Questions de société
Position du bureau de la section Snesup de Rennes 2 sur la formation des enseignants (02/06/09)

Position du bureau de la section Snesup de Rennes 2 sur la formation des enseignants (02/06/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Position du bureau de la section SNESup de Rennes 2 sur la formation des enseignants (2 juin 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2683

La formation des enseignants

1/ Le Snesup Rennes 2 est conscient que la question dela formation des enseignants est un enjeu crucial pour notreuniversité : les chiffres sont en effet éloquents (1) : la moitiéenviron des étudiants qui, après avoir obtenu leur Licence, poursuiventleurs études, s'inscrivent dans des préparations concours et, parmieux, 93% choisissent des concours de l'enseignement.

2/ Mais plus largement, cette question intéresse tousles citoyens et les décisions qui vont être prises en matière deformation des enseignants auront des conséquences à long terme sur lasociété toute entière.

3/ Nous savons d'autre part que le dispositif actuel derecrutement et de formation initiale n'est pas satisfaisant et noussommes favorables à une réforme qui permette la revalorisation de laformation – disciplinaire et professionnelle – et une revalorisationdes carrières des futurs enseignants du primaire et du secondaire. Noussommes aussi bien conscients qu'il est urgent de réfléchir à lareconnaissance des acquis des candidats qui échouent aux concours, afinnotamment de permettre de véritables réorientations.

4/ Cependant, dès la publication des premiers textesconcernant le projet ministériel dit de « Mastérisation », nous noussommes aperçus que les réformes de Xavier Darcos et Valérie Pécresseallaient à l'encontre des intérêts des étudiants, car elles conduisentà une détérioration de la formation des enseignants – soit sur le plandisciplinaire que professionnel – et à une dévalorisation desconditions de travail, engendrant toute une série de problèmesinsolubles (financement des études prolongées ; articulation entre« Master Enseignement » et « Master disciplinaire » – recherche et pro– ; un M2 infaisable entre concours, formation professionnelle,formation à la recherche… ; l'obtention d'un « Master Enseignement »sans avoir été admis au concours avec pour conséquence la précarisationdu métier d'enseignant, etc…).

C'est pourquoi nous nous sommes, depuis octobredernier, engagés dans un combat qui a localement fait l'unanimité :nous avons ainsi réussi, grâce à une dynamique devenue nationale, àbloquer la réforme ministérielle, en ne faisant pas remonter lesmaquettes de master.

5/ Or, la machine ministérielle s'est remise enmarche : ont été en effet publiés la semaine dernière les décrets quifixent les nouvelles conditions de candidature aux concours de PE, duCAPES et de l'agrégation à partir de 2010, tout comme les conditions denomination comme fonctionnaire-stagiaire des candidats admis auconcours des professeurs des écoles et du CAPES.

D'autre part, les décrets définissent aussi les mesurestransitoires pour l'année 2009-2010, qui amorcent le processus de« masterisation ». Par conséquent, est ainsi défini un modèle deformation des futurs enseignants et donc d'organisation du cursus,alors que la commission Marois-Filâtre ne vient que de commencer sestravaux. Les intentions du ministre n'ont jamais été aussi claires : àpart la volonté d'humilier encore une fois la communauté universitaire,il s'agit d'imposer une vision purement technique des « mastersenseignement » : peu importent le type de formation, les savoirsacquis, etc…, seuls comptent le cadre et l'étiquette accolée au diplômede Master qui permettront au ministère de recruter des étudiants ayantéchoué au concours, mais qui seront titulaires d'un master. Ces arméesde précaires rendront à court terme caducs les concours…

6/ Il nous paraît par conséquent vital de demander leretrait de ces décrets. D'autre part, nous refusons avec forcel'application de la circulaire de la DGESIP du 14 mai 2009 qui définitles mesures transitoires pour l'année 2009-2010 et qui, en particulier,prévoit une inscription en M1 des futurs candidats au concours dans lescomposantes universitaires. Ce dispositif nous paraît dangereux pourles raisons suivantes :

a/ Il nous engage dans un processus, celui de la« Mastérisation à la sauce Darcos » contre lequel nous nous battonsdepuis plusieurs mois et qui, une fois engagé, sera impossible àcontrer ;

b/ Il engendre de la confusion chez les étudiants etchez les enseignants formateurs : quel est le point d'articulationentre ces « masters avec un parcours prépa concours » et les mastersdéjà existants (pro et recherche) ; jusqu'à présent, un certain nombred'étudiants qui souhaite préparer les concours – une majorité danscertaines disciplines – suit d'abord un M1 recherche pour parfaire saformation : mais comment choisir entre « Master enseignement » et« Master rencherche » ? ; les étudiants qui échouent au concours, dansquel M2 pourront-ils s'inscrire, etc… ?

En fait, la plupart des questions que nous nous posionsà l'automne dernier lors de l'élaboration des maquettes et qui nousavaient poussés à refuser la « mastérisation » et à ne pas faireremonter les maquettes de Master, reviennent sur le tapis…

c/ Il entérine la fracture entre PLC et PE, puisque,pour ces derniers, par convention, une inscription à l'IUFM vaudrainscription en M1 : or, nous souhaitons dépasser ces clivages afind'élaborer des projets de formation des enseignants auxquelsparticiperaient tous les acteurs impliqués (IUFM, universités).

7/ Pour toutes ces raisons, nous sommes favorables aux mesures transitoires suivantes :

Inscription des candidats au CAPES dans une « Prépa CAPES » (sur le modèle des prépa agrégation), et non pas dans un M1 existant.Cette inscription « étape » devra être dotée d'une structurepédagogique dont le CEVU sera chargé de construire le cadre deréférence qui permettra la validation de crédits par des commissionspédagogiques. Les étudiants qui échouent au concours pourront ainsivalider des unités d'enseignement dans des formations existantes.

Note :

1) étude menée par l'Observatoire du suivi des parcoursétudiants et de l'insertion professionnelle – OPEIP, sur les étudiantsayant obtenu leur licence en 2006.