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Préfaces et comptes rendus dans les sciences sociales et humaines

Préfaces et comptes rendus dans les sciences sociales et humaines

Publié le par Marielle Macé (Source : Licia Taverna)

Appel à communications

 

Préfaces et comptes rendus dans les sciences sociales et humaines.

 

Pour une approche interdisciplinaire des textes et cultures

Colloque international

Université de Tallinn (Estonie), les 4 et 5 décembre 2008

Date limite d'envoi des propositions : le 9 novembre 2008

Dans ce colloque interdisciplinaire, nous entendons nous interroger sur les notions de préface et de compte rendu. On pourrait dire, tout simplement et naïvement, que les préfaces font partie intégrante des livres que celles-ci introduisent, tandis que les comptes rendus sont généralement séparés des livres auxquels ils se réfèrent ou, encore, que les préfaces ont pour fonction d'introduire et que les comptes rendus ont pour fonction de commenter. En réalité, on sait bien que les préfaces sont écrites a posteriori et que celles-ci, plutôt que de se limiter à introduire l'ouvrage de référence, constituent de véritables textes à part entière qui expliquent et souvent reformulent les processus narratifs et discursifs mis en oeuvre dans le texte présenté. À leur tour, bien que les comptes rendus soient effectivement écrits a posteriori, les liens qui s'instaurent entre ceux-ci et le texte de référence sont également complexes et étroits : d'une part, un compte rendu est souvent rédigé sous les traits linguistiques du résumé ; de l'autre, il doit comporter les caractéristiques typiques de la critique (positive ou négative). Comment l'explication et/ou le résumé, la reformulation et/ou la critique se combinent, s'organisent et se distribuent dans les préfaces et dans les comptes rendus ? S'agit-il d'opérations discursives différentes ou existent-il des convergences ? Les moyens langagiers mobilisés pour ce faire sont-ils distincts ou semblables ? Et encore, peut-on considérer les préfaces et les comptes rendus comme des véritables genres à part entière ? Finalement, de quelle manière les préfaces et les comptes rendus sont-ils fabriqués dans des domaines différents (en anthropologie, sociologie, histoire, etc.) et comment deviennent-ils spécifiques pour chaque discipline ? En définitive, ces deux types de texte constituent un ensemble (les textes liminaires) sur lequel on peut réfléchir sémiotiquement et linguistiquement (1) comme un tout cohérent (en soi) et (2) comme un macro-signe (qui dépend de la référence spécifique que ces formes discursives et narratives établissent avec le texte qu'elles introduisent ou commentent).

Dans le domaine de la narratologie littéraire, Gérard Genette a consacré une étude aux textes liminaires ou ‘seuils' (Genette G., Seuils, Seuil, Paris, 1987) en y incluant des formes textuelles telles que les citations, les titres, les en-têtes, les préfaces, les dédicaces, les notes en bas de page, les commentaires critiques, les parodies, les traductions, etc. Dans notre perspective, la focalisation sur le caractère typologique des textes liminaires est moins centrale. Nous voudrions, d'une part, restreindre le thème du colloque aux préfaces et aux comptes rendus et, de l'autre, élargir la recherche aux analyses du contenu de ces textes dans une visée interdisciplinaire et interculturelle. Bien que les dimensions linguistiques et sémiotiques soient importantes pour l'étude des préfaces et comptes rendus, il faut encore souligner que cette problématique ouvre la voie aux questionnements philosophiques concernant le sens à donner aux concepts d' « introduction » et de « commentaire critique ». Que signifie au fond introduire ou commenter quelque chose ? Que veut dire plus exactement ouvrir ou conclure ? Quel sens donner aux notions de début et de fin, de précédent et de suivant, de totalité et de partie ? De ce point de vue, notre objectif est également fondé sur une archéologie du savoir (Foucault M., L'archéologie du savoir, Gallimard, 1969). Comme nous le rappelle Foucault, les genres textuels sont des formations discursives dont la configuration sémantique dépend de la diversité des stratifications culturelles et historiques. Peut-on considérer les préfaces et les comptes rendus en tant que genres à étudier comme des dispositifs qui impliquent une définition de ce qu'on entend par « scientifique » et par « non scientifique » ? On sait bien qu'en anthropologie, par exemple, les préfaces ont longtemps été un emplacement textuel de ce qu'on ne pouvait pas dire dans les monographies de terrain : émotions, annotations personnelles, difficultés rencontrées sur le terrain, stratégies textuelles, choix théoriques, etc. Ce développement historique en anthropologie est-il comparable dans d'autres disciplines ? Quelle est la relation qui s'instaure entre les textes liminaires et la fonction-auteur (dont parle Foucault en philosophie et Geertz en anthropologie) ?

Dans ce colloque, nous suivons deux directions complémentaires : (i) en écartant les textes liminaires en littérature, nous entendons nous concentrer plus particulièrement sur l'étude des préfaces et des comptes rendus dans les sciences humaines et sociales (comme l'anthropologie, la sociologie, l'histoire, les sciences du langage, etc.) ; (ii) nous voulons nous concentrer sur la signification des préfaces et des comptes rendus, sur leur contenu narratif et discursif afin de souligner les éléments qui les caractérisent en tant que textes appartenant à des disciplines spécifiques (cf., par exemple, l'analyse de Greimas A. J., « Des accidents dans les sciences dites humaines. Analyse d'un texte de G. Dumézil » in Du sens II, Paris, Seuil, 1983 ; Schaeffer J.-M., «Note sur la préface philosophique», Poétique, 69, févr. 1987 ; Montes S., « Just a Foreword? Malinowski, Geertz and the Anthropologist as Native », Sign Systems Studies, 4, 2008). Ce colloque est ouvert à des spécialistes de disciplines aussi diverses que la linguistique, la sémiotique, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, etc. Nous acceptons aussi bien les communications qui se proposent d'analyser une seule préface (ou un seul compte rendu) que les communications qui traitent de manière plus élargie de la relation qui existe entre la configuration sémantique de ces textes et la formation discursive des genres spécifiques.

 À titre d'exemple, nous proposons une liste non exhaustive d'axes de recherche potentiels :

l'organisation interne aux préfaces et comptes rendus (le texte linguistique et sémiotique en soi); la référence extérieure des préfaces et des comptes rendus (la relation qui relie les préfaces et les comptes rendus aux livres introduits ou commentés) ; les traits contrastifs ou similaires qui s'instaurent entre les préfaces et les comptes rendus ; les contenus (et la formations de contenus) des préfaces et des comptes rendus dans des pays ou des cultures spécifiques ; l'analyse du genre caractérisant les préfaces et/ou les comptes rendus ; les définitions implicites ou explicites des concepts d'« introduction » et de « commentaire » dans les préfaces et comptes rendus ; l'étude de l'efficacité des méthodologies (en anthropologie, sémiotique, linguistique, etc.) et le niveau de construction des métalangages impliqués dans l'étude des préfaces et des comptes rendus ;  ….

Comité scientifique :

Jeanne-Marie Barbéris, Lorenzo Cañás Bottos, Marge Käsper, Eric Landowski, Aleksandra Ljalikova, Stefano Montes, Daniele Monticelli, Kestutis Nastopka, Ülar Ploom, Rein Raud, Licia Taverna, Steven Tötösy de Zepetnek.

Organisation :

L'Institut Estonien des Études Humaines (EHI) et la Section d'Études Françaises de l'Institut des Langues et Cultures Germaniques et Romanes de l'Université de Tallinn.

Avec le soutien de la Fondation Scientifique de l'Estonie (Subvention n° 7698).

Informations pratiques :Date limite de soumission des propositions : 9 Novembre 2008.Résumé de la proposition : 250-300 mots.Langues de travail : français et anglais.Durée des communications : 20 minutes.

Les actes du colloque seront publiés

Envoi des propositions et autres renseignements :

Licia Taverna (licia.taverna@tiscalinet.it) ou Marge Käsper (marge.kasper@ut.ee)