Quelques-uns de nos écrivains à la mode en portent encore les cuisants stigmates : Éric Chevillard a tenu pendant six ans, comme une entreprise de salut public, le feuilleton du Monde des livres. Dans Défense de Prosper Brouillon, il donne le dénouement de cette saine aventure, illustrée par J.-F. Martin (éd. Noir Sur Blanc). L'ouvrage se présente à première vue comme une exploration de l'œuvre merveilleuse d'un écrivain répondant au nom de Prosper Brouillon dans le but d'en faire l'éloge ; il s'agit en réalité d'un féroce réquisitoire contre une certaine littérature institutionnalisée, pantouflarde et satisfaite d'elle-même. Prosper Brouillon est le nom donné à l'ensemble des écrivains chez qui ont été collecté les phrases, exemplaires, à partir desquelles Chevillard s'est amusé à reconstruire un faux roman délirant. Fabula vous invite à savourer un extrait de ce manuel de survie à toutes les impostures et aux pastiches involontaires de ce qu’est et doit être la littérature, qui pourrait recevoir encore cet autre titre, suggéré par F. Georgesco dans Le Monde des livres du 14/9 : "le degré Zorro de l’écriture".