Essai
Nouvelle parution
Philosophie des Lumières et Révolution française

Philosophie des Lumières et Révolution française

Publié le par Jean-Louis Jeannelle

René Tarin, Diderot et la Révolution française. Controverses et polémique autour dun philosophe, Préface de Roland Desné, Paris, Champion, Genève, Slatkine, 2001. 1 vol. in-8. 208 p.


[ Cet ouvrage présente un exposé des débats sur différents thèmes philosophiques, politiques et culturels autour de la philosophie de Diderot au moment de la Révolution et immédiatement après. Cette monographie sadresse à tous ceux qui sintéressent à lhistoire des idées et à la pensée de Diderot. Elle vise aussi un public détudiants et notamment les candidats aux concours du CAPES et de lAgrégation de lettres et dhistoire car elle propose un panorama des débats en cause autour des Lumières à la fin du XVIIIème siècle. Ce livre pose bien le problème de la (re)découverte et des (re)lectures de la pensée de Diderot sous la Révolution ].


Jeté par les hasards de lédition et de lHistoire, à travers les luttes politiques de la Constituante et de la Convention, puis du Directoire et du Consulat, le nom du directeur de lEncyclopédie déchaîne les haines les plus violentes ou de ferventes admirations. Comme les articles de lEncyclopédie, les tirades les plus audacieuses de Diderot dans lHistoire des deux Indes alimentent, au sein des assemblées de la Révolution, le discours en faveur de la Liberté. Elles en soulignent les enjeux et les contradictions. Les discours pour Raynal nourrissent limage dune pensée radicale. La
Harpe et les porte-parole de la contre-révolution dénoncent lextrémisme politique du coauteur de lHistoire des deux Indes. Diderot est rendu responsable de tous les excès. De 1789 au Consulat, la pensée de lencyclopédiste alimente la controverse. Le matérialisme de lEncyclopédie sert paradoxalement de caution à lanticléricalisme dune large fraction de la bourgeoisie éclairée, mais aussi dargument à Robespierre contre les doctrinaires de lathéisme quand il faut instaurer le culte de lEtre suprême. Lathéisme et la morale cynique du directeur de lEncyclopédie déclenchent les foudres de lIncorruptible. Après la chasse aux sorcières de la Terreur, la préoccupation morale de lauteur du Salon
de 1765 rejoint les priorités des hommes de la Révolution. Le but semble le même, il faut régénérer la Nation. Les Idéologues de la Décade y voient matière à réhabilitation. Mais jugé foncièrement immoral, socialement dangereux, lauteur à scandale de La Religieuse et de Jacques le fataliste se voit attribuer une uvre abominable. Quand lopinion lui décerne la paternité du Code de la nature, Diderot devient le théoricien du babouvisme. Le régime des notables découvre alors avec stupeur les idées sociales effroyables du directeur de lEncyclopédie. Autour de 1800, la pensée de Diderot dérange plus quelle nintéresse. A laube de lEmpire, le Tableau littéraire de Prosper Barante traduit ce sentiment.