cinquante ans. La façade en serait enlevée et l'on verrait en coupe toutes les pièces du devant, la cage de l'ascenseur, les escaliers, les portes palières. Et comme dans ces maisons de poupées dans lesquelles tout est reproduit en miniature, les carpettes, les gravures, les horloges, les bassinoires, il y aurait dans chaque pièce les gens qui y avaient vécu et les gens qui y vivaient encore et tous les détails de leur vie, leurs chats, leurs bouillottes, leur histoire ».

Georges Perec, La Vie mode d'emploi, Hachette/P.O.L, 1978.

Lundi 26 mars à 20 h 30 : PENSER/CLASSER de Georges Perec

Lecture d'extraits de Penser/Classer et de Espèces d'espaces et de La Boutique obscure par Emmanuel Salinger

« J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables,enracinés;des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l'arbre que j'aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts... De tels lieux n'existent pas, et c'est parce qu'ils n'existent pas que l'espace devient question, cesse d'être évidence, cesse d'être incorporé, cesse d'être approprié. L'espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner; il n'est jamais à moi, il ne m'est jamais donné, il faut que j'en fasse la conquête.»

Georges Perec, Espèces d'espaces, Galilée, coll. « L'espace critique  », 1974.

Mardi 27 mars à 20 h 30 : JE SUIS NÉ de Georges Perec

Lecture d'extraits de Je suis né, de Ellis lsland.de W ou souvenir d'enfance par Laurence Maliash

LA DISPARITION de Georges Perec

Lecture d'extraits de La Disparition et de La Ligne générale par Nada Strancar

Mercredi 28 mars à 20 h 30 : Une installation sonore et visuelle dans les foyers de l'auditorium accompagnera ce cycle.

« Je ne sais pas précisément ce que c'est qu'être juif, ce que ça me fait que d'être juif. C'est une évidence, si l'on veut, mais une évidence médiocre, une marque, mais une marque qui ne me rattache à rien de précis, à rien de concret : ce n'est pas un signe d'appartenance, ce n'est pas lié à une croyance, à une religion, à une pratique, à une culture, à un folklore, à une histoire, à un destin, à une langue. Ce serait plutôt une absence, une question, une mise en question, un flottement, une inquiétude : une certitude inquiète derrière laquelle se profile une autre certitude, abstraite, lourde, insupportable : celle d'avoir été désigné comme juif, et, parce que juif, victime, et de ne devoir la vie qu'au hasard et qu'à l'exil. »

Georges Perec.Je suis né, Éditions du Seuil, coll. « La librairie du xx' siècle », 1990, p. 99.

« L'ambition du Scr/pfor, son propos, disons son souci, son souci constant, fut d'abord d'aboutir à un produit aussi original qu'instructif, à un produit qui aurait, qui pourrait avoir un pouvoir stimulant sur la construction, la narration, l'affabulation, l'action, disons d'un mot, sur la façon du roman d'aujourd'hui. Alors qu'il avait surtout, jusqu'alors, discouru sur sa situation, son moi, son autour social, son adaptation ou son inadaptation, son goût pour la consommation allant,avait-on dit, jusqu'à la chosification, il voulut, s'inspirant d'un support doctrinal au goût du jour, qui affirmait l'absolu primat du signifiant, approfondir l'outil qu'il avait à sa disposition, outil qu'il utilisait jusqu'alors sans trop souffrir non pas tant qu'il voulût amoindrir la contradiction frappant la scription, ni qu'il ignorât tout à fait, mais plutôt qu'il croyait pouvoir s'accomplir au mitan d'un acquis normatif admis par la plupart, acquis qui, pour lui, constituait alors, non un poids mort,on un carcan inhibant, mais, grosso modo, un support stimulant.»

Georges Perec, La Disparition, Post-scriptum, Paris, Denoël, 1969.