Questions de société
Primes aux chefs d'établissement: Education et Devenir dénonce une décision

Primes aux chefs d'établissement: Education et Devenir dénonce une décision "imbécile " de Luc Chatel (Educpros, 05/02/11)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Primes aux chefs d'établissement : Education et Devenir dénonce une décision "imbécile " de Luc Chatel - Educpros, 5 février 2011

La nouvelle prime pour les chefs d'établissements est-elle une mesure "imbécile" ? C'est en tout cas ce que pensent les signataires de la tribune que nous publions en exclusivite de la décision annoncée par le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel.

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Prime aux chefs d'établissement : une décision imbécile

Imbécile parce que décider d'attribuer une prime sans fixer au préalable les critères de son attribution, c'est courir le risque d'en faire une « prime de servilité ». C'est mettre les chefs d'établissement aux ordres de leurs autorités hiérarchiques directes, c'est renforcer les tendances naturelles à la prudence excessive et surtout limiter leur capacité d'initiative. Elle est donc contre productive au regard des objectifs de performance de l'Ecole. Faire réussir le plus grand nombre d'élèves implique la prise en compte de la diversité, l'adaptation des politiques d'établissement au contexte local. En conséquence, cela requiert le développement de la capacité d'initiative, la mise en place de solutions innovantes aux problèmes qui se posent, la prise de risques… Au lieu de quoi, nous risquons d'avoir des chefs d'établissement soucieux de la conformité ; et quand ils ne le seront pas, ils seront soupçonnés de l'être !

Imbécile parce qu'elle est antinomique de la spécificité du rôle du chef d'établissement, qui porte dans son établissement la double casquette de chef de l'exécutif des décisions prises par son conseil d'administration et de représentant de l'Etat. Par l'existence de cette prime, les acteurs de l'établissement ne verront plus en lui qu'une courroie de transmission des décisions ministérielles.

Imbécile parce qu'elle prétend renforcer l'autorité du chef d'établissement alors qu'elle l'affaiblit puisqu'elle isole le chef d'établissement des personnels en ouvrant la voie du soupçon. Chacun sait que les chefs d'établissement qui parviennent à une certaine efficacité sont ceux qui savent établir la confiance, organiser un travail d'équipe. Jouer l'autorité des chefs d'établissement contre les enseignants représente une grave erreur de management, illustrant une fois de plus à quel point le ministère ignore les réalités du niveau local. Imaginez un chef d'établissement prenant la décision, à l'issue des conseils de classe, de faire passer tel ou tel élève en classe supérieure. Il est déjà difficile, aujourd'hui, dans certaines salles des professeurs, de faire passer ce type de décision en avançant des arguments pédagogiques. Demain, quoiqu'il dise dans ce genre de situation, le chef d'établissement sera soupçonné d'être guidé par l'appât de la récompense… Bonjour l'ambiance et les dégâts collatéraux !

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