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Poésie et droit aux XIIIe et XIVe s. (Göttingen)

Poésie et droit aux XIIIe et XIVe s. (Göttingen)

Publié le par Marc Escola (Source : Enrica Zanin)

Poésie et droit aux XIIIe et XIVe s.

Dans l’histoire de l’Europe occidentale, la relation entre poésie et jurisprudence évolue d’une phase de réciprocité bénéfique et ensuite d’assimilation, jusqu’à une séparation radicale entre poésie et droit, où toute forme de réciprocité est exclue. En effet, aux XIIIe et XIVe siècles, les liens entre poésie et droit en Europe occidentale sont très étroits, au point que l’une paraît impensable sans l’autre. Les premiers textes poétiques en langue vernaculaire apparaissent à la suite de l’essor du droit et des juristes. On trouve à ce sujet une liste importante d’exemples en Italie et en Angleterre. L’essor de la poésie italienne à la cour de l’empereur Frédéric II est dû à l’action de fonctionnaires ayant une formation juridique ; les débuts de la littérature anglaise sont liés, entre autres, à l’œuvre foisonnante d’un étudiant en droit et homme de cour : Geoffrey Chaucer. La relation étroite entre poésie et droit est aussi présente du côté de la réception. Parmi les lecteurs et promoteurs des premières œuvres en langue vernaculaire se trouvent massivement des juristes. Toutefois dès le XIVe siècle, en Italie, paraissent les signes d’une concurrence accrue et bientôt d’un éloignement progressif entre droit et poésie.

Le colloque international et interdisciplinaire souhaite appréhender la relation entre poésie et jurisprudence sous trois différents aspects :

1. du côté de la personne. Il faudrait interroger la figure du poète-juriste et éclaircir dans les textes si et comment la formation juridique affecte le travail du poète. Outre l’étude des interférences des cas juridiques et de la casuistique avec les formes simples du récit en prose (qui ont déjà fait l’objet d’analyses), il serait important de considérer leur influence sur les formes poétiques. De plus, il faudrait définir le statut de destinataire des juristes-lecteurs par rapport à celui des marchands et des médecins, ainsi que leur contribution à la littérature. Il serait aussi intéressant d’étudier, si le cas se présente, les premières représentations stéréotypées de juristes-poètes dans l’art et dans les textes (prose ou vers).

2. Du côté des disciplines : pour les XIIIe et XIVe siècles il faudrait reconstituer comment était représentée et évaluée la relation entre droit et poésie ou aussi entre juristes et poètes. Quand et pourquoi se trouvent des points ou des phases de convergence ou de divergence entre les deux ? Dans quelle mesure cette relation évolue différemment dans les pays de l’Europe occidentale ? Comment la discipline du droit en vient encore à se structurer et à se hiérarchiser en son intérieur – par exemple entre droit civil, canonique et formation notariale ? Dans quelle mesure poètes et juristes, en tant que représentants de leur propre discipline, discutent pour savoir qui des deux est le premier à devoir décider, quand le cas se présente, ce qui est juste ou injuste dans une société, et ainsi acquérir du pouvoir et de l’influence sur la vie politique et sur la société ?

3. Du côté des mentalités et du processus de légitimation : à la suite de Ernst Kantorowicz, d’après qui la souveraineté de l’artiste créateur s’inspire aux fictions juridique en droit canonique, nous pouvons interroger d’autres parallélismes possibles, en ce qui concerne la facon de traiter les fictions dans le champ juridiques ou littéraires , ou la facon de penser la nature ou bien l’usage de la rhétorique e des notions conceptuelles.

Le colloque s’adresse à la fois à des philologues, des historiens, ainsi qu’à des historiens de l’art et à des juristes, pour explorer à nouveaux frais la bien connue proximité entre droit et poésie et chercher ainsi à mieux comprendre l’essor de la littérature en langue vernaculaire et la formation de la culture du XIVe siècle, dans une perspective à la fois diachronique et synchronique.

Les propositions peuvent être présentées dans toutes les langues européennes jusqu’au 15 septembre 2015
Le colloque aura lieu à Göttingen, à l’automne 2016. 

Les propositions sont à envoyer à :
Prof. Dr. Franziska Meier
Seminar für Romanische Philologie
Universität Göttingen
Humboldtallee 19
Email: dante.forum@gwdg.de