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Reliquiae : envers, revers et travers des restes

Reliquiae : envers, revers et travers des restes

Publié le par Vincent Ferré (Source : Emma Viguier, Sabyn Soulard, Jérôme Moreno)

Journée d'études LLA-Créatis

Le 7 février 2013 Université Toulouse 2 - Le Mirail

Cheveux, poils, dents, os, rognures d’ongle, sang, sperme, lait, urine, merde, salive, mais aussi reliquats de peau, de chair, d’organe sont proprement des reliques du corps en tant que « matières » qui en sont directement issues. Néanmoins, cette matérialité du corps ne doit pas occulter le fait que la relique peut être un objet ou matériau en contact avec le corps : linge, vêtement, objet personnel (archives, documents, photographies, etc.).  A ce titre, penser la relique c’est d’abord prendre en compte sa matérialité, son statut lacunaire, de fragment, de rebut. Elle est trace réelle. Elle fait présence, signe une présence et suscite une pluralité d’ancrages historiques, culturels et cultuels, n’excluant pas nombre de réappropriations relevant de corpus variés.

Traditionnellement la relique est définie comme « ce qui reste du corps des saints ». Par extension son nom est également donné aux objets ayant appartenu à un saint ou ayant été en contact avec son corps. Saintes reliques, elles sont conservées dans de précieux reliquaires ou châsses faisant généralement l’objet de cultes religieux (recueillements, dévotions, processions, pèlerinage, etc.). Ce rapport singulier à la relique ne relève pas du seul monothéisme mais s’actualise également dans d’autres pratiques cultuelles exogènes : animisme, vaudou, maraboutages, sorcellerie… Ainsi, selon une approche anthropologique, la relique, quel que soit son contexte d’inscription, s’apparente à des pratiques magiques  relevant d’une « efficacité symbolique » au sens large, qu’il semble pertinent d’interroger.

La relique, c’est ainsi « ce qui reste » : reste d’un corps ou reste d’une existence collecté, préservé, transfiguré, activé, sacralisé.  Cet Erdenrest (Goethe), que le corps laisse après lui, est un retour (ou survivance) dans le présent autour du vide de l’absence : « La relique est ce qui, du mort, est conservé pour garantir, au nom de la réalité, qu’il ne reviendra pas » (Pierre Fédida, L’absence, Paris, Gallimard, coll. Folio/Essais, 1978, p. 75.). En ce sens, la relique cristallise la palpitation du vivant dans l’évanouissement ou la disparition du corps. Elle se révèle donc indissociable du travail du deuil dans lequel elle défie l’insupportable mort en cherchant à saisir, retenir quelque chose, ne serait-ce que quelques bribes, supports de processus mémoriels, projectifs et imaginaires.

A la fois fragile et puissante, belle et répugnante, la relique excite la foi, dégoûte, attire, soutient, protège, guérit, envoûte, incarne, sublime, anime les coeurs et les esprits, mais aussi inspire les artistes. De ce fait, la relique fait également l’objet de questionnements artistiques et esthétiques quant à sa matérialité, son élaboration, sa ritualisation, sa scénographie, sa conservation et sa réception.

A vocation résolument transdisciplinaire, cette journée d’études propose ainsi d’explorer plusieurs axes :

-       Matérialité, plasticité de la relique

-       Rapport contenant/contenu selon une pluralité de dispositifs (tous champs disciplinaires concernés)

-       Ritualisation et/ou activation de la relique (pouvoirs magiques)

-       Théologie et anthropologie de la relique

-       Relique, Ex-Voto, Talisman, Fétiche : quelles occurrences et quelles divergences ?

-       La relique sous l’angle psychanalytique et/ou thérapeutique

-       La relique comme « fantasme de la survivance » ou fiction d’une reconstitution

-       La relique dans les arts contemporains : quelles appropriations ? quelles réactualisations ? quels ancrages (ou « dés-ancrages ») matériels, culturels, cultuels, symboliques ?

-       La muséographie face à la sanctification : les oeuvres comme reliques (paradoxes qui en résultent : leur décontextualisation et/ou leur dévitalisation, leur « auratisation », l’éventuel processus  « muséophagique »)

-       La dialectique de la fascination/répulsion et de l’adoration/dégoût : pour une esthétique de la relique ?

Propositions :

Les propositions de communication (une page maximum) accompagnées d’une brève bio-bibliographie sont à envoyer avant le 15 décembre par courriel à Emma Viguier (emma.viguier@wanadoo.fr), Sabyn Soulard (sabyn.soulard@wanadoo.fr) et Jérôme Moreno (jerome.moreno@wanadoo.fr). Réponse dès le 20 décembre.