Essai
Nouvelle parution
Pierre Brunel, Le chemin de mon âme. Roman et récit au XIXe siècle

Pierre Brunel, Le chemin de mon âme. Roman et récit au XIXe siècle

Publié le par Camille Esmein (Source : Editions Klincksieck)

Pierre Brunel

Le chemin de mon âme. Roman et récit au XIXe siècle

Coll. « 19 », Circa 250 pages

Prix public : 17 euros

ISBN : 2-252-03481-5

 

Après une série d'ouvrages sur le roman du xxe siècle (dont deux chez Klincksieck) et de nombreux travaux sur le xixe siècle, Pierre Brunel a voulu remonter vers l'époque qui conduit de Chateaubriand aux débuts de Marcel Proust pour une étude portant sur de grandes oeuvres narratives. Elles peuvent être de vaste étendue, comme Les Misérables, ou au contraire courtes, comme Le Fanfarlo de Baudelaire. Le passage de la forme brève à la forme longue se fait d'ailleurs de manière beaucoup plus aisée qu'on ne pourrait le croire, puisqu'un très long roman comme Consuelo a d'abord été conçu par George Sand comme une nouvelle.

À dire vrai, si cheminement il y a, et cheminement parfois long, c'est parce que ces romans sont souvent le récit d'une quête spirituelle, reconnue ou non comme telle. Aussi, pour rassembler ces oeuvres, Pierre Brunel a-t-il emprunté une belle expression à George Sand : « le chemin de mon âme ». Sur ce motif, il a établi une série de variations, en s'efforçant d'être fidèle aux oeuvres qu'il étudiait : âme ouverte ou âme cachée, âme souffrante ou âme trouvant la sérénité.

Les analyses qui sont présentées dans ce livre s'organisent elles-mêmes en un parcours qui se confond avec celui du siècle tout entier : de René, inclus dans Génie du christianisme en 1802 alors que « Napoléon perçait sous Bonaparte », à Poil de Carotte. On serait tenté de dire : du mal du siècle à ce mal de la fin de siècle que Jules Renard a éprouvé et que Huysmans a décrit comme nul autre, parce qu'il savait qu'il avait à le surmonter grâce à la conversion. Sans s'imposer le rythme régulier d'un saut de dix ans en dix ans, le livre glisse d'une décennie à l'autre de manière à la fois souple et variée. Le moins étonnant ne sera pas la juxtaposition d'une oeuvre peu connue d'Eugène Sue, Le Morne au Diable, et du plus populaire de tous les romans rustiques de George Sand, La Mare au Diable, très éloignée dans l'espace (le Berry après la Martinique), mais très proche dans le temps (1842 pour le roman de Sue ; 1846 pour l'histoire du laboureur Germain et de la petite Marie).

Pour ces analyses, Pierre Brunel a adopté les méthodes auxquelles il a habitué ses lecteurs comme ses disciples à l'Université : en évitant tout terrorisme théorique, mais aussi les facilités d'un psychologisme naïf, il a réfléchi sur le poétique des genres, il a appliqué les principes d'une mythocritique sans pesanteur, il a multiplié les rapprochements avec les oeuvres d'art, en particulier avec la musique.

En évitant les lourdeurs de l'érudition, ce livre se veut accessible à un public de lecteurs de romans et d'amoureux de la littérature. Ils y retrouveront certaines de leurs oeuvres favorites (Le Père Goriot, La Chartreuse de Parme, Madame Bovary, Les Misérables) dans des représentations nouvelles, des récits mis au goût du jour par le cinéma (Adolphe de Benjamin Constant, Poil de Carotte) et aussi des oeuvres moins connues.

 

Professeur de littérature comparée, Pierre Brunel n'a pas voulu offrir ici un livre de spécialiste, même s'il y a ici ou là des ouvertures sur les littératures étrangères, mais bien plutôt de généraliste curieux, attentif et fervent.

 

 

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