France Culture, 22h15-23h30, vendredi 13 mars 2009:
Reconnaissances à Agostino John Sinadino
Par Matthieu Bénézet
Réalisation : Anne Franchini
A propos de la publication de « Le Poète sans visage, sur les traces du symboliste Agostino John Sinadino », par Paul-André Claudel (PUPS éditions)
Qui connaît l'oeuvre ou la personne de Agostino John Sinadino (1876-1956), car c'est ainsi qu'il signa des plaquettes plutôt que des livres, lève (et je suis sérieux) la main ! Notre homme, notre poète naquit au Caire et mourut à Milan, entre temps, il vécut en France et aux Etats-Unis. On pourrait dire de Sinadino qu'il organisa systématiquement sa disparition littéraire. Sa mise à l'écart. Il écrivit tantôt en français tantôt en italien, mais Sinadino n'est en rien un auteur « pittoresque ». En effet, son oeuvre, Maurice Blanchot eût en l'occurrence parlé de désoeuvrement, fut élaborée à l'ombre d'une modernité, au contact d'écrivains de premier plan, tels que Gide, Marinetti ou Valéry qui le préfaça. Nous sommes face à une désertion de la littérature savamment concoctée : oeuvre au secret, oeuvre inclassable qui illustre de façon exemplaire une tradition moderne. Sans doute n'est-il pas le seul à se situer dans les angles morts de la littérature, mais Sinadino, par ses ambigüités mêmes, nous désigne un lieu de la création indispensable à notre connaissance de la littérature du XXème siècle. A la fois témoin et acteur il reprend ici sa place, toute sa place. Unique.
Avec Paul-André Claudel, Pierre Vilar, Margherita Orsino-Alcacer, Claude-Michel Cluny.