Questions de société

"Quand des enseignants-chercheurs se mettent à bloquer", par Véronique Soulé (Libéblog C'est classe !, 05/03)

Publié le par Florian Pennanech

Depuismardi 14 heures, des enseignants-chercheurs bloquent des bâtiments àl'université de Bordeaux 3. L'affaire est suffisamment rare pour êtresignalée. Et le mouvement s'étend dans la fac : après les géographes,les historiens et les enseignants de langues ont suivi. Le signe d'uneradicalisation du mouvement alors qu'une nouvelle journée de manifestations est prévue aujourd'hui un peu partout en France.

Les négociations engagées par Valérie Pécressesuffiront-elles à faire baisser la tension ? Ca n'est pas gagné.D'autant qu'elles ne concernent que le statut desenseignants-chercheurs, un des problèmes qui mobilisent parmi d'autres.

Or dans les universités de lettres et sciences humainescomme Bordeaux 3, la réforme de la formation des enseignants despremier et second degré -la "masterisation" - inquiète tout autant. Sice n'est plus. L'enseignement est un débouché majeur des étudiants.

Après des semaines de grève active, de cours HLM (hors les murs) dans les trams ou sur les trottoirs, entrecoupés de "freezings", les universitaires de Bordeaux 3 se disent exaspérés de "ne pas être entendus".

"Les annonces selon lesquelles la Ministre, avec dessyndicats minoritaires et la CPU (Conférence des Présidentsd'Université), est en train de revoir le décret desenseignants-chercheurs ont énervé tout le monde, explique un professeurdes universités, car le mouvement ici n'est pas porté par les syndicatset est ignoré de notre président d'université. Mais c'est surtout lerefus d'ouvrir le dossier de la masterisation des concours (derecrutement des profs) qui maintient intacte la mobilisation".

Les premiers, mardi matin en AG, les personnelsenseignants et administratifs (les Biatoss) de l'UFR (Unité deformation et de recherche) de Géographie et Aménagement ont voté leblocage des bâtiments et des cours pour 48 heures reconductibles. Desenseignants ont aussitôt monté des barrages avec des tables et deschaises. Certains n'en revenaient pas de se retrouver à tenir un piquetde grève.

Mardi, l'UFR d'histoire vote à son tour le blocage.Puis hier celle des langues étrangères appliquées. Les lettres etl'anglais devraient se réunir aujourd'hui. Les onze UFR devraient êtreappelées à se prononcer d'ici lundi. Les cours alternatifs continuentmais un blocage total de la fac n'est pas exclu.

On perçoit d'autres signes de radicalisation ici et là.Hier le président de l'université d'Aix-Marseille 1 a décidé lafermeture administrative de la fac Saint Charles après le blocage votépar les étudiants. A la faculté des Tanneurs à Tours, des étudiants ontinstallé des barrages filtrants. A Angers encore, la faculté de lettreset sciences humaines était aussi bloquée hier.

Voir aussi : "Blocage de plusieurs UFR à l'université de Bordeaux".