Questions de société
Piloter l'obéissance, un nouveau concept pour les inspecteurs? par P. Frackowiak (Résistance pédagogique, 04/04/10)

Piloter l'obéissance, un nouveau concept pour les inspecteurs? par P. Frackowiak (Résistance pédagogique, 04/04/10)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Coordination Nationale des Universités)

Sur le blog Résistance pédagogique pour l'avenir de l'école le 04 avril 2010:

Piloter l'obéissance, un nouveau concept pour les inspecteurs ? par Pierre Frackowiak

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Une note officielle, « à l'usage exclusif des inspecteurs de l'Education Nationale » présente « les observables pour l'émission de l'avis de titularisation des professeurs ». Sa première partie, relative aux obligations du fonctionnaire, ne manque pas de surprendre au point de laisser penser que le document est un poisson d'avril. Nous vérifions donc son authenticité mais il est évident que les indications données paraissent crédibles tant elles sont conformes à l'air du temps gouvernemental, aux référentiels de compétences récemment publiés et aux injonctions répétées sur l'air « du fonctionnaire qui fonctionne » et des discours publics du ministre sur l'obligation d'obéissance des enseignants. Si les critères présentés concernent les conditions de titularisation des enseignants nouvellement recrutés, il est évident qu'ils s'appliquent à l'ensemble des enseignants.

1) Agir en fonctionnaire de l'Etat et de façon éthique et responsable

Répondre aux grandes obligations du fonctionnaire :

-          Devoir d'obéissance

  • Ponctualité
  • Respect des horaires
  • Respect des contenus et des programmes
  • Enseignement de toutes les disciplines
  • Autres obligations de service (assiduité, service de surveillance, entrée, récréation…)

-          Discrétion professionnelle

  • Respect et confidentialité des informations détenues sur les familles et les élèves
  • Réserve et absence de mise en cause des fonctionnements de l'institution et de ses personnels

- Comportements inadaptés

  • Contacts physiques avec l'élève, ni coups ni caresses
  • Manque de respect aux élèves, par les mots, les gestes, ou même l'humour
  • Manquement à l'autorité, dérives ou défauts qui peuvent causer la mise en danger des élèves, bousculades, déplacements désordonnés, défaut de surveillance, manipulation d'objets dangereux…

Après les sanctions contre les désobéisseurs, après la multiplication des contrôles de l'exécution des ordres descendant des tuyaux d'orgue de la hiérarchie, parfois renforcés ou alourdis à chacun des niveaux intermédiaires (base élèves, aide individualisée selon un modèle officiel implicite, évaluationnite oppressante, SMA, exigences locales paperassières…), le ministère s'est donné une période d'observation des réactions avant de jeter ses dés. Le développement de l'autoritarisme analysé dans une tribune précédente se confirme, se formalise, s'impose. Et il faut bien dire que les réactions syndicales et politiques ont été bien molles pour le premier degré sur toutes les questions qualitatives, pédagogiques, morales, la lutte contre les suppressions de postes trustant toute l'énergie militante ou ce qu'il en reste, occultant le plus souvent les questions fondamentales de la conception du système éducatif, du choix de société à construire, d'une vision de « l'honnête homme » du 21ème siècle.

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