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Portes et seuils au Siècle d'Or (Lyon)

Portes et seuils au Siècle d'Or (Lyon)

Publié le par Marc Escola (Source : Fernando Copello)

Le centre de recherches CRISOL 16-17, consacré à l'étude des réalités et représentations aux XVIe et XVIIe siècles, organise un colloque international à Lyon les 18-19 janvier 2018. Cette fois le sujet retenu est celui des portes et des seuils. Les propositions de communication de 900 caractères maximum doivent être envoyées avant le 30 avril 2017 à nathalie.dartai@univ-lyon2.fr. Les langues du colloque seront le français et l'espagnol.

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La porte est un seuil [...] qui distingue et en même temps associe dehors et dedans. Point d’incertitude pour elle aussi bien que pour celui qui la regarde, sur une limite qui n’interdit rien, mais bien au contraire permet le passage d’un terme à l’autre. Entre la maison et la rue, le seuil marque la différence, assure l’échange.[1]

Le mot français « seuil » est, selon son étymologie, l’élément fixe qui signale l’entrée dans la maison. Dérivé du latin solum il indique le fondement, la base. Il est donc limen inforium (dalle), mais aussi limen superum (linteau). Le mot espagnol « umbral » est porteur d’une identique valeur sémantique, selon la définition donnée en première acception par le dictionnaire de la Real Academia Española : « parte inferior o escalón, por lo común de piedra y contrapuesta al dintel, en la puerta o entrada de una casa »[2].

Réfléchir sur le concept de seuil amène à concevoir le passage dans une dynamique signifiante ; elle entraîne la jonction entre deux espaces distincts, souvent opposés : extérieur / intérieur, lumineux / obscur, public / privé, profane / sacré. Cela suppose un acte délibéré de franchissement qui tient dans un instant éphémère, un présent insaisissable. Le seuil, entendu dans sa dimension architecturale (celle de la maison, du quartier et de la ville) devra être envisagé dans sa double valence spatiale et temporelle.

Il est pluridimensionnel car il recouvre à la fois un point limitrophe et un espace intermédiaire. Lieu de transition, il devient un indice concret de la limite qu’il matérialise. Sa spatialité est exiguë car définie par le franchissement, interdit ou autorisé, qui acquiert une dimension rituelle : « Passer le seuil, c’est s’agréger à un monde nouveau »[3].

L’ambivalence du seuil renvoie à la dualité symbolique de la figure de Janus, dieu des passages et gardien des portes, qui veille sur le passé comme sur le futur et protège à la fois l’en-deçà et l’au-delà de l’espace dont il marque la transition. Il rapproche et il exclut, il est fait de porosité et d’imperméabilité. Selon l’usage, il peut devenir le lieu d’une véritable dramatisation des relations qui s’y installent, l’accueil ou le rejet impliquant l’alliance et la réconciliation ou l’exclusion et le renoncement.

C’est le fondement du conflit tragique qui est implicitement convoqué tel que Roland Barthes le conçoit : « […] la Porte. On y veille, on y tremble ; la franchir est une tentation et une transgression »[4].

Ouvert sur l’espace domestique ou intime, le seuil va donner la pleine mesure de sa potentialité dramatique et de sa rentabilité symbolique dans les intrigues théâtrales et romanesques ainsi que dans le discours poétique. De même, dans l’iconographie, la porte ouverte apporte la perspective vers un hors champ suggéré par le peintre.

Ainsi donc, les espaces liminaires, véritables lieux-temps, favorisent la confrontation avec l’altérité et s’ouvrent sur l’expérience majeure de la découverte.

 

 

[1] Georges Banu, La porte au cœur de l'intime, Paris, Arléa, 2015, p. 33.

[2] R.A.E., éd. de 1995, tomo II, p. 2045.

[3] Arnold Van Gennep, Les rites de passage, Paris, E. Nourry, 1909, plus particulièrement le chapitre II, « Le passage matériel » (citation p. 27).

[4] Roland Barthes, Sur Racine, Paris, Seuil, 1963, p. 17.

 

Font partie du Comité Scientifique du colloque: 

Jean-Pierre ETIENVRE, Universidad Paris-Sorbonne (France)

Ruth FINE, Hebrew University of Jerusalem (Israël)

Rafael GONZÁLEZ CAÑAL, Universidad Castilla-La Mancha (Espagne)

Augustin REDONDO, Universidad Sorbonne-Nouvelle-Paris 3 (France)

Melchora ROMANOS, Universidad de Buenos Aires (Argentine)

Brigitte URBANI, Aix-Marseille Université (France)

Lillian VON DER WALDE MOHENO, Universidad Autónoma Metropolitana, Iztapalapa(Mexique)