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Appels à contributions
Pour une préhistoire de la revue de théâtre

Pour une préhistoire de la revue de théâtre

Groupe de recherches inter-universitaire et interdisciplinaires sur les revues de théâtre

Coordination : Marco Consolini (P. III), Sophie Lucet (P. VII), Romain Piana (P. III)

Appel à contribution pour la journée d’études qui se tiendra à la Bibliothèque Seebacher (bibliothèque du XIXème siècle), avec l’appui de l’équipe « Littérature et civilisation du XIXème siècle », CERILAC, de Paris VII (Université Paris-Diderot, Bâtiment des Grands Moulins, 13, rue Marguerite Duras, 75013), samedi 16 juin 2012

Comité scientifique : Claude Millet, UFR LAC, Université Paris-Diderot, Marco Consolini, IET, Paris III Sorbonne Nouvelle, Romain Piana, IET, Paris III, Sorbonne Nouvelle ; Sophie Lucet, UFR LAC, Paris-Diderot.

Contact : Sophie Lucet (Paris VII) : sophie.lucet@wanadoo.fr, ou bien sophie.lucet@numericable.fr

Proposition à faire parvenir avant le 15 mars 2012.

 

« Pour une préhistoire de la revue de théâtre » :

Les années 1870-1914 voient surgir dans le paysage de la presse et des revues françaises un certain nombre de titres de périodiques consacrés au théâtre – certains plus éphémères que d’autres (et pour un grand nombre encore très peu répertoriés) – témoignant de tentatives menées dans des directions diverses pour fonder un espace éditorial neuf. A côté de la critique dramatique des quotidiens et du magistère du feuilleton, à côté d’une presse des spectacles (parfois illustrée) florissante, mais à vocation largement commerciale ou professionnelle, apparaissent des titres dont le projet vise à renouveler la documentation des formes variées et des évolutions du théâtre contemporain, en cherchant à rendre compte du fait théâtral dans sa totalité, dans une perspective artistique et soucieuse d’esthétique théâtral. C’est à un premier état des lieux de cette émergence de la « revue de théâtre » que se consacrera la journée.

L’étude ancienne, toujours exemplaire, d’André Veinstein, sur l’histoire des théâtres d’art envisagés à partir de leurs périodiques (Librairie théâtrale, 1955), a montré tout l’intérêt de l’étude de ce type de publication, et l’importance des petites revues attachées aux entreprises pionnières d’Antoine, de Paul Fort, et de Lugné-Poe notamment, dans le contexte d’une affirmation nouvelle de l’art de la mise en scène. Dans cette direction, il conviendrait d’identifier et d’étudier d’autres revues attachées à des scènes et à des expériences théâtrales spécifiques (en France, mais aussi ailleurs en Europe) ; en ré interrogeant dans cette perspective le cas de La Revue wagnérienne (1886-1888), ou en regardant, par exemple, du côté de l’expérience des Meininger.

Il paraît nécessaire également d’élargir l’enquête à d’autres titres, à d’autres modèles éditoriaux, dans le contexte d’une expansion sans précédent de la presse spécialisée. L’apparition d’une revue de type encyclopédique comme La Revue d’art dramatique, fondée sur le modèle de La Revue des deux mondes, est représentative, par exemple, des évolutions et des tentatives de l’époque, puisque entre 1886 et 1909, elle connaît des formules très différentes (entre revue institutionnelle et revue indépendante, revue généraliste, revue d’art et revue militante). Par ailleurs – et avant que Comoedia, quotidien uniquement consacré au théâtre, ne voie le jour en 1907 – de nombreuses autres revues de théâtre sont en concurrence les unes avec les autres, un phénomène rendu probablement plus aigu par l’entrée en force de la photographie dans l’espace de la revue, comme en témoignent les exemples du Théâtre (1897-1921) et de L’Art du théâtre (1901-1907). A côté de ces périodiques de théâtre, plus ou moins solidement implantés dans le paysage de la presse – et en amont, leur traçant la voie en quelque sorte – l’on peut identifier bien d’autres projets de revues consacrés aux « choses de théâtre », plus éphémères et très variés, qui doivent également retenir l’attention : parmi tant d’exemples, Le Théâtre de Jules Bonassies, en 1874 ; Les Premières illustrées de Raoul Toché (1882-1888) L’Indépendant théâtral de Gaston Devore (1888) ; Le Scapin (1885-1887), Mascarille (1892), Art et critique de Jean Jullien (1890-1891); La Vie théâtrale d’Emile Mas (1894), L’Art et la scène (1896-1897), La Rampe illustré(1898-1908), etc.

 Elargissant le geste traditionnel de la critique dramatique, les revues de théâtre dans le dernier tiers du XIX siècle proposent ainsi des modalités très variées d’accompagnement du mouvement théâtral ; elles prennent acte également de leur inscription dans une histoire du théâtre, et travaillent diversement à renouveler les questionnements sur la mémoire de l’éphémère et les archives du spectacle.

Les interventions proposées dans le cadre de cette journée d’étude porteront principalement sur des études de cas – connus et moins connus – permettant d’illustrer l’intérêt des études « revuistes » dans le domaine du théâtre, avant 1914, de prendre la mesure de la richesse du corpus à défricher, de préciser les questionnements. Dans la perspective d’une préhistoire de la revue de théâtre, il convient aussi certainement de regarder en amont de la période considérée, sans craindre de remonter jusqu’au Monde dramatique de Gérard de Nerval, qui propose, en 1830, la formule pionnière d’un journal de critique dramatique, et constitue l’un des moments fondateurs probablement de cette histoire que nous tentons de retracer et d’interroger.