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Promotion ou relegation : la transmission des langues minorisées d’hier à aujourd’hui / Promoting or demoting : the transmission of minority languages from past to present (Poitiers)

Promotion ou relegation : la transmission des langues minorisées d’hier à aujourd’hui / Promoting or demoting : the transmission of minority languages from past to present (Poitiers)

Publié le par Marc Escola (Source : Stéphanie Noirard)

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Promotion ou relegation : la transmission des langues minorisées d’hier à aujourd’hui

Promoting or demoting: the transmission of minority languages from past to present

Colloque international, Université de Poitiers

6 et 7 avril 2018

 

C’est en se fondant sur son expérience personnelle que Jacques Derrida écrit Le Monolinguisme de l’autre. Lui qui parle la langue du colonisateur, lui qui se voit retirer son passeport français lors de la Seconde Guerre mondiale, analyse la nature essentiellement coloniale de la culture et de la langue et écrit que « la maîtrise, on le sait, commence par le pouvoir de nommer, d’imposer et de légitimer les appellations. »

Certes, Derrida écrivait dans un contexte postcolonial, pourtant ses réflexions peuvent s’appliquer aux pays qui, par des actions politiques plus ou moins violentes ou de façon implicite au cours du temps, ont adopté pour langue nationale une langue standard(isée) au détriment des autres. Ces autres langues, dès lors minorisées, ont ainsi été freinées dans leur évolution et tendent même à régresser, voire à disparaître, tant elles sont méprisées, à la fois par les locuteurs de la langue nationale et même par leurs propres locuteurs d’origine. Reléguées de fait au rang de simples dialectes ou patois, elles témoignent d’une menace imminente d’acculturation.

Certaines de ces langues minorisées font cependant preuve d’une grande résistance, soutenues qu’elles sont par des efforts parfois individuels, parfois régionaux, nationaux ou internationaux de réhabilitation, de développement ou de promotion. On trouvera parmi ces actions personnelles et gouvernementales, la volonté d’oser parler, écrire, publier dans une langue minorisée, la création d’ateliers culturels, d’écoles bilingues ou de classes en immersion totale, le combat pour faire reconnaître en tant que langues nationales les langues minoritaires et même la création de versions synthétiques standardisées de certaines langues minoritaires.

Mais peut-on réellement se réapproprier une langue. La survie et le développement d’une langue ne sont-ils qu’un fantasme ? Et dans quelle mesure, les langues minorisées dont on peut considérer le développement comme réussi, contribuent-elles à la relégation voire à la disparition d’autres langues ?

Dans une perspective multidisciplinaire et en se concentrant sur la transmission ou le manque de transmission au cours du temps, ce colloque a pour but d’étudier la manière dont on a tantôt minorisé, tantôt aidé à promouvoir les langues. On s’intéressera en particulier, mais pas exclusivement, aux langues minoritaires proches des langues nationales et qui, partant, sont plus facilement considérées comme des dialectes. On appréciera particulièrement les approches contrastives et comparatives : similitudes et différences des politiques de réhabilitation, compétition possible entre les langues minoritaires d’un même pays. Les propositions pourront envisager entre autres thématiques :

- Linguistique et didactique : perspectives diachroniques ; impacts de la relégation sur le développement des langues ; tentatives de modernisation des langues minorisées ; méthodes et stratégies d’enseignement.

- Littérature et édition : de l’oral à l’écrit ; des contes aux expériences modernistes ; les choix difficiles de l’auteur ; le point de vue de l’éditeur ; création d’un nouveau marché.

- Histoire : transmission et utilisation d’une langue comme reflet du pouvoir et des conflits ; des langues minoritaires en politique ; enjeux et rôle des archives ; les médias.

- Sciences humaines : impacts sociaux et psychologiques de perdre sa langue maternelle, de parler ou d’apprendre une langue minoritaire ; philosophie du langage.

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Au-delà des propositions plus académiques, on accueillera volontiers le témoignage d’enseignants, d’éditeurs ou de représentants politiques qui œuvrent sur le terrain pour la promotion et la transmission des langues minorisées.

Les propositions en français ou en anglais ainsi qu’une courte bio/bibliographie sont à envoyer à jean.christophe.dourdet01@univ-poitiers.fr  et stephanie.noirard@univ-poitiers.fr avant le 15 février 2018.

 

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Drawing on his personal experience of speaking the language of the colonizer and having been deprived of his French citizenship during the Second World War, Jacques Derrida pondered on the essential colonial nature of culture and language. In Monolinguism of the Other, he argued that “Mastery begins, as we know, through the power of naming, of imposing and legitimating appellations.”

Though Derrida wrote in a post-colonial context, his thought may be applied to any country where a standard(ized) language has implicitly or politically been legitimated–in a more or less violent way–as the national language, to the detriment of others. Subsequently thwarted in their evolution, those minorized languages tend towards regression, sometimes altogether disappearing since they are scorned upon by both speakers of the national language and native speakers themselves. They are demoted as dialects or patois and shunned as second-rate with the threat of acculturation looming large.

Among these minorized languages, some have proved to resist demotion and have been sustained through sometimes personal, sometimes local and even national or international endeavours to rehabilitate, develop and promote them. Individual actions and policies include daring to speak, writing, publishing in a minor language, creating folk-clubs, bilingual or total immersion schools, struggling for the recognition of a minority language as a national one or even creating a synthetic, standardized version of a minority language.

Yet can a language be reappropriated? Is the survival and development of a language only a fantasized idea? And to what extent do the minority languages, whose development may be called successful, contribute to the demotion or disappearance of other languages?

The aim of the conference is to look at the way minority languages were demoted or promoted, focussing on transmission or lack of transmission in the course of history, in a multidisciplinary approach. It will particularly focus on–but is not restricted to–those minority languages which are sisters and therefore extremely close to national languages and were hence relegated as dialects. Contrasts and comparisons will be much appreciated–are rehabilitation policies similar or different, is there competition between minority languages within one country? Proposals may include but are not limited to:

-Linguistics and didactics: diachronic perspectives; impacts of demotion on the development of a language; attempts at modernising a minority language; teaching methods and strategies.

-Literature and publishing: orally transmitted and written languages; from folk tales to modernist questions; the authors’ (difficult) choice; the publishers’ point of view; creating a new market.

-History: power and conflict reflected in the use and transmission of languages; minority languages in politics; the role of archives; the media.

-Social sciences: social and psychological impact of losing one’s native tongue and/or of speaking or learning a minority language; philosophy of language.

Aside from academic approaches, hands-on accounts from teachers, publishers, government officials whose aim is to transmit a minority language are also welcomed.

Proposals in English or French and a short bio/bibliography are to be sent to both jean.christophe.dourdet01@univ-poitiers.fr and stephanie.noirard@univ-poitiers.fr before February 15 2018.