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Poétiques de l’algorithme: objets médiatiques «non-identifiés» (Liège)

Poétiques de l’algorithme: objets médiatiques «non-identifiés» (Liège)

Publié le par Marie Minger (Source : Groupe ACME)

Appel à contribution

Poétiques de l’algorithme: objets médiatiques «non-identifiés»

Université de Liège (Belgique), 16-18 juin 2016

 

Le colloque international Poétiques de l’algorithme: objets médiatiques «non-identifiés» aura lieu à l’Université de Liège (Belgique; du 16 au 18 juin 2016) et se penchera sur la fiction interactive, les apps, la bande dessinée numérique, les jeux vidéo, la littérature électronique et ces autres «nouveaux» médias. La conférence accueillera des communications ainsi que des tables-rondes, ateliers et panels. Nous invitons à participer des chercheurs aussi bien que des artistes, auteurs, programmeurs, développeurs, praticiens, designers, etc.

Description

Le «code-source» du récit et de nos manières de raconter est depuis quelques années l’objet d’un changement radical. Les nouvelles technologies transforment la manière dont les textes sont produits, distribués, lus et vus. Le colloque Poétiques de l’algorithme propose de documenter les conséquences d’un tel changement. Des artefacts et des évènements tels que de la littérature au format codex, des albums de bandes dessinées, des expositions, des films, des photographies, voire l’art plastique se retrouvent désormais à portée d’un même écran (tactile). Comment les technologiques numériques ont-elles transformé des médias auparavant perçus comme distincts? La notion de spécificité médiatique serait-elle devenue obsolète depuis que le code binaire et les algorithmes permettent de contourner ces contraintes matérielles?

Le phénomène d’adaptation ou de remédiation d’œuvres low tech vers le format numérique en dit déjà long à ce sujet. Une bande dessinée déjà peu conventionnelle sous format papier, Here de Richard McGuire, fut par exemple adaptée dans une version dite «améliorée» pour tablette. Est-ce que l’idée d’«amélioration» implique que la version papier est inférieure d’une manière ou d’une autre? Et en regardant la version numérique de Here, quels changements cette conversion implique-t-elle pour la simulation d’un voyage dans les abysses du «temps profond», qui ne s’opère plus en tournant la page mais en touchant, zoomant et balayant l’écran des doigts? La transposition du format livresque en application numérique affecte-elle la signification du roman graphique? Comment la création de l’œuvre elle-est touchée par ce changement, puisque le travail d’un seul auteur devient celui d’un projet collaboratif impliquant des concepteurs de logiciel, des codeurs et des programmeurs? Outre la maîtrise de son métier, l’artiste doit-il aujourd’hui être capable de lire et de traiter du code informatique? De plus, ce changement participe aussi de la modification de l’attitude du consommateur de médias numériques, par rapport à un lecteur classique plus passif. En effet, est-ce que le toucher et les protocoles gestuels tels que le zoom, le pinch et le balayage entraînent un paradigme radicalement nouveau, transformant le visible et le dicible, refaisant du monde un lieu étrange et méconnaissable? Quelles sont les nouvelles habitudes physiques et cognitives qui émergent dans un tel contexte?

Ces questions nous mènent directement à la politique d’une poétique post-média, un des axes principaux de cette conférence. Comment penser de façon constructive la relation entre l’exploitation économique (souvent néocoloniale) qui rend possible l’existence de ces nouveaux médias et leurs beaux matériaux brillants qui semblent justement être réfractaires au déchet et à la crasse? Les modes de production lents, sales et artisanaux (typographie, livres d’artiste, taches de peinture, gravure, etc.) peuvent-ils être lus comme des critiques d’une ère numérique supposée accélérationniste, ou bien s’agit-il de symptômes d’une nostalgie post-média?

Enfin, si la configuration matérielle de la littérature, de la bande dessinée, de l’art et d’autres médias est en train de changer, comment ce changement devrait-il se répercuter dans notre approche méthodologique? Est-ce que la recherche et la critique devraient aspirer à une existence multi-média? Comment les humanités numériques peuvent-elles répondre à ces défis?

Il ne s’agit là que d’une poignée de questions que le colloque espère soulever. D’autres pistes à explorer incluent, mais ne sont pas limitées à:

- Intermedialité, transmedialité, remédiation, archéologie des médias
- La notion d’auteur vs. la création numérique comme production collaborative, ou la délégation de l’auteur à une équipe de production («outsourcing»)
- Jeu vidéo, bande dessinée et narration
- Bande dessinée numérique, expérimentations numériques avec le langage de la bande dessinées, webcomics
- Littérature interactive
- L’(anti)-narration des mèmes
- L’être-au-monde vs. l’être-avec-Siri/Cortana
- Écrans plats ou textures rugueuses: dessiner sur tablette et dessiner sur papier avec plume, encre, et peinture
- Médias ‘obsolètes’ à l’ère d’un hyper-capitalisme algorithmique
- L’art de coder et faire de l’art avec du code
- Logiques (non)-séquentielles: narration et structure en bases de données
- Internet et archives numériques
- Phénoménologie du numérique
- Gestuelles du récit numérique: point-and-click, scrolling, touch
- Poétiques, conventions et genres de la narration numérique
- Frontière entre jeu vidéo, app-novel et narration interactive
- Médias expérimentaux ‘non-identifiés’
- Capitalisme et nouveaux médias; économie politique
- L’obsolescence médiatique, déchet, débris électroniques, codes perdus
- Saleté et technologie: pannes, bugs, déformations, bruit, piratage
- Les avant-gardes numériques
- Art, autonomie et l’app-store
- Le chercheur-codeur, nouvelles pratiques de recherche, big data et humanités numériques
- …

Modalités de soumission des communications

Les propositions de communication (500 mots maximum) devront nous être adressées, avant le 11 janvier 2016, à l’adresse suivante acme.bdresearch@gmail.com
N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour toute information complémentaire.