Questions de société

"Recherche, éducation, santé, précarité." (blog La Science au XXI Siècle - 23/01/10)

Publié le par Bérenger Boulay

La Science au XXI Siècle Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France)

23.01.2010: Recherche, éducation, santé, précarité...

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2010/01/23/recherche-universite-sante-precarite.html 

Le 23 janvier, Le Parisien publie une interview du directeur général de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (APHP), Benoît Leclercq, confirmant son intention de supprimer entre 3000 et 4000 postes d'ici à 2002 au nom d'une prétendue «modernisation».Mais est-ce autre chose qu'une manière de faire payer par les usagerset les personnels les sommes sans précédent versées par l'Etat ausecteur privé sous prétexte de crise économique, tout en aidant à laprivatisation du service public ? La Santé n'est pas le seul secteurtouché par cette politique. La précarité est une douloureuse réalitédans la recherche et l'enseignement, et dans bien d'autres servicespublics. L'actuelle stratégie de démantèlement d'organismes comme le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)et de privatisation des universités produira des effets encore plusgraves. De ce point de vue, les propositions d'emplois d'enseignantvacataire adressées par des universités à leurs étudiants pour lecompte des rectorats paraissent fort significatives de l'évolutionactuelle. La mise en place du «marché européen des services» va bon train, ensemble avec la politique de suppression planifiée de postes de fonctionnaires.Résultat d'une stratégie mise en place depuis les années 1980 au seindes instances européennes et de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et progressivement appliquée par tous les gouvernements français depuis 1984 environ.

La précarité existe depuis longtemps dans les laboratoire duCNRS. La politique de l'Union Européenne après l'entrée en applicationdu Traité de Lisbonne aggravera encore la précarisation de la rechercheet accèlerera sa privatisation.

Cette situation touche égalementl'enseignement supérieur, qui fournit aux laboratoires de nombreuxemplois précaires et qui se trouve lui-même visé par la même politiquede marchandisation.

L'ensemble de l'éducation nationalen'échappe pas à la même logique de démolition des infrastructures etdes emplois su service public. A présent, des étudiants de nosuniversités se voient proposer des emplois de vacataires dans lescollèges, les lycées et les lycées professionnels.

Déjà le 3 décembre, Le Monde faisat étatd'un rapport confidentiel à l'adresse du Ministère de l'EducationNationale préconisant entre autres le recours à des « jeunes retraités» et à des « étudiants en master » pour les remplacements d'enseignants.

Rejetantl'idée de créations complémentaires de postes d'enseignants titulairesmalgré l'évidence d'une dégradation des conditions de travail, lerapport dont fait état Le Monde préconise un « potentiel deremplaçants », présenté comme une « marge de gestion pour du personnelfragile en difficulté » et une « soupape pour éviter des situationscritiques devant les classes ».

A ce processus s'ajoute celui dela précarisation des études, les étudiants étant poussés à travaillersimultanément pour pouvoir en assumer les frais.

Suit un exemple d'invitation que peuvent recevoir, de nos jours, les étudiants des universités françaises :

"Vous avez envie de partager votre intérêt pour votre discipline avec des élèves.
Vous avez pour projet de devenir enseignant.
Vousêtes titulaire d'une licence et vous souhaitez avoir unepremière expérience de terrain, le rectorat de l'Académie de (...) vouspropose une mission de suppléance rémunérée en collège, lycée oulycée professionnel, en tant que vacataire.
Les vacatairessont recrutés pour effectuer des suppléances en lycée ou en collègedans la limite de 200 heures à l'année. Ils peuvent effectuer selon lesbesoins en suppléance soit des missions courtes de 18 heures parsemaine (jusqu'à ce que les 200 heures soient effectuées), soitdes missions longues (à partir de maintenant et jusqu'à la fin del'année) de 2 à 6 heures par semaine.
Ils peuvent être amenés à effectuer ces missions de suppléance sur l'ensemble de l'académie de Lille.
Les vacataires peuvent être rémunérés à l'heure effectuée devant élève pour un montant de 34.30 euros de l'heure.
Ilest également possible, si cela s'avère nécessaire, une fois lequota de 200 heures effectué, de poursuivre les suppléances avec unstatut de contractuel. Lestatut de contractuel consiste en une rémunération forfaitaire dont lemontant varie selon le niveau du diplôme le plus élevé du candidat."

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Sur les remplacements, voir aussi sur Fabula: "Du foutagede gueule comme politique de l'éducation nationale": les pistes deChatel pour remplacer les profs absents (Dossier)