Essai
Nouvelle parution
R. Ogien, L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale

R. Ogien, L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale

Publié le par Marc Escola

Ruwen Ogien
L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine
et autres questions de philosophie morale expérimentale


Sortie prévue le : 14/09/2011
Editeur : Grasset
ISBN : 978-2-246-75001-7
EAN : 9782246750017
Dimensions : 20,5cm x 13cm x 0cm


La plupart des philosophes prétendent que, si l’on s’intéresse à la pensée morale, il faut commencer par lire et relire les grands textes de l’histoire des idées pour avoir des « bases solides ». Il n’est pourtant pas évident que le meilleur moyen d’inviter le lecteur à la réflexion éthique soit de lui donner le sentiment qu’il peut se reposer tranquillement sur les doctrines élaborées par les « géants de la pensée ».
Partant de ce principe, Rowen Ogien propose, dans un livre qui se présente comme une sorte d’antimanuel de philosophie, une série de problèmes concrets, de dilemmes, de paradoxes, afin de mettre à l’épreuve les jugements du lecteur. Nous y trouvons des expériences de pensée dont les conclusions nous font douter de la robustesse ou de l’universalité de nos intuitions morales.
Ces matériaux forment le corpus d’une philosophie morale expérimentale qui nous aide à comprendre que rien dans les concepts et les méthodes de la philosophie morale n’est à l’abri de la contestation et de la révision. Pourquoi en effet faudrait-il « fonder la morale » sur un principe unique et inaltérable ? Qui a besoin d’une telle « sécurité » ? Telle est la question que ce livre alerte, drôle et profond, nous invite à poser.

 

Ruwen Ogien est philosophe, directeur de recherches au CNRS (CERSES). Il a publié des ouvrages marquants sur la pornographie, les questions bioéthiques, la liberté d’expression. Son dernier ouvrage chez Grasset : La Vie, la mort, l’Etat (2009).

 

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On peut lire sur le site nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Morale et viennoiseries", par B. Sorbe.

Et sur laviedesidees.fr:

"La morale a minima", par M.-A. Dilhac.

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Sur le site des Inrocks:

Grand philosophe à contrecourant d’une forme de paternalisme moraliste dominant (voir le débat récent sur les lois bioéthiques), Ruwen Ogien creuse ses réflexions, déjà éprouvées, sur les questions de la pornographie, de la prostitution ou de la bioéthique, dans un essai drôle et profond, L’Influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale (Grasset, 14 septembre). A rebours de l’éthique des vertus telle qu’elle s’imprime dans les esprits nourris de Kant et des sages antiques, Ruwen Ogien déploie une magistrale réflexion pratique qui déconstruit les fondements d’une philosophie morale sûre d’elle-même. Par l’étude de cas concrets, de dilemmes et de paradoxes (est-il permis de tuer une personne pour prélever ses organes et sauver ainsi la vie de cinq autres personnes en attente de greffe ? Est-il immoral de nettoyer les toilettes avec le drapeau national ?), il rend honneur à un courant novateur de la pensée contemporaine : la philosophie morale expérimentale, qui mêle l’étude scientifique de l’origine des normes morales et la réflexion sur la valeur de ces normes. Un livre revigorant et déstabilisant.

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Sur le site de Libération, ce billet d'E. Aeschimann:

"On se souvient du psychologue Stanley Milgram qui, en 1960, demanda à des volontaires d'envoyer des décharges électriques à un faux cobaye. 65% des personnes allèrent jusqu'à la dose mortelle, un résultat qui hante l'Occident et serait la «preuve» de la banalité du Mal. C'est cela, la philosophie morale expérimentale: des dilemmes soumis à des échantillons de population ou à l'inventivité raisonneuse des philosophes.

Né outre-Atlantique, le genre fait des émules en France, et Ruwen Ogien en est l'un des meilleurs représentants. Ici, il teste nos «intuitions morales». Soit un tramway dont les freins ont lâché: si le chauffeur ne fait rien, il tue malgré lui cinq ouvriers qui se trouvent sur la voie devant lui; s'il bifurque sur une voie annexe, il n'en tue qu'un, mais volontairement. Que faire? Toutes les façons de tuer se valent-elles? Et de mourir? On peut ne pas être d'accord sur le fond.

Mesurer le Bien comme on carotte la banquise, lui supposer des lois comme à la rotation des planètes, c'est oublier que le Bien n'est pas une règle qu'on applique, mais un acte de liberté propre à chaque situation. Qu'importe: la plume virtuose d'Ogien sait transformer les expériences les plus absurdes en délicieux exercices de perplexité morale, excellents pour la santé - un test le prouverait sûrement.

E. A."