Questions de société
Remplacement des enseignants: recours aux précaires non qualifiés (dossier màj 28/11/09)

Remplacement des enseignants: recours aux précaires non qualifiés (dossier màj 28/11/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Ci-dessous:

- Remplacer les professeurs : des compétences avérées, par l'interim ? (Actualitté - 27/11/09)

- Éducation: des syndicats dénoncent le recours aux "précaires" pour les remplacements (Dépêche AFP 26/11/09)

- Courrier de Jean-Michel Blanquer, Recteur de l'Académie de Créteil du 18 novembre 2009 

- Enseignantsabsents : débordé, le recteur de Créteil "fait les fonds de tiroir" -par Louise Fessard (Mediapart, 28/11/09)

Sur le site Actualitté:

Remplacer les professeurs : des compétences avérées, par l'interim ?

http://www.actualitte.com/actualite/15288-remplacer-professeurs-competences-averees-interim.htm

Rédigé par Victor de Sepausy, le vendredi 27 novembre 2009 à 20h02

À Créteil, on a la solution : mettre des gens aux « compétences avérées »à la place des professeurs absents. Attention, que l'on ne fasse pasdire au recteur ce qu'il n'a pas dit : il ne prétend pas que lesprofesseurs absents sont des incompétents, du tout ! Simplement, quebon, les absents ont toujours tort et que pour les remplacer, ilsuffirait d'une personne titulaire d'une licence, ou ayant descompétences avérées.

Cequi fera hurler tout le monde. Parce que pour recteur qu'il est, lebonhomme a oublié de tourner sa langue dans sa circulaire avant de lafaire tourner au sein de son administration. Parce que désormais, leconcours de professeur de collège ou lycée se passera avec un niveauMaster 2, et que la licence, c'est un bac+3. Donc on peut recruter avecdes compétences inférieures aux exigences du concours CAPES...

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Dépêche AFP du Jeudi 26 novembre 2009:

Éducation: des syndicats dénoncent le recours aux "précaires" pour les remplacements

Plusieurs organisations syndicales et de parents d'élèves ont dénoncéjeudi dans un appel unitaire les "conditions inacceptables" danslesquelles se déroulent, selon elles, les remplacements dans lesétablissements scolaires de l'académie de Créteil.

Dansleur appel, les organisations signataires, parmi lesquelles laCGT-Educ'action, SUD-Education, SE-Unsa et la FCPE, déplorent "lemanque de personnels formés et titulaires" et le recours récurrent àdes "précaires" dans les établissements du 1er et du 2nd degré del'académie.

"Les titulaires sur zones deremplacement (TZR) sont de moins en moins utilisés comme remplaçantsmais comblent souvent des postes vacants à l'année. Conséquence: cesont plus 2.500 enseignants non-titulaires qui font office deremplaçants", estiment les organisations.

"L'Educationnationale ne se donne pas les moyens pour que les remplacements soientassurés correctement", en concluent-elles, en demandant "le recrutementde personnels titulaires avec un statut de fonctionnaires d'Etat".

Contactépar l'AFP, le rectorat de Créteil a estimé pour sa part que lesremplacements faisaient l'objet depuis la rentrée 2009 d'une"mobilisation importante et générale".

"Cetteannée, le taux de remplacement s'est amélioré de trois points parrapport à l'année dernière, pour atteindre 96%", a souligné LaurentPetrynka, directeur de cabinet du rectorat.

"Nousaccordons une importance cruciale à la qualité de nos enseignantscontractuels, qui sont systématiquement recrutés au niveau bac +3 dansla discipline qu'ils doivent enseigner", a-t-il ajouté.

L'académiede Créteil, qui regroupe trois départements (Val-de-Marne,Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne), accueille près de 950.000 élèveset étudiants et quelque 60.000 enseignants du secteur public. E

Courrier de Jean-Michel Blanquer, Recteur de l'Académie de Créteil du 18 novembre 2009 

Texte extrait du pdf à télécharger (document joint) au bas de cette page.

Créteil, le 18 novembre 2009
Le Recteur de l'Académie de Créteil


à

Mesdames et Messieurs les chefs d'établissement
s/c de Messieurs les inspecteurs d'académie,  directeurs des services départementaux de l'éducation nationale de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.


Objet : amélioration des pratiques liées au remplacement

Le remplacement des enseignants est une priorité de notre action. Son efficacité est en progrès constant, le taux de remplacement ayant progressé de 3 points entre 2007 et 2008. Vous avez pu toutefois être confrontés à des difficultés liées au remplacement d'un de vos enseignants ou au fait qu'un BMP de votre établissement soit resté vacant.

Bien que mes services alimentent en permanence un vivier d'enseignants « recrutables », ce dernier ne suffit pas toujours à résoudre la totalité des problématiques rencontrées.

Aussi, dans le souci de rendre plus efficient le remplacement, j'attire à nouveau votre attention sur le fait que votre contribution à la constitution de ce vivier est nécessaire. Vous avez peut-être dans votre entourage personnel ou parmi votre population de vie scolaire, des étudiants ou des personnes titulaires au minimum d'une licence ou ayant des compétences avérées qui pourraient venir valablement alimenter le vivier de contractuels ou de vacataires. 

Mes services veilleront à ce que ces candidats soient accompagnés au mieux dans leur démarche tant au niveau de la prise de poste que de la rémunération. Cette dernière pourra, selon les circonstances, être adaptée en fonction de la difficulté du poste à  pourvoir ou de son éloignement. 

J'ai également décidé qu'en cas d'urgence, vous pourriez installer immédiatement la personne que vous aurez choisie, la validation par les inspecteurs venant ultérieurement. 

Je vous remercie de faire parvenir les CV et lettre de motivations de ces personnes, à l'attention de Mme Patricia LAURENT, chef de service DPE2, par voie électronique (ce.dpe2@ac-creteil.fr) ou postale.

Je vous invite également à repérer sur le district, des enseignants volontaires pour effectuer des HSA ou HSE dans un établissement de votre secteur et à me les faire connaître. Cette population  ainsi repérée pourrait parfois être  sollicitée  pour aider à résoudre certaines situations (petits BMP à l'année ou suppléance de moyenne durée).


Les familles ont parfois l'impression qu'aucune prise en charge des élèves n'est assurée, notamment dans le cas où une absence de courte durée, répétitive, devient de fait de moyenne ou longue durée. 

Je souhaiterais donc attirer votre attention sur l'intérêt de prévoir dès le début de l'absence et quelle que soit sa durée une prise en charge éducative des élèves sur un temps qui n'est pas nécessairement la séquence de cours mais qui doit être élargi à la journée, à la semaine, à l'année scolaire : appel à des assistants d'éducation qui, comme leur nom l'indique, n'ont pas une simple mission de surveillance, rattrapage des cours par le professeur absent ou par un collègue rémunéré et volontaire, prise en compte des heures non assurées dans le cadre de l'accompagnement éducatif, ateliers informatiques, organisation du CDI, etc.….

Je ne verrais que des avantages à ce que ces réponses soient largement diffusées auprès des familles. 

Je sais pouvoir compter sur vos actions dans l'intérêt des élèves, et vous assure de l'engagement des services académiques pour vous aider à résoudre au mieux toutes les difficultés.

Le Recteur de l'Académie de Créteil

Jean-Michel Blanquer

Enseignantsabsents : débordé, le recteur de Créteil « fait les fonds de tiroir » -par Louise Fessard, Mediapart, 28 novembre 2009

Enfévrier 2008, le rectorat de l'académie de Créteil avait, faute deremplaçants, battu le rappel des enseignants retraités. Cette fois,dans une circulaire en date du 18 novembre 2009, le recteur del'académie de Créteil, Jean-Michel Blanquer, demande aux chefsd'établissement de rechercher « dans [leur] entourage personnel ouparmi [leur] population de vie scolaire, des étudiants ou des personnestitulaires au minimum d'une licence ou ayant des compétences avéréesqui pourraient venir valablement alimenter le vivier de contractuels oude vacataires ».

Il précise « qu'en cas d'urgence, vous [pourrez] installerimmédiatement la personne que vous aurez choisie, la validation par lesinspecteurs venant ultérieurement ». Ultime cri de détresse, les assistants d'éducations, les anciens « surveillants » qui ont une mission de surveillance et d'encadrement, sont même mentionnés pour assurer une éventuelle « prise en charge éducative ».

« Le rectorat fait les fonds de tiroir : les étudiants, les sans diplômes... »,résume Dominique Di Ponio, secrétaire départemental du Se-Unsa deSeine-Saint-Denis. Une fois tous leurs enseignants remplaçants placés,les rectorats puisent habituellement dans un vivier de contractuels,appelés ponctuellement en renfort sur des missions de courte durée.Mais ces missions de contractuels, payées au lance-pierre et sansformation, attirent de moins en moins d'étudiants diplômés de licence.D'où l'appel pressant du rectorat de Créteil, dont le vivier se tarit àvue d'oeil.

« La réaction de Jean-Michel Blanquer est légitime, dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Il fait ce qu'il peut pour faire tourner la machine éducation nationale, mais ça montre bien la défaillance de l'Etat. » Même discours du côté des chefs d'établissements. « Mieuxvaut encore demander aux établissements de regarder autour d'eux plutôtque de recruter au hasard en mettant des annonces à pôle emploi ou dansles journaux, estime Philippe Tournier, secrétaire du principal syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN. Ona supprimé 62.000 postes en quatre ans, or il n'y avait pas 62.000personnes inutiles ! On a donc supprimé tout ce qui ne se voyait pas eten particulier les remplaçants. » D'autant que, promise parl'ancien ministre de l'éducation, Xavier Darcos, l'agence deremplacement qui devait arranger les choses n'a toujours pas vu le jour.

« Une conception rétrograde du métier d'enseignant »

Pour mettre en lumière cette carence de remplaçants, la principalefédération de parents d'élèves, la FCPE, a mis en ligne à la rentrée2009 un site nommé « Ouyapacours ». Il permet aux parents de signalerles absences non remplacées. « Nous ne pouvons pas accepter qu'entemps normal des remplacements aussi prévisibles que des congésmaternités ou des congés de formation, organisés par l'institutionscolaire elle-même, ne soient plus assurés », explique Christiane Allain, secrétaire générale de la FCPE. Si, selon elle, « toutle monde s'accorde à dire que les absences non remplacées augmentent »,les premiers chiffres du site ne seront connus que fin décembre.

En Seine-Saint-Denis, les difficultés s'expliquent notamment parl'affectation des titulaires remplaçants sur des postes fixes vacants,utilisés en urgence pour ouvrir les classes nécessaires à lascolarisation de tous les enfants. « Les vrais remplaçants sont misdans des classes, devant les élèves, explique Dominique Di Ponio. Rienque dans le primaire, il manque une centaine de remplaçants sur laSeine-Saint-Denis. Les enseignants se répartissent les élèves ducollègue absent : certains se retrouvent ainsi devant quarante voirecinquante gamins ! »

Parents comme syndicats d'enseignants dénoncent la systématisation de ce genre de remplacement à la sauvette. « Onne peut pas mettre n'importe qui devant les élèves », dit ChristianeAllain. Les étudiants n'ont aucune compétence en terme de savoirspédagogiques et de prise en charge des élèves. » Alors que le débat fait également rage sur la réforme de la formation des enseignants, Christian Chevalier y voit une « conceptionextrêmement rétrograde du métier d'enseignant qui considère qu'ilsuffit de maîtriser une discipline et que le reste viendra tout seul. » Mais « gérerl'hétérogénéité d'une classe, les questions de violence et d'incivilitéqui sont le quotidien de beaucoup d'enseignants, la pédagogie, ça nes'improvise pas », rappelle-t-il.

Voir en ligne : http://www.mediapart.fr/journal/fra...