Revue
Nouvelle parution
Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, XXXI-4 : Henri III, la rhétorique et l'Académie du Palais

Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, XXXI-4 : Henri III, la rhétorique et l'Académie du Palais

Publié le par Florian Pennanech (Source : Claude La Charité)

Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, XXXI-4, juillet 2009 : Henri III, la rhétorique et l'Académie du Palais

Sous la direction de Claude La Charité

113 p.

ISSN : 0034-429X


Présentation de l'éditeur :

Si Louis XV était considéré comme le roi bien aimé, Henri III, le dernier des Valois à régner sur la France de 1574 à 1589, aurait mérité à coup sûr le surnom de roi « bien disant », tant, malgré les vicissitudes de son règne, il se montra toujours attaché à l'idéal humaniste de la toute-puissance de la parole éloquente, même au plus fort des guerres civiles qui atteignirent leur apogée sous son règne. À une époque, la nôtre, marquée par la résurgence de la violence politique et, corollairement, par le recul de l'éloquence publique, le cas de Henri III est riche d'enseignements.
C'est pour mieux comprendre les splendeurs et les misères de cet idéal de la toute-puissance de la parole éloquente que les cinq chercheurs de ce dossier, Claude La Charité, John Nassichuk, François Rouget, Roxanne Roy et Luc Vaillancourt, ont uni leur savoir et leur expertise pour éclairer différentes facettes de la rhétorique de Henri III, notamment à l'Académie du Palais, depuis les trois traités de rhétorique écrits son usage jusqu'aux lettres du roi, en passant par la formation oratoire de Marguerite de Valois. Ce projet est issu en partie de la séance « Henri III rhéteur » du XVIe congrès international de l'International Society for the History of Rhetoric, tenu à Strasbourg en juilllet 2007, et de la séance « Henri III et la rhétorique » organisé dans le cadre du colloque annuel de la Société canadienne d'études de la Renaissance, à Vancouver, en juin 2008.
Le présent dossier aborde donc un tout nouveau territoire de recherche laissé à ce jour en friche aussi bien par les historiens du littéraire que du politique : Henri III et la rhétorique. Dans une perspective résolument interdisciplinaire, à la croisée de l'histoire de la littérature, de la rhétorique, de la pédagogie, des institutions et des représentations politiques et littéraires, les cinq articles publiés ici constituent autant d'invitations à s'engager encore plus avant dans les nouvelles avenues ouvertes par l'histoire de la rhétorique et le renouveau des études sur Henri III.
Bien évidemment, pour ce faire, il faudra non seulement réunir, établir, annoter, mais également étudier, analyser et interpréter l'ensemble du corpus qui permet de prendre la mesure de l'idéal de la toute-puissance de la parole éloquente, défendu et parfois incarné par Henri III, à savoir : 1) les trois traités de rhétorique à l'usage du monarque; 2) l'ensemble des discours et des harangues, conservés, de Henri III; 3) les traductions de ces harangues lorsqu'elles existent; 4) un choix de lettres politiques et familières; 5) les témoignages sur l'éloquence de Henri III dans les différents contextes où elle s'est manifestée.
Il est temps de saisir enfin dans sa totalité ce phénomène divers et ondoyant, multiple dans ses manifestations comme le relève Du Perron dans son discours inaugural, lorsqu'il définit le champ d'application de la rhétorique à l'usage de Henri III et de sa noblesse :
« Il y a, comme nous avons dit, les harangues et oraisons publiques, dont les Gentils-hommes un peu advancez en la cognoissance des affaires, se peuvent mesler; […] il y a les propos communs, soit avec ceux de nostre sexe, soit avec les honnestes femmes; il y a les discours par escrit, il y a les lettres familieres à nos amis. »
C'est à cette condition, et à cette condition seulement, que nous pourrons prendre la pleine mesure de cette éloquence royale marquée au coin de l'humanisme de la Renaissance.