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« Qu’est-ce donc qui nous manque ? » : Entre La Divine Consolation de Maître Eckhart et Le Dernier Homme de Maurice Blanchot

« Qu’est-ce donc qui nous manque ? » : Entre La Divine Consolation de Maître Eckhart et Le Dernier Homme de Maurice Blanchot

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Alain Milon)

« Qu’est-ce donc qui nous manque ? » : Entre La Divine Consolation de Maître Eckhart et Le Dernier Homme de Maurice Blanchot

Quel est l’homme dans Le Dernier Homme de Maurice Blanchot ? « Peut-être le dernier je, celui qui étonnera la mort… ». Mais ce "je" dans Le Dernier Homme est aussi l’occasion de réfléchir sur la possibilité d’un nous, ou plutôt sur ce qu’il y a « maintenant hors de nous ?... Qui est le lointain et qui est le prochain ? » La dernière phrase du récit de l’écrivain apporte une réponse : « Plus tard, il… » Mais même si la réponse est ancrée dans une absence, elle reste tout de même posée. Cette impossibilité récurrente chez Blanchot peut être l’occasion de creuser cette question de l’humain de l’homme qui se demande sans cesse : « Qu’est-ce donc qui nous manque ? », autre manière d’envisager la communauté finalement qu’elle soit communauté  d’écriture, communauté d’œuvre, communauté politique ou non, communauté absente, communauté qui œuvre à son désœuvrement, communauté sans aucune communauté…

Plus qu’un colloque sur la question de la communauté, question largement débattue dans les années 1980 à partir de l’intuition lancée par J-C. Bailly : « La Communauté, le nombre », il s’agira plutôt de creuser l’interrogation humaine dans sa profonde banalité. Le dernier homme peut être un point de départ ou un point d’arrivée, mais au-delà du récit de Blanchot c’est plutôt la manière dont ce "Je" apparaît, dans l’esprit de la question que Maître Eckhart formulait dans La Divine Consolation : « Qu’est-ce donc qui nous manque ? »

Primo Levi nous lançait déjà un avertissement quand il écrivait, dans Si c’est un homme, comment, non pas les hommes, mais des hommes ont-ils pu faire cela ? Le titre français Si c’est un homme, ne rend pas bien compte de ce que Primo Levi présuppose. Se questo è un uomo veut dire : "Si celui-là est un homme". Il s’agit bien de celui-là et non d’un autre. Si celui-là est un homme, alors n’importe qui peut être homme, même le pire des tortionnaires. Qui est homme pour pouvoir penser les camps d’extermination ? Qui est homme pour accepter d’être traité dans ces conditions ? C’est au travers de ces avertissements qui viennent comme des leçons sur l’abjection que certains hommes ont laissée faire, ont fait et surtout ont voulu faire, que la question de la possible ou impossible valeur de l’humain prend tout son sens.

L’intention sera dans le cadre de ce colloque de croiser le plus largement possible sciences humaines, sociales, juridiques… sur cette question du dernier homme.

Modalités de soumission

Le colloque aura lieu à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense avec le soutien de l’EA 4414 HAR le 10-11 décembre 2015 dans la salle des conférences, Bat. B.

Vous pouvez envoyer votre argumentaire d’une page maximum avec une petite biographie à alainmilon@neuf.fr et eric.hoppenot@sfr.fr avant le 30 juin 2015.

Cette recherche donnera lieu à publication dans le cadre de la collection « Résonances de Maurice Blanchot », aux Presses universitaires de Paris Ouest.

Déjà publiés : Lévinas Blanchot : penser la différence, 2007, Blanchot et la philosophie, 2010, Maurice Blanchot : entre roman et récit, 2013.

A paraître : Blanchot et l’Allemagne (2016), et Sous le fil de Thomas l’Obscur (2016)