Questions de société
[Propagande]  Luc Chatel :

[Propagande] Luc Chatel : "L'éducation nationale doit être un réducteur d'inégalités" (Entretien. Le Monde 25.08.09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sorbonnard)

Propagande gouvernementale dans Le Monde:

Entretien Luc Chatel : "L'éducation nationale doit être un réducteur d'inégalités" - Le Monde, 25.08.09. Article paru dans l'édition du 26.08.09.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/08/25/luc-chatel-promet-l-architecture-du-nouveau-lycee-courant-septembre_1231593_3224.html

Nommé ministre de l'éducation en mai 2009, Luc Chatel fait sa première rentrée scolaire mercredi 2 septembre. Dans un entretien au "Monde", le nouveau ministre déclare qu'"en deux ans Xavier Darcos", son prédécesseur, "a engagé des réformes importantes" et qu'il en "poursuivra la mise en oeuvre". Il assure que son principal "défi" est "que chacun ait sa chance" : "l'éducation nationale doit être un réducteur d'inégalités".

Dans l'immédiat, M. Chatel doit assumer les suppressions de postesdu budget 2010, reprendre le dossier du lycée sur lequel M. Darcosavait trébuché et restaurer la discussion avec les syndicats.

Lorsqu'un nouveau ministre de l'éducation est nommé àmi-mandat, c'est généralement pour calmer le jeu. Quelle est votrefeuille de route : réformer ou apaiser ?

Pourquoi opposer les deux ? Je me situe dans la continuité desengagements présidentiels et dans le cadre de l'action conduite par lepremier ministre. En deux ans, Xavier Darcos a engagé des réformesimportantes, dont je poursuivrai la mise en oeuvre. D'autres sontnécessaires. Je les mènerai dans un esprit de dialogue et deconcertation.

Que vous a inspiré votre plongée estivale dans les dossiers de l'éducation ?

Une donnée m'a marqué. On compte, à l'entrée en 6e, 16 %d'enfants de cadres et 55 % d'enfants d'ouvriers et d'employés. Enclasse préparatoire, les proportions sont exactement inversées. Mondéfi est là. Il faut que chacun ait sa chance. L'éducation nationaledoit être un réducteur d'inégalités.

Vous héritez de la réforme du lycée sur laquelle votre prédécesseur a achoppé : comment allez-vous la gérer ?

J'ai trouvé sur mon bureau les préconisations de Richard Descoings (directeur de Sciences Po Paris, auteur d'un rapport sur le lycée)et me suis longuement entretenu avec lui. J'ai proposé à nospartenaires - syndicats, parents d'élèves, associations et lycéens - dem'adresser, pour le 1er septembre, une contribution écritesur leurs accords ou désaccords avec ces propositions. En parallèle,avec mon équipe, nous avons avancé sur le sujet. Courant septembre,nous aurons construit l'architecture de ce nouveau lycée, qui entreracomme prévu en vigueur à la rentrée 2010.

Quel en sera le maître mot ?

Il ne s'agit pas de réformer pour réformer, mais de rendre le lycée plus juste. Avec Valérie Pécresse (ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche) et Martin Hirsch (haut commissaire à la jeunesse),nous voulons passer d'un système d'orientation subi à un système choisiet réversible. Nous souhaitons aussi faire du lycée un lieu de vie.C'est ce que demandent les lycéens d'aujourd'hui : un lieu où ils sontacteurs, tout comme ils doivent être acteurs de leur orientation.

Un ministre de l'éducation doit-il se soucier prioritairement des enseignants ou des parents ?

Je refuse d'opposer les uns aux autres. Tous deux constituent lacommunauté éducative. Lorsque nous améliorons le fonctionnement duremplacement, par exemple, c'est au bénéfice de tous.

Cette agence du remplacement serait un moyen de faire travailler des vacataires.

Je vais discuter cette semaine avec les organisations syndicales desmodalités de mise en place de ce projet. Le système en vigueur est troprigide. Quant à l'emploi de contractuels, cela fait longtemps qu'ilexiste lorsque, dans certaines disciplines, le volant de remplaçantstitulaires est déjà utilisé.

De 2007 à 2010, 49 400 postes d'enseignants ont été supprimés, soit plus de 6 % des effectifs. Allez-vous continuer ?

La rentrée va se faire à taux d'encadrement constant. Dans uncontexte très contraint, le budget de l'éducation nationale continue àaugmenter : de 1,4 % cette année, soit un peu plus que le budget del'Etat. Depuis 2002, il a même augmenté de plus de 10 %. De plus, noussavons nous adapter aux besoins : nous ouvrons à la rentrée 500 classesdans le primaire, où la démographie repart à la hausse. Nous créonsaussi 600 postes dans les zones d'éducation prioritaire, en collège ouen lycée, car il y a là des besoins plus importants.

Aucune pause n'est envisagée ?

Personne n'a été pris de court. Ces mesures s'inscrivent dans la politique globale du gouvernement, que Nicolas Sarkozyavait annoncée et qui consiste à ne pas remplacer un départ en retraitesur deux. Ces suppressions de postes nous donnent une marge demanoeuvre soit pour revaloriser les enseignants - c'est ce que nousavons amorcé, avec la prime d'installation et la prime liée auxévaluations de CE1 et CM2 -, soit pour mettre en place des servicesnouveaux, comme l'aide individualisée en primaire, l'accompagnementéducatif au collège ainsi que dans 200 lycées à compter de cetterentrée. Le taux d'encadrement a été maintenu, et des services nouveauxpour les élèves et les familles ont été créés.

La revalorisation des salaires des enseignants sera-t-elle limitée au début de carrière ?

Elle sera significative, et aura lieu d'abord en début de carrière.Mais ce n'est pas à mes yeux la seule forme de revalorisation dumétier. Il faut aussi plus d'accompagnement des enseignants, etdavantage de formation continue, non seulement pédagogique mais quipermette d'envisager d'autres perspectives, voire une deuxièmecarrière. Par ailleurs, rallonger d'une année la formation initiale,comme nous le faisons à travers la "mastérisation", est un signal fortà destination des enseignants.

Cette réforme de la formation des maîtres crée des tensions. Ne faut-il pas la remettre à plat ?

J'ai travaillé avec Valérie Pécresse pour renouer les fils dudialogue. Nous avons reçu ensemble les syndicats. Nous avons montré quele gouvernement avait un seul et unique avis sur le sujet, et qu'ilétait désireux d'aboutir. La discussion reste ouverte sur les sujetsqui font encore débat : la date des concours, le contenu des maquettesde masters, celui des stages... Ces points seront traités dans lessemaines qui viennent.

Des enseignants craignent la privatisation. Votre parcoursantérieur, à L'Oréal, à Démocratie libérale n'est-il pas de nature àrenforcer leur opinion ?

Tout démontrera l'inverse. Je demande à être jugé aux actes, et nonaux intentions prêtées. Je revendique le caractère national del'éducation nationale. Je revendique qu'il y ait des programmesnationaux, des orientations nationales, c'est vraiment le gage del'égalité des chances sur l'ensemble du territoire. Il n'a jamais étéet ne sera jamais question de "privatiser" l'éducation.

Des milliers de maîtres du primaire se déclarent "désobéisseurs". Comment comptez-vous enrayer ce phénomène ?

Le concept même de désobéissance me paraît incompatible avec lesvaleurs de l'éducation. J'ai du mal à comprendre qu'un maître, qui sefait obéir par ses élèves, revendique la désobéissance publique. Plusgénéralement, un fonctionnaire met en oeuvre les directives dugouvernement. Nous sommes en République. Si on suivait ces"désobéisseurs", cela aboutirait à une éducation à la carte où chacunfait ce qu'il veut : c'est le contraire de ce que je souhaite, de ceque souhaitent les Français et l'immense majorité des enseignants. Etc'est d'ailleurs un fondement de leur métier : la liberté pédagogique,oui mais dans le cadre d'orientations nationales.

Et ceux qui désobéissent ?

Des commissions de discipline ont prononcé des sanctions. Quant auxdécisions des tribunaux administratifs qui ont suspendu les retenuessur salaires, le ministère se pourvoit en cassation.

Sur la grippe A, n'en faites-vous pas un peu trop ?

On n'en fait jamais trop pour la santé des enfants. La possibilitépour les préfets de fermer au cas par cas les écoles dès lors que troiscas ont été détectés a été prise au sein du centre interministériel decrise. Il n'y aura pas forcément de fermetures systématiques, mais lespréfets ont besoin d'un cadre d'appréciation. Et tout cela se faitnaturellement en conformité avec les recommandations de l'Unioneuropéenne.

Etes-vous inquiet ?

Inquiet non, vigilant oui.