Questions de société

"Quand Gallica vend du porno…" (BibliObs)

Publié le par Marc Escola

Sur BibliObs, en date du 22.12.11:

 

Quand Gallica vend du porno,

par Clémentine Baron

Un syndicat s'insurge contre la vente, sur la bibliothèque numérique de la BNF, de romans pornographiques, comme «Fliquesse lubrique» ou «A la campagne, je faisais la petite cochonne».

Gallica, la première bibliothèque numérique française et la plus riche à ce jour (avec plus d’un million de documents textes, images et sons), est censée être représentative du fond de la BNF. En effet, elle a été lancée en 1997 dans le but de numériser et archiver les ouvrages de la Bibliothèque nationale et ainsi d’en faciliter l’accès au plus grand nombre. Une entreprise si noble, que l’on se trouve bien surpris aujourd’hui de découvrir dans ce fond de nombreux ouvrages pornographiques.

Le syndicat FSU (Fédération syndicale unitaire), qui s’est retrouvé par hasard face à une série de textes à caractère pornographique, alerte l’opinion contre les dérives de la bibliothèque. C’est (soi-disant) simplement en lançant une recherche sur «Marseille», que l’on tombe sur lesdits textes X. Ou plutôt tombait, puisque suite aux remontrances de la FSU et du site ActuaLitté, les livres pointés (parmi lesquels des titres aussi explicites que «Fliquesse lubrique», «Bondages» ou encore «A la campagne, je faisais la petite cochonne») ont été rapidement supprimés des pages.

En dehors du caractère indécent de ces ouvrages, la FSU critique surtout le fait qu'ils soient mis en vente dans un espace qui n’est pas initialement dédié au commerce. Ce sont les «partenaires e-distributeurs» qui sont directement visés. «L'évolution donnée ces derniers temps, et la volonté d'ouverture à des partenaires commerciaux engendrent forcément des dérives de ce type. Gallica n'a pas pour mission de vendre des livres, mais de valoriser un patrimoine, s’insurge la FSU. Si la bibliothèque devient une vitrine de vente, permettant aux partenaires de profiter de cette visibilité, alors il faut redéfinir sa mission peut-être?»

Dans un communiqué, le syndicat ajoute que «le débat ne relève pas d’un jugement "moral" que porteraient les bibliothécaires sur tel ou tel aspect de la littérature. Il s’agit de savoir si Gallica doit être, comme nous le pensons, une véritable bibliothèque numérique. Ou s’il a pour but de stocker uniformément l’ensemble de la production numérique, comme un simple entrepôt, dénué de toute valeur ajoutée sur le plan scientifique, mais source de profits pour les "partenaires privés" qui y exhibent leurs marchandises.»  

Il ne s’agirait donc pas d’une volonté de censure, mais plutôt d’un désir de respecter la fonction première de la bibliothèque, à savoir, l’accès libre - et gratuit dans la mesure du possible - aux textes. Dans la bibliothèque numérique, l’humanisme se heurte encore une fois à l’économie marchande.

Clémentine Baron

 

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