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Récit Nom@de. Symposium de création et de réflexion interdisciplinaires (Montréal)

Récit Nom@de. Symposium de création et de réflexion interdisciplinaires (Montréal)

Publié le par Marc Escola (Source : Catherine-Alexandre Briand)

Récit Nom@de

Symposium de création et de réflexion interdisciplinaires

Montréal, 25-26-27 mai 2017

 

Ce symposium en recherche-création, s’adressant aux artistes et aux chercheur-e-s de toutes disciplines, se propose d’explorer les liens pouvant être établis entre l'expérience du voyage et celle de la création artistique afin de comprendre ce qui se présente comme un envers et une restauration du rapport à soi et au monde. En effet, dans ces deux types d'expérience se définit, pour le voyageur comme pour l'artiste ou l'écrivain, une nouvelle relation à soi et au monde mettant directement en jeu sa conscience, sa conception du temps et de l’espace, et plus globalement son système de valeurs.

 

L’étude de Victor W. Turner sur le phénomène du rituel ([1969] 1990) offre un point de départ à ces considérations éthiques issues des liens entre ces deux expériences. Turner reprend la notion de rites de passage d’un état à un autre avec les trois phases que Van Gennep (1909) a rendu classiques (séparation, marge/limen, agrégation), et s’attarde à dépeindre l’importance de la seconde étape, c’est-à-dire celle de la liminarité. Il exprime que cette phase, dont la valeur est la plus existentielle, correspond au moment où se vit le passage ambigu entre le détachement de l’individu par rapport à un ensemble de conditions culturelles (séparation) et le regain de sens (regrégation) surgissant après le rite. Turner soutient également que la liminarité est à la source de la communitas, une expérience collective de fraternité-sororité transcendant les différences sociales.

 

À partir du principe selon lequel ces deux expériences inscrivent une transformation de soi et du monde, il est possible d’effectuer, en regard des trois phases expliquées par Turner, les corrélations suivantes : l'expérience de la création et celle du voyage sont fondées sur un principe de retrait (en soi ou par rapport à un ensemble de conditions socioculturelles; la phase de séparation), dans leur rapport à l'altérité elles se vivent toutes deux de façon ambigües et avec une valeur existentielle (la phase liminaire, à laquelle est liée la communitas artistique ou littéraire), et chacune ouvre à un regain de sens (phase d’agrégation).

 

Ce symposium portant sur les récits nomades permettra de réfléchir aux valeurs actuelles qui mettent en jeu l’artiste et l’écrivain face à ce qu’ils comptent apporter par le biais de leur œuvre. Dans un contexte de mondialisation, d'hypermédias et d'hypermobilité, ceux-ci ne peuvent plus s’appuyer sur des balises culturelles claires, et n'ont pas le choix de déplacer leur champ de questionnements: autrefois créant en contexte relativement fermé, les créateurs ici s’ouvrent à d’autres formes de compréhension du monde et de soi qui viennent transfigurer leur posture de création. Ils s’inscrivent alors en qualité de sujets éthiques rendus responsables, par la transmission de leurs expériences à travers leurs pratiques artistiques, d’une certaine reconfiguration du sens et du sensible au sein de leur communauté. Il s'agira donc de se demander si les expériences du voyage et de la création contribueraient à un certain réenchantement de notre rapport au monde et pourraient participer à un renouvellement du vivre-ensemble en nous permettant, entres autres, de penser l’ « ailleurs » des récits culturels dominants.

 

C’est la méthode A/R/Tographique, telle que développée par Rita Irwin, qui viendra articuler les différentes dimensions de ce symposium proposant un décloisonnement des disciplines et des pratiques. L’A/R/T/ographie peut être comprise selon trois articulations – Art, Recherche et Transmission – ne s’excluant pas, mais s’entremêlant chacune au sein d’une même démarche. Cette approche, qui s’intéresse aux processus plutôt qu’aux savoirs et à ses catégorisations, vise à repenser notre rapport à la création et à la connaissance afin d’en éclairer la réciprocité. Elle propose de comprendre le travail des chercheurs, des artistes et enseignants comme étant une forme d’enquête vivante, mêlant vécu et objets d’études, caractérisée par une constante mise en questionnement des pratiques et valeurs de ses artisans.

Ce symposium se veut d’abord un espace de partage et de rencontres à teneure exploratoire et expérientielle. Chercheur-e-s et artistes de toutes disciplines (littérature, arts visuels, théâtre, cinéma, musique, danse, performance, etc.) sont appelé-e-s à participer de manières variées en proposant des ateliers, performances, projections, expositions et communications.

Les personnes intéressées doivent soumettre leur proposition sous forme de résumé (environ 300 mots) accompagnées d'une brève biographie (environ 200 mots), à l'adresse suivante d'ici le 1er octobre 2016, avec comme objet de courriel « Symposium Récit Nom@de »:

recit.nomade@gmail.com

Responsables:

Isabelle Miron, professeure de création littéraire à l'UQÀM

François Thibeault, chercheur postdoctoral

Groupe de recherche-création Récit Nom@de

www.recit-nomade.uqam.ca

 

Bibliographie:

ÉMOND, Bernard, Il y a trop d’images, Montréal, Lux, 2011.

IRWIN, Rita L., « A/r/tography », Lisa M. Given (dir.), The SAGE Encyclopedia of Qualitative Research Methods, Thousand Oaks, SAGE, 2008.

RIVARD, Yvon, Une idée simple, Montréal, Boréal, « Papiers collés », 2010.

SPRINGGAY, Stephanie, Rita L. Irwin, Carl Leggo, et Peter Gouzouasis (dir.), Being with A/R/Tography,Rotterdam, Sense Publishers, 2008.

TURNER, Victor, The Ritual Process: Structure and Anti-structure, New York, Aldine, 1969.

URBAIN, Jean-Didier. 2002. L’idiot du voyage. Histoires de touristes. 2e éd. Coll. « Petite bibliothèque ». Payot.

VARELA, Francesco, La complexité : vertiges et promesses, Le Pommier/Poche, 2006.