Revue
Nouvelle parution
Pouvoir des fables (Parages, n°3)

Pouvoir des fables (Parages, n°3)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Laurent Margantin)

Le numéro 3 de la revue Parages

Parages est la revue des élèves de l'Ecole Normale Supérieure. Le numéro 3, paru ce printemps, est consacré au « pouvoir des fables », après un deuxième numéro sur le voyage. C'est surtout la partie critique qui rend le dernier numéro particulièrement intéressant (que salue Julien Gracq sur le site de la revue). On remarque une grande liberté de ton et d'esprit, et un souci de se dégager d'un certain climat critique propre à la France. Parages se réclame de Schopenhauer : « La première condition d'un bon style, c'est d'avoir quelque chose à dire ». Pour les auteurs de la revue c'est bien ce « quelque chose à dire » qui manque à la littérature étudiée et encensée par l'Université française et surtout par un certain mandarinat structuraliste qui domine encore les études littéraires. On appréciera ou pas le ton polémique adopté, mais on reconnaîtra qu'il permet aux auteurs de dégager un espace de recherche et de pensée propice à l'apparition d'une écriture plus tonique et moins préoccupée des seules questions formelles. Parages participe d'un grand mouvement critique moderne qui attend de l'écrivain ou de l'artiste qu'il recommence à exister en fonction d'expériences existentielles fondamentales, et pas seulement selon des critères littéraires définis par l'université et qui bien souvent appauvrissent l'activité littéraire elle-même (d'où les attaques visant certains auteurs de Tel Quel, trop à l'écoute des sirènes structuralistes). Particulièrement représentatif de cette approche, l'article de Charles Stépanoff, « Les éplucheurs d'artichauts », qui évoque le « sentiment de réalité » que doit provoquer l'écriture littéraire, et note un « profond décalage entre les préoccupations des auteurs contemporains et les partis pris d'une critique théoricienne sclérosée, incapable de renoncer à ses problématiques formalistes ». Et l'auteur de conclure par un verdict sans appel : « On est en droit de considérer que les intuitions de la Nouvelle critique ne sont pas des intuitions, mais des constructions et des vues de l'esprit. Il y a à dénaturaliser ces thèses, reconnaître leur étrangeté, et renoncer à l'existence de nombre d'objets douteux, comme celui de « littérature pure » qui occulte les oeuvres. » À lire également dans ce numéro : des poèmes et des récits, un essai sur la nouvelle selon Borges, Magie du récit chez Woddy Allen. Pour plus d'informations, consulter le site de la revue (où l'on retrouvera les textes des deux premiers numéros) : http://www.parages.ens.fr