Pierre Bost, Flots d’encre et flots de miel, articles littéraires inédits de Pierre Bost, réunis, présentés et annotés par François Ouellet, Paris : La Thébaïde, coll. « Au Marbre », 2013. Prix : 20 EUR
Présentation de l’éditeur :
Ces articles inédits ont paru majoritairement dans Les Nouvelles littéraires, Marianne et Vendredi.
Journaliste, Bost s’intéresse à tous les aspects de la littérature, aux écrits comme à tout ce qui constitue le monde littéraire. Il discute aussi bien des relations entre l’auteur et son éditeur que des prix littéraires, souligne le devoir des descendants envers l’œuvre des grands écrivains ou commente les intrigues. Il salue l’intérêt du roman policier tout en le replaçant dans la hiérarchie des genres, se désole qu’il n’y ait pas en France de véritable tradition de littérature enfantine, repère les failles du discours des tenants du « roman populiste », qui occupe le devant de la scène littéraire au tournant des années 1930...
Les articles réunis dans Flots d’encre et flots de miel font voir la diversité d’approche (analyse, panorama, anecdote, etc.) et des sujets traités, lesquels entrent bien souvent en résonance avec notre temps. C’est tout particulièrement le cas du texte qui donne son titre au recueil dans lequel Bost s’interroge sur la crise du livre découlant du fossé qui ne cesse de se creuser entre l’écrivain et son public. Les gens ne lisent plus, ou plutôt lire, remarque Bost, « n’est plus qu’un exercice de l’œil », comme en témoigne l’apport toujours plus envahissant du visuel dans l’imprimé, sans compter que le lecteur fait désormais autre chose tout en lisant. Bost se trouve à esquisser en quelques traits un aspect de la crise de civilisation des sociétés industrielles, qui depuis n’a fait que s’aggraver. Ses chroniques littéraires offrent non seulement le point de vue pénétrant d’un lecteur curieux des lettres de son époque, mais contribuent à mieux situer le romancier et son travail d’écriture.
Pierre Bost (1901-1975), écrivain, journaliste, auteur dramatique et scénariste. Il publie plus de vingt ouvrages dont Le Scandale, prix Interallié 1931.
Figure influente des années 20 et 30, il rédigea des centaines d’articles avant de se tourner vers le cinéma comme auteur de films et former un célèbre duo avec Jean Aurenche.
Extraits
Le mot lire, aujourd’hui, a changé de sens ; il ne signifie plus guère que regarder de l’imprimé. Pendant des années, pendant des siècles, la lecture a été, pour les hommes un peu plus instruits que les autres, un plaisir, un art, un jeu, quelque chose, enfin, d’inutile ; un exercice de l’esprit. Aujourd’hui la lecture n’est plus qu’un exercice de l’œil, la preuve en est dans le développement de la presse photographique et des dessins à légende.
FLOTS D’ENCRE ET FLOTS DE MIEL
Les écrivains aiment à se plaindre de leur éditeur et concluent pourtant qu’il faut bien en passer par là. Les éditeurs, eux, quand ils parlent de leur métier, disent qu’il serait très agréable s’il n’y avait pas les auteurs. Ce sont gentillesses de bonne compagnie, avec, de temps en temps, une bonne bagarre ou un mauvais procès, mais rarement. J’ai connu un éditeur qui avait pris pour devise : « L’auteur, voilà l’ennemi ». Il avait bien raison. C’était un bon éditeur. Et pas du tout plus méchant qu’un autre avec ses auteurs. Un ennemi indispensable, n’est-ce pas ce qu’on appelle un associé ?
ÉDITEURS ET AUTEURS
La crise du livre n’est pas un crise mortelle. Les bons livres trouvent toujours – double miracle – des éditeurs pour les publier et des lecteurs pour les lire. Ce qui est difficile, c’est de faire de bons livres ; et nous sommes tous d’accord sur ce point. Et c’est peut-être là le vrai sens des mots « crise du livre ».
LIVRE PAS MORT
Bost, Pierre, Flots d’encre et flots de miel, articles littéraires réunis, présentés et annotés par François Ouellet.
Éditions La Thébaïde, Paris, 2013. ISBN 978-2-9539602-2-8
20 EUR
Commandes : Dilicom et editionslathebaide@orange.fr
Responsable : Emmanuel BLUTEAU (emmanuel-bluteau@orange.fr)