Actualité
Appels à contributions
Regards contemporains sur le Fantastique : Écosse et Irlande (revue Otrante)

Regards contemporains sur le Fantastique : Écosse et Irlande (revue Otrante)

Publié le par Marc Escola (Source : Camille Manfredi)

Regards contemporains sur le Fantastique : Ecosse et Irlande

Otrante

Revue en français à comité de lecture

Appel à contributions

 

L’Ecosse et l’Irlande sont des terrains fertiles en matière de recherche en littérature fantastique. Depuis le XIXè siècle, les deux nations ont en effet produit certains des textes fantastiques, contes féériques et autres ghost stories les plus commentés de la littérature britannique.  Les années 1990 et 2000 en particulier ont vu la publication de nombreux ouvrages et articles consacrés aux particularismes des fantastiques écossais et irlandais.

En Ecosse, dans Scottish Fantasy Literature : A Critival Survey (1994) Colin Manlove s’attache à cartographier les spécificités du fantastique écossais. Face à la vogue du réalisme social, littérature fantastique et gothique urbain autorisent l’exploration de problématiques identitaires dans un contexte marqué par une répression qui se décline dans les champs politique et psycho-affectif. L’émanation du surnaturel (le seul marqueur fantastique avancé par Manlove) nourrit ainsi le commentaire socio-politique issu du schéma de la ‘Caledonian antisyzygy’ avancé par G. Gregory Smith en 1919 et depuis largement critiqué. Polyphonies narratives, dis-locations, textes schizoïdes et confrontations entre presbytérianisme et rationalité des Lumières sont alors relus sous un angle postcolonial dont il s’agira ici de discuter les limites.

En Irlande le fantastique, la plupart du temps décliné dans des motifs gothiques, se présente comme le mode privilégié de l’expression des rapports de L’Irlande à son histoire. La spectralité, le passé qui refuse de se laisser enterrer, expriment une ambivalence face à l’instrumentalisation de l’histoire aux fins de légitimation coloniale, puis nationale. En tant qu’approche critique, l’étude de thèmes fantastiques ou gothiques irlandais a ceci d’intéressant qu’ils transcendent les époques et les positions politiques, de Sheridan Le Fanu à la poésie nord-irlandaise contemporaine de Sinéad Morrissey, en passant par la parodie d’histoire de fantômes dans The Playboy of the Western World ou les corps des tourbières de Seamus Heaney.

David Punter, dans son article ‘Scottish and Irish Gothic’ (2006), inscrit le gothique dans l’expression d’une alternative historique – le ‘what if ?’ qu’il évoque dans son analyse – qui autoriserait le rêve de souveraineté et le déploiement d’une voix narrative non plus subalterne mais en capacité de réviser, voire corriger l’histoire. Les fantastiques irlandais et écossais témoigneraient alors d’une résistance, d’une persistance de l’identité nationale sous les siècles d’histoire commune de la Grande Bretagne.

Les deux nations sont toutefois au début du XXIè siècle aux prises avec des problématiques bien différentes qui mettent en garde contre les amalgames : en Ecosse, la montée d’un nationalisme de gauche et la perspective d’une indépendance politique seront susceptibles de rendre caduque le fantastique tel qu’il est théorisé par Manlove ; en Irlande, l’histoire récente est celle d’une expansion économique sans précédent qui s’achève dans la crise de 2008 dont l’Irlande peine encore à se relever. On peut se demander dans quelle mesure les schèmes gothiques pourraient exprimer l’inquiétude face au développement économique non maîtrisé, et la face obscure, en particulier sociale et environnementale, de la prospérité.

Enfin, à l’heure de la mondialisation, les deux littératures seront mises en regard pour réévaluer leurs points de divergence et de croisement et interroger le maintien de leurs spécificités face au marché mondialisé du livre et la montée en puissance du genre fiction. On pourra ainsi se pencher sur la notion de ‘fantastique globalisé’ déployant désormais des argumentations non liées à l’identité nationale et utilisant les motifs du genre pour adresser des problèmes communautaires universels.

L’ouvrage accueillera tout particulièrement les contributions portant sur les points suivants :

  • Le fantastique en Irlande et en Ecosse : perspectives croisées
  • Paradigmes fantastiques chez les auteurs classiques écossais (Walter Scott, James Hogg, R. L. Stevenson, Thomas Carlyle, George MacDonald…) et irlandais (Bram Stoker, Charles Maturin, Sheridan Le Fanu)
  • Thèmes et motifs fantastiques chez des auteurs contemporains écossais (Neil Gunn, Alasdair Gray, Elspeth Barker, Iain Banks, Janice Galloway, Ken MacLeod…) et irlandais (Dermot Bolger, John Banville, Eoin McNamee…)
  • Continuités et discontinuités des fantastiques irlandais et écossais
  • Validité, invalidité de l’approche postcoloniale
  • Fantastique et questions environnementales
  • Urbanité, ruralité fantastiques
  • Fantastique et mondialisation
  • Fantastique et gothique diasporiques
  • Place du fantastique dans le genre fiction
  • Le fantastique dans les arts visuels et la performance : peinture, cinéma (voir par exemple Under the Skin, 2013), BD…

Les propositions accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique devront être expédiées avant le 31 mai 2014. Dès réponse du comité scientifique (début juin), les contributions devront être remises au plus tard le 30 novembre 2014.

Contacts :

Catherine Conan (Irlande): catherine.conan@univ-brest.fr

Camille Manfredi (Ecosse): camille.manfredi@univ-brest.fr