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Appels à contributions
Productions pour la jeunesse

Productions pour la jeunesse

Publié le par Marielle Macé (Source : Catherine d'Humières)

Appel à communication


Rester enfant, devenir adulte :
le paradoxe des productions pour la jeunesse


Colloque organisé par le Centre de Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines
Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand), les 18, 19 et 20 mai 2006

Faut-il grandir ou ne pas grandir ? Telle semble être la question majeure des productions pour la jeunesse. Peter Pan qui a choisi de rester pour toujours un petit garçon et de s'amuser, son vieil ennemi le capitaine Crochet poursuivi par le tic tac du crocodile ou du temps qui passe, Alice de Lewis Carroll qui est toujours trop grande ou trop petite pour atteindre son but sont des exemples révélateurs d'une préoccupation générale.
Comme le champignon de Lewis Carroll qui fait grandir par un de ses côtés et rapetisser par l'autre, les productions pour la jeunesse tiennent aux enfants un double langage ; elles leur disent simultanément : "Grandissez !" et "Ne grandissez pas !". En effet, tout ce qui s'adresse aux enfants : livres, bandes dessinées, films, dessins animés est fondé sur un discours conscient qui est un encouragement à grandir. Le sujet même de l'oeuvre consiste souvent à montrer à l'enfant comment on surmonte les obstacles jusqu'à devenir adulte : en littérature en particulier, le genre du roman d'éducation est réadapté sans fin. Cette dimension constitue généralement l'aspect pédagogique, didactique, voire moralisant des créations pour la jeunesse : l'adulte se penche vers ce qu'il n'est pas, c'est-à-dire l'enfant considéré comme un être inférieur pour lui apprendre quelque chose. Mais à ce discours conscient s'ajoute un autre discours sous-jacent qui dit au contraire à l'enfant de rester enfant et de profiter de son enfance, qui lui dit qu'il ne faut pas entrer dans le monde des adultes qui ne lui apportera que désenchantement et déception. Cette dimension-là, qui saccompagne le plus souvent d'une critique acerbe du monde des adultes, constitue sans doute l'aspect intime et original des oeuvres pour la jeunesse ; en s'adressant à l'enfant, l'adulte cherche à retrouver l'enfant qu'il a été, il s'adresse à un être qui lui est à certains égards supérieur puisqu'il possède un trésor que lui-même a perdu.
L'approche de ces deux discours devrait être pluridisciplinaire afin de permettre le dialogue entre littéraires ou spécialistes de cinéma étudiant le contenu des oeuvres, pédagogues sensibles à leur dimension éducative, psychologues spécialistes du développement de l'enfant, historiens intéressés par l'émergence de la littérature de jeunesse, ou par les pratiques culturelles et les usages sociaux qui lui sont associés, ou sociologues analysant en quoi les créations pour la jeunesse ressemblent à la société qui les produit Pour étudier la tension provoquée par leurs exigences contradictoires, il faut s'intéresser à la fois aux motivations de l'adulte qui crée pour les enfants : se tourne-t-il vers l'enfance parce qu'il se sent vieillir ? cherche-t-il à retrouver son enfance ? quel rôle jouent dans sa démarche la paternité ou la maternité, ou au contraire leur absence ? etc, et à l'effet sur les enfants destinataires : auquel des deux discours sont-ils le plus sensibles ? comment reçoivent-ils le double langage ? dans quelle mesure reflète-t-il leur propre perplexité par rapport au fait de grandir ? Il faut s'interroger aussi sur les visions données de l'enfance, du monde des adultes, du vieillissement ou du temps qui passe dans les oeuvres pour la jeunesse, en les replaçant dans leur contexte historique et socio-culturel.

Les propositions de communication doivent être envoyés avant le 31 mai 2005 à
Isabelle Cani (icani@wanadoo.fr)
ou à Catherine d'Humières (d.humieres@voila.fr)

Adresse : CRLMC - Maison de la Recherche - 4 rue Ledru - 63057 - Clermont-Ferrand - Cedex 1