Questions de société

"Qu’attendre des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ? Rien, ou pire encore ?", par G. Debrégeas (SLR, 25/7/12)

Publié le par Marc Escola

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Qu’attendre des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ? Rien, ou pire encore ?

Par Georges Debrégeas, le 25 juillet 2012

La fin de la parenthèse sarkozyste a suscité, dans l’enseignement supérieur et la recherche comme dans le reste de la fonction publique, un sentiment de soulagement compréhensible. Ce secteur a été l’objet durant ces cinq années d’une “attention” toute particulière du gouvernement et du législateur et en ressort profondément transformé, voire traumatisé. Il s’est vu imposé un nouveau mode d’organisation dont le maître mot est la concurrence, imposée de manière systématique entre universités, organismes de recherche, laboratoires et même individus. Bien que prétendant leur offrir une plus grande autonomie, la loi LRU (Liberté et responsabilité des universités) votée en 2007 a contraint les universités à se plier aux méthodes de management jusque là réservées au secteur marchand, en privant ses structures démocratiques et collégiales de tout véritable rôle dans la stratégie et les décisions. Les universités ont été sommées de se restructurer, par fusion, afin de pouvoir concourir aux initiatives d’excellence. L’ensemble du secteur est désormais jaugé au regard de critères de performance quantitatifs par une agence unique d’évaluation (AERES) qui échappe à tout contrôle académique. Véritable monstre bureaucratique censé tout évaluer, contrôler, noter, cette agence est devenue la pierre angulaire de cette entreprise de normalisation, au sens du programme néo-libéral, du secteur universitaire et de recherche. Bien qu’épargnées jusque là par la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, les institutions de recherche et d’enseignement supérieur n’en sortent pas moins financièrement exsangues. Ayant vu échapper une large part de leurs financements publiques au profit de l’ANR, cette agence de financement sous contrôle direct du ministère, elles n’ont eu qu’à gérer la pénurie, et tenter de tirer leur épingle du jeu des multiples appels d’offres qui constituent aujourd’hui une part essentielle de leurs ressources.

Dans ces conditions, il est légitime d’accueillir tout changement à la tête de l’Etat comme une bonne nouvelle. Mais si changement de politique il doit y avoir, rien n’indique qu’il soit de nature à remettre en cause l’organisation déjà mise en place. Pire, le choix fait par le nouvelle équipe dirigeante de s’enfermer dans la rigueur budgétaire par la ratification du pacte budgétaire européen, mais aussi ses premières paroles et ses (non-)prises de décision, semblent indiquer que la déception pourrait être sévère pour celles et ceux qui avaient placé dans cette alternance tous leur espoirs de réhabilitation des valeurs de service public et d’accès au savoir.

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