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Regards croisés sur les brouillons d’écrivains pour la jeunesse : de la génétique à la didactique (Mâcon)

Regards croisés sur les brouillons d’écrivains pour la jeunesse : de la génétique à la didactique (Mâcon)

Publié le par Marc Escola (Source : Christine Collière-Whiteside)

« Regards croisés sur les brouillons d’écrivains pour la jeunesse :

de la génétique à la didactique »

Appel à communications

Journée d’étude – 27 mai 2016

Mâcon

Langues de communication acceptées : français, anglais

Date limite de renvoi des propositions : 30 novembre 2015

Journée d’étude organisée par le Laboratoire Centre Pluridisciplinaire Textes et Culture (EA 4178) et le Centre Interlangues – Texte, Image, Langage (EA 4182) de l’Université de Bourgogne Franche-Comté, avec le soutien du Pôle Recherche de l’ESPE de Bourgogne.

 

Depuis ses débuts dans les années 70, autour des travaux de Louis Hay, la génétique textuelle n’a cessé de s’étendre : elle s’est intéressée tant à la littérature, son champ premier, qu’à la philosophie, à la linguistique, aux sciences[1] ; et dans le même temps, elle a multiplié ses objets d’étude : les textes, l’architecture[2], la musique[3] ou tout récemment les genres oraux[4], les arts visuels[5] (photographie et cinéma). Si la génétique textuelle a commencé à s’intéresser à des genres dits mineurs, comme la littérature policière[6], la littérature de jeunesse, quant à elle, objet d’étude encore récent en recherche en littérature ou dans l’écriture de l’histoire littéraire, en demeure encore absente. Serait-ce faute de brouillons, d’avant-textes disponibles ? Nous savons, néanmoins, que des fonds, français et anglais, existent, notamment :

- les archives Babar (Jean de Brunhoff) à la BNF, qui ont donné lieu à une exposition en 2011[7], et à The Morgan Library & Museum[8] ;

- les archives d’Agnès Rosenstiehl à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) ;

- les archives Hetzel à l’IMEC ;

- différents fonds à Seven Stories, National Centre for Children’s Books, Newcastle upon Tyne, Angleterre : Judith Kerr, Enid Blyton, Philip Pullman, Diana Wynne Jones, etc. ;

- les archives Roald Dahl au Roald Dahl Museum and Story Centre, Angleterre.

Des auteurs de littérature pour la jeunesse ont tenté également de rendre accessibles la « fabrique de leur œuvre », « leur caisse à outils » (Philippe Barbeau), comme Mario Ramos[9]. Faut-il voir dans ce geste une façon de revendiquer leur appartenance à la Littérature, en montrant le travail réalisé, qui dès lors pourrait devenir accessible à des généticiens ? Ou simplement la volonté de partager, en particulier avec un jeune public, l’œuvre dans sa totalité ? Autre hypothèse : serait-ce la volonté de répondre à un effet de mode, celui de gommer les frontières entre le produit fini et ses différents possibles qui, parce qu’ils sont diffusés, en arrivent à faire partie de l’œuvre malgré tout, à la manière des making-of des œuvres cinématographiques ?

Pourquoi retenir les brouillons d’écrivains pour la jeunesse ?

Cet objet, encore peu étudié en génétique textuelle, pose des questions spécifiques : dans le champ de l’édition jeunesse, et particulièrement pour les albums, plusieurs cas de figure existent dans l’élaboration du texte et de l’image. Certains sont auteurs et illustrateurs de leurs propres œuvres ou de celles d’autrui ; d’autres confient l’illustration à un artiste, une fois le texte achevé, ou en cours d’écriture. Toutes ces configurations sont autant de pistes prometteuses. Ce qui fait encore l’intérêt des genèses en littérature de jeunesse, c’est la spécificité de son public premier : à quel moment l’auteur se soucie-t-il de son jeune lecteur ? Le parcours de l’œuvre en est-il infléchi ?

Par ailleurs, c’est un médium remarquable en didactique de la lecture et de l’écriture, aussi bien en langue maternelle qu’en langues étrangères, pour développer une posture d’auteur chez les apprenants. C’est le constat que nous avons pu faire lors d’un séminaire d’initiation à la recherche mené en Master 2 MEEF[10] auquel cette journée d’étude fait suite : étudier des brouillons d’écrivains, et en particulier des brouillons d’écrivains pour la jeunesse, au sein d’une classe permet de repenser la question de la réécriture et le statut du brouillon dans le processus d’écriture créatrice. Cette approche s’inscrit dans le prolongement des travaux du Groupe EVA[11] que nous nous proposons de poursuivre en les orientant vers la littérature de jeunesse ; littérature qui a pour avantage de proposer des brouillons abordables par des débutants en langue. Si le fait de montrer une page de Flaubert à des élèves de cycle 3 a un impact incontestable, nous l’avons vérifié, leur faire étudier quelques brouillons d’un auteur comme Mario Ramos, que ces mêmes élèves peuvent lire, parce qu’il leur est accessible, contribue à changer davantage encore leur conception de l’écrit et leur rapport à celui-ci. Ces brouillons d’écrivains sont susceptibles, en effet, de faire comprendre aux élèves/étudiants ce que recèle le processus d’écriture, de leur faire prendre conscience que l’acte d’écrire ne relève pas d’une magique inspiration ou du (seul) génie, mais bien d’un travail attentif et lent, qui demande une inscription dans le temps, une maturation. Une telle entrée en matière permet d’amener les élèves/étudiants à penser différemment leurs propres brouillons, en leur accordant toute l’attention qu’ils méritent et surtout à désacraliser l’écriture pour en faire une pratique du quotidien, qui stimule les essais et les erreurs au lieu de les stigmatiser. Dans le même temps, l’étude des brouillons d’écrivains peut contribuer à modifier le discours de l’enseignant sur l’erreur et son regard sur les compétences de ses élèves/étudiants en matière de production d’écrit. Les enjeux didactiques de ce sujet sont les suivants : comment placer les élèves/étudiants, quand ils écrivent, dans une véritable posture d’auteurs ? Comment penser la réécriture comme véritable situation d’apprentissage de l’acte d’écrire plutôt que comme la réponse à une normativité imposée ?

Enfin, on s’interrogera avec profit sur la place de l’intime (celui de l’atelier de l’écrivain ou de l’auteur-illustrateur) et celle de la contrainte (qu’elle relève d’un genre et d’un public particuliers ou d’une politique éditoriale) dans les genèses littéraires, mais aussi sur la place du chercheur, ou de l’enseignant, lorsqu’il s’invite dans cet espace intime de l’écriture et de l’apprentissage (de soi, de l’écriture, de la langue), que ce soit celui de l’élève, de l’étudiant, ou de l’écrivain.

Cette journée d’étude a pour vocation de faire se rencontrer des spécialistes en génétique textuelle et en didactique de l’écriture autour d’un même objet d’étude : les brouillons d’écrivains pour la jeunesse. Nous invitons les chercheurs à s’orienter vers l’une des deux approches suivantes, non exclusives l’une de l’autre :

- une approche littéraire et génétique : quels brouillons les écrivains pour la jeunesse nous ont-ils laissés, comment ces corpus encore peu explorés peuvent-ils être exploités, ces genèses-là ont-elles une spécificité par rapport à d’autres ?

- une approche didactique : quelle utilisation peut-on faire en classe de ces brouillons, que ce soit en langue maternelle dans l’apprentissage de l’écrit (du primaire, par exemple) ou en cours de langue vivante (à l’université, par exemple). Les didactiques de toutes les langues sont les bienvenues.

Les propositions de communication (300-500 mots) sont à envoyer, accompagnées d’un bref CV (dont établissement de rattachement), avant le 30 novembre 2015, à karine.meshoub@u-bourgogne.fr, christine.colliere-whiteside@u-bourgogne.fr et caroline.raulet-marcel@u-bourgogne.fr. Les textes présentés seront soumis à l’expertise du comité scientifique de lecture. Les propositions sélectionnées recevront une réponse au plus tard le 30 janvier 2016. 

Comité scientifique :

Catherine Boré (Université Cergy-Pontoise), Paloma Bravo (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Christine Collière-Whiteside (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Sylvie Crinquand (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Claire Delbard (Université Bourgogne Franche-Comté), Claire Doquet (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Daniel Ferrer (ITEM, CNRS), Almuth Grésillon (ITEM, CNRS), Marie-Odile Hidden (Université Bordeaux Montaigne), Martine Jacques (Université de Bourgogne Franche-Comté, CPTC), Olivier Lumbroso (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Karine Meshoub-Manière (Université de Bourgogne Franche-Comté), Carine Picaud (BNF), Jean-Michel Pottier (Université Champagne-Ardenne, Grei-Lije), Caroline Raulet-Marcel (Université de Bourgogne Franche-Comté, CPTC), Yves Reuter (Université de Lille 3), Catherine Rovera (Université Paris-Dauphine, ITEM ENS CNRS), Martin Salisbury (Cambridge School of Art), Catherine Tauveron (Université de Bretagne Occidentale), Sophie Van der Linden (auteur-critique).

 

 

Examining children and YA literature manuscripts:

from genetic criticism to didactics.

Call for papers

One-Day conference – May 27, 2016

Mâcon, France

Deadline for proposals : November 30, 2015.

One-day conference organised by the Centre Pluridisciplinaire Textes et Culture (EA 4178) and the Centre Interlangues – Texte, Image, Langage (EA 4182) at the Bourgogne Franche-Comté university, with the support of the research department of the ESPE de Bourgogne.

 

Since the emergence of genetic criticism in the 70’s with Louis Hay’s work, “geneticists” have never ceased to broaden its scope, from literature, their primary area of study, to philosophy, linguistics and sciences[12], and from texts, their original object of investigation, to architecture[13], music[14] or more recently oral genres[15] and visual arts[16] (photography and cinema). Although genetic criticism has begun to take an interest in so-called minor genres, such as detective novels[17], it has not yet taken up children and YA literature, a category which has only recently started to be considered as worthy of inclusion in literary history and as a valid academic topic. Is this for lack of available drafts and avant‑textes? Yet we know that French and English archives do exist, such as :

- the "Babar" (Jean de Brunhoff) archives at the Bibliothèque Nationale de France (BNF)[18] and at The Morgan Library & Museum in New York[19] ;

- the Agnès Rosenstiehl archives at the Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) in Caen ;

- the Hetzel archives at the IMEC ;

- various collections at Seven Stories, National Centre for Children’s Books, Newcastle upon Tyne,  England : Judith Kerr, Enid Blyton, Philip Pullman, Diana Wynne Jones, etc. ;

- the Roald Dahl archives at the Roald Dahl Museum and Story Centre in Great Missenden, England.

Children literature authors themselves, such as Mario Ramos on his website[20], have also opened their "toolbox", as Philippe Barbeau calls it, to the public, showing the work that goes into the writing of a children's book and potentially making those documents available for study. Is this to be interpreted as an attempt to assert the status of children literature as "proper" literature, or simply as the desire to share one's work in its entirety with one's readers, especially young ones? Or is this to be read in relation to the recent trend initiated by the inclusion of making-of documentaries with cinematic works, which has recently blurred the frontiers between finished works and all their possible states, and which, once published, eventually become part and parcel of the work itself?

Why children and YA literature genetic materials?

Still arguably little studied, these avant-textes raise specific questions. Several scenarios exist relative to the genesis of the text and pictures of children and YA books, particularly picture books: some writers are both authors and illustrators of their own works, and some also illustrate other writers' texts; some trust another artist to illustrate their finished text, others start collaborating with an illustrator as they are writing the text. All these combinations offer promising ground for research. Another interesting aspects of the genesis of children literature works is the specificity of its primary readership: at what point in the writing process does the author start taking his young reader into account? Does this affect the genesis of the work?

Moreover, such documents are a wonderful tool to teach reading and writing, both in mother tongue and second language, as it enables the learner to develop his own posture as an author. The experiment we conducted in our "initiation to research" Master MEEF[21] seminar in 2015 showed that studying writer's drafts and especially children literature genetic documents with schoolchildren allowed one to revisit the question of rewriting and the status of working drafts within the creative process. Following in the footsteps of the "Groupe EVA[22]", we propose to apply their approach more specifically to children and YA literature, a category which offers drafts accessible to beginners in a language, whether first or second. Indeed, we saw how effective showing one of Flaubert's drafts to ten-year-olds could be, but making them analyze a few working manuscripts of Mario Ramos, an author whose picture books are appropriate for their reading level, had even more of an impact on their conception of writing and the way they related to it. Indeed those documents can reveal to learners of all ages what the writing process consists in, make them realize that writing does not arise from some sort of magical inspiration or from genius alone, but is the result of a slow, painstaking process over a period of time. From this experience, a teacher can lead the pupils/students to think differently about their own work in progress, to give it all the consideration it deserves and above all, by debunking writing, to make it an everyday practice, encouraging trials and errors rather than stigmatising them. Simultaneously, studying genetic materials can contribute to changing the teacher's perception and management of errors and their understanding of their students' writing skills. How does the teacher get the learner to adopt a author's stance? How can rewriting be thought of as a real learning situation rather than a mere exercise in compliance to imposed norms.

Finally, it might be worth studying those literary manuscripts in the light of the concept of private space (that of the writer's or the artist's workspace) and its interaction with the constraints of writing for a specific readership and publishing within specific editorial policies, as well as taking into consideration the place of the researcher or the teacher who breaks into the private space of literary and artistic creation or the privacy of the learning mind, be it learning a language, learning about oneself or about writing.

The aim of this one-day conference is to gather geneticists and specialists of the didactics of writing around a common object of study: children and YA literature genetic materials. We invite papers following one or both of the following approaches:

-a genetic criticism approach, concerned with the genesis of literary works: what kind of genetic records have children and YA literature authors left us, how can those materials be studied, is the genetic process of such works different from other types of writing?

-a didactic approach: how can those documents be used in the classroom, whether to teach writing in the mother tongue, for instance at primary school, or in second language teaching (any language), for instance at university.

Please submit 300-500 word proposals by November 30th, 2015, to karine.meshoub@u-bourgogne.fr, christine.colliere-whiteside@u-bourgogne.fr and caroline.raulet-marcel@u-bourgogne.fr, with a brief scholarly biography and your academic affiliation. You will notified by January 30, 2016 of the decision of the scientific committee. We welcome papers in French and English.

Scientific committee :

Catherine Boré (Université Cergy-Pontoise), Paloma Bravo (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Christine Collière-Whiteside (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Sylvie Crinquand (Université Bourgogne Franche-Comté, TIL), Claire Delbard (Université Bourgogne Franche-Comté), Claire Doquet (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Daniel Ferrer (ITEM, CNRS), Almuth Grésillon (ITEM, CNRS), Marie-Odile Hidden (Université Bordeaux Montaigne), Martine Jacques (Université de Bourgogne Franche-Comté, CPTC), Olivier Lumbroso (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Karine Meshoub-Manière (Université de Bourgogne Franche-Comté), Carine Picaud (BNF), Jean-Michel Pottier (Université Champagne-Ardenne, Grei-Lije), Caroline Raulet-Marcel (Université de Bourgogne Franche-Comté, CPTC), Yves Reuter (Université de Lille 3), Catherine Rovera (Université Paris-Dauphine, ITEM ENS CNRS), Martin Salisbury (Cambridge School of Art), Catherine Tauveron (Université de Bretagne Occidentale), Sophie Van der Linden (auteur-critique).

 

 

[1] Genesis, n°20, « Ecriture scientifique », dir. Anouk Barberousse et Laurent Pinon, 2003.

[2] Genesis, n°14, « Architecture », dir. Pierre-Marc de Biasi et Réjean Legault, 2000.

[3] Genesis, n°31, « Composer », dir. Nicolas Donin, 2010; Genesis, n°4, « Ecritures musicales aujourd’hui », 1993.

[4] Genesis, n°39, « Avant-dire. La genèse écrite des genres oraux », dir. Gilles Philippe, 2014.

[5] Genesis, n° 40, « Photo-graphies », dir. Monique Sicard, 2015.

[6] Recto/Verso, n°4, « Mauvais genres », janvier 2009.

[7] Exposition BNF du 13 décembre 2011 au 29 janvier 2012 : La fabrique de Babar, dont un catalogue a été publié sous le titre Les histoires de Babar (Dorothée Charles, dir.), Paris : Les Arts décoratifs : Bibliothèque nationale de France, 2011.

[8] Christine Nelson, Drawing Babar : Early Drafts and Watercolors, New York, The Morgan Library & Museum, 2008.

[9] http://www.marioramos.be/

[10] Master Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation.

[11] Groupe EVA, De l'évaluation à la réécriture. Réécrire au cycle 3, Hachette Education, 1996.

[12] Genesis, n°20, « Ecriture scientifique », dir. Anouk Barberousse et Laurent Pinon, 2003.

[13] Genesis, n°14, « Architecture », dir. Pierre-Marc de Biasi et Réjean Legault, 2000.

[14] Genesis, n°31, « Composer », dir. Nicolas Donin, 2010; Genesis, n°4, « Ecritures musicales aujourd’hui », 1993.

[15] Genesis, n°39, « Avant-dire. La genèse écrite des genres oraux », dir. Gilles Philippe, 2014.

[16] Genesis, n° 40, « Photo-graphies », dir. Monique Sicard, 2015.

[17] Recto/Verso, n°4, « Mauvais genres », janvier 2009.

[18] Exposition BNF du 13 décembre 2011 au 29 janvier 2012 : La fabrique de Babar, dont un catalogue a été publié sous le titre Les histoires de Babar (Dorothée Charles, dir.), Paris : Les Arts décoratifs : Bibliothèque nationale de France, 2011.

[19] Christine Nelson, Drawing Babar : Early Drafts and Watercolors, New York, The Morgan Library & Museum, 2008.

[20] http://www.marioramos.be/

[21] Master Métiers de l’Enseignement, de l’Education et de la Formation.

[22] Groupe EVA, De l'évaluation à la réécriture. Réécrire au cycle 3, Hachette Education, 1996.