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Pratiques et théories du sens, séminaire annuel

Pratiques et théories du sens, séminaire annuel

Publié le par Marielle Macé

Ecole Doctorale “Pratiques et théories du sens”

SEMINAIRE ANNUEL

Mardi 7 Juin 2005 : 9h30-12h30 et 14h30-17h30 - salle B 106

Ecritures

(Coordination : Jacques Neefs, Equipe Littérature et Histoires ; Christophe Pébarthe, Centre de recherches historiques)

9h30-10h30 / Philippe CLANCIER (Université Paris VIII) : “ Réflexions sur les supports d'écriture en Mésopotamie ancienne ”.

Il existe trois grandes périodes, en Babylonie, pour lesquelles nous disposons d'une très vaste documentation écrite : la troisième dynastie d'Ur (2112-2004), la période paléo-babylonienne (2004-1595) et enfin la période néo-babylonienne (premier millénaire). L'originalité de cette dernière période, particulièrement dans la deuxième moitié du premier millénaire, est que le nombre très impressionnant de tablettes conservées (plusieurs dizaines de milliers) n'est pas véritablement représentatif de la production écrite de l'époque. En effet, la langue araméenne, alors dominante en Babylonie mais écrite sur des supports périssables, ne nous est pas parvenue. Il existe cependant des tablettes, contrats passés dans le milieu des temples d'Uruk, qui font explicitement référence à des originaux en araméen. C'est le choix d'écrire telle ou telle langue qui sera donc au centre de cette intervention, choix éclairant les pratiques culturelles mais aussi administratives, politiques et judiciaires.

10h30-11h30 / Christophe PEBARTHE (Université Paris VIII) : “ Choisir de ne pas écrire la démocratie à Athènes à l'époque classique (Ve-IVe siècles) ”.

Les historiens ont depuis longtemps constaté l'absence de traités antiques favorables à la démocratie. Les sources concernant les institutions démocratiques des cités grecques émanent de penseurs qui leur sont défavorables voire hostiles. L'explication généralement retenue consiste à opposer la parole démocratique à l'écriture oligarchique. Le choix de la démocratie implique-t-il de choisir de ne pas écrire mais de parler ? Cette contribution se propose d'apporter des éléments de réponse à cette question.

11h30-12h30 / Jacques NEEFS (Université Paris VIII) : “ “Une longue phrase… ”, Flaubert : écrire la fin de Un Coeur simple ”.

Dans les scénarios, plans, esquisses et brouillons de Un Coeur simple, Flaubert prépare minutieusement le dénouement du Conte, en particulier la dernière phrase de celui-ci : à travers ces différents moments on peut suivre le travail de conception et d'expérimentation qui fait la tension de l'écriture en prose telle que Flaubert la conçoit : image, rythme, récit doivent coïncider en un effet d'épuisement et de vision qui font la beauté de cette fin de conte.

Pause-buffet

14h30-15h30 /  Claire BUSTARRET (ITEM) : “ Griffonnages et dessins dans les brouillons d'écrivains : un phénomène marginal ? ”.

La présence de dessins –plus ou moins élaborés, voire de simples griffonnages– sur les pages des brouillons d'écrivains est beaucoup plus fréquente qu'on ne le pense, car le processus éditorial courant tend à les effacer. Loin de se limiter aux cas célèbres des écrivains-dessinateurs (ou peintres), un rapide inventaire permet de situer ce phénomène méconnu en relation à l'activité de production textuelle la plus banale. Afin de caractériser ces graphismes qu'il serait vain d'isoler de la page écrite, sera abordé, en particulier l'exemple de l'autoportrait figuratif.

15h30-16h30 / Jean-Louis FOURNEL (Université Paris VIII) : “ Ecrire la guerre et échapper à Florence : la rédaction de l'Histoire d'Italie (1535-1540) par Francesco Guicciardini ”.

Choisir d'écrire l'histoire à Florence était la chose la plus naturelle du monde dans les grandes familles patriciennes entre le XIIIe et le XVIe siècle : cela signifiait noter pour soi, et, surtout, pour ses descendants, une série de faits, d'événements et de sentences qui constituaient la matière de livres de raisons déclinables sous des formes variées (ricordanze, ricordi, memorie di famiglia). Francesco Guicciardini (1483-1540) passa aussi par ces pratiques-là d'écriture mais, cette intervention tentera de le montrer, il les transforma radicalement.

16h30-17h30 / Michèle RIOT-SARCEY (Université Paris VIII : “ De la nécessité d'écrire la République pendant la Révolution de 1848 ”.

De la révolution à la République ou les enjeux de l'écriture de l'événement au moment de son avènement.

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Sur les intervenants :

Philippe Clancier est ATER à l'Université Paris VIII. Il est assyriologue, spécialiste des périodes achéménide, séleucide et parthe, et achève une thèse sous la direction de Francis Joannès (Paris VIII). Ses recherches portent principalement sur l'histoire intellectuelle à travers l'étude des fonds savants de tablettes cunéiformes en akkadien et sumérien dans ce que l'on peut véritablement appeler des bibliothèques (temples et domaine privé). Il étudie actuellement les relations entre les différentes langues écrites en Mésopotamie durant cette période et, particulièrement, le rapport entre l'akkadien/sumérien sur argile et l'araméen, puis le grec, sur parchemin.

Christophe Pébarthe est maître de conférences en histoire grecque à l'Université Paris VIII. Il travaille sur l'alphabétisation du monde grec antique, en particulier de la cité d'Athènes à l'époque classique. Il va publier cette année Cité, écriture et démocratie. Histoire de l'alphabétisation d'Athènes à l'époque classique, De Boccard. Il vient de co-éditer avec Alain Bresson et Anne-Marie Cocula L'écriture publique du pouvoir, Ausonius.

Jacques Neefs est professeur au département de Littérature française à l'Université Paris VIII et à l'Université Johns Hopkins. Il est responsable du Programme Flaubert de l'Institut des Textes et Manuscrits Modernes du C.N.R.S., et directeur de l'École doctorale “ Pratiques et théories du sens ” de Paris VIII. Il a publié de nombreuses études sur l'histoire et les théories du roman, sur la génétique textuelle, et plus particulièrement sur Balzac, Flaubert, Stendhal, Claude Simon, George Perec. Il a édité Madame Bovary de Flaubert (Le livre de Poche Classique, 1999). Il prépare, en collaboration, l'édition de La Tentation de saint Antoine et de Bouvard et Pécuchet pour l'édition en 5 volumes des Oeuvres complètes de Flaubert, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.

Claire Bustarret est ingénieure de recherche à l'ITEM (CNRS), responsable du programme “ Techniques et pratiques de l'écrit ”. Spécialiste en Codicologie moderne (XVIIIe-XXe s.), elle a publié plusieurs articles consacrés à l'analyse matérielle des manuscrits et anime avec Béatrice Fraenkel un Atelier méthodologique consacré aux objets écrits (ITEM/EHESS). Elle a dirigé en 1997 un numéro de la revue Word & Image, et organisé un colloque international en 2002 consacré aux dessins dans les manuscrits littéraires. Elle prépare un ouvrage sur l'autoportrait d'écrivain.

Jean-Louis Fournel est professeur au département d'études italiennes à l'Université Paris VIII. Il travaille sur l'histoire de la pensée politique italienne de la Renaissance et l'histoire de la rhétorique. Il a publié, en collaboration avec Jean-Claude Zancarini, différentes traductions commentées de Savonarole (Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Editions du Seuil, 1993), Machiavel (Le Prince, PUF, 2000) et Guicciardini (Histoire d'Italie, Bouquins Laffont, 1996, Ecrits politiques, PUF, 1997). Plus récemment, il est aussi l'auteur, toujours en collaboration avec Jean-Claude Zancarini, de Les guerres d'Italie. Des batailles pour l'Europe (Gallimard, 2003) et de La politique de l'expérience. Savonarole, Guicciardini et le républicanisme florentin (Edizioni dell'Orso/ENS Editions, 2002). Il prépare actuellement un ouvrage sur la "Géopolitique de Tommaso Campanella" et un recueil d'essais sur "La nouvelle langue de la politique républicaine à Florence au XVIe siècle".

Michèle Riot-Sarcey est professeure d'histoire contemporaine à l'Université Paris VIII. Elle est  spécialiste de l'histoire politique du XIXe siècle et a publié plusieurs travaux sur le genre (Histoire du féminisme, Paris, 2002) et les utopies (Le réel de l'utopie. Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, 1998 ; avec Thomas Bouchet et Antoine Picon dir., Dictionnaire des Utopies, Paris, 2002).