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Phénoménologie du merveilleux : désir, vie et être

Phénoménologie du merveilleux : désir, vie et être

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Schallum Pierre)

Colloque interdisciplinaire sur le merveilleux

http://www.colloque-merveilleux2010.com/

Chaire La philosophie dans le monde actuel (Université Laval)

Musée de la civilisation

Institut Canadien de Québec

Québec en toutes lettres

Studio P

Phénoménologie du merveilleux : désir, vie et être

Le merveilleux occupe une place essentielle dans l'histoire de la philosophie. Le présent colloque se propose d'en rendre compte à la lumière de trois concepts : le désir, la vie et l'être. Par les différentes interventions, nous voulons présenter un réexamen du merveilleux à partir d'une perspective épistémologique et ontologique.

Quoique relevant d'une praxis, le merveilleux questionne le désir. En tant que manque, recherche, quête de sens, il tend vers la connaissance. Dans  L'imagination et le merveilleux – La pensée et l'action, Pierre-Maxime Schuhl le décrit comme « une attitude, une conduite, en même temps qu'une pensée. » À ce titre, il se rapporte à l'émerveillement et l'étonnement. Selon Platon, le «s'émerveiller» (to thaumazein) est à l'origine de la philosophie (Théétète 155d). Dans la Métaphysique (982a) d'Aristote, il apparaît comme ce qui nous délivre de l'ignorance et nous permet de nous interroger sur la totalité de la « réalité universelle » (Pierre Mabille).

L'accent sera mis sur le rapport entre le merveilleux et la vie. Cette dimension est abordée autant chez des philosophes que des littéraires, tels Edmond Husserl, Martin Heidegger, Michel Henry, Jorge Luis Borges, Jacques-Stephen Alexis, Alejo Carpentier, etc.

En tant que « désir de savoir » (Aristote), l'émerveillement constitue par ailleurs une stimulation pour le progrès des disciplines scientifiques et humaines. Aussi, selon Husserl, l'oubli de son ancrage dans l'étonnement (thaumadzein) rattaché au monde de la vie (la lebenswelt) est à l'origine de la crise des sciences. Nous nous intéresserons non seulement à la critique de la phénoménologie qui va jusqu'à Michel Henry mais également à celle formulée par la critique littéraire. Quelle relation établir entre ce que le premier Manifeste du surréalisme (1924) appelle « le rationalisme absolu » et cette crise des sciences dont parle Husserl ? Quel rôle le merveilleux peut-il jouer aujourd'hui dans la formation de la pensée critique ? Quelle est sa place actuelle ou quelle doit être sa place dans les « humanités » ?

Au-delà des questionnements liés à la connaissance, le colloque souhaite dégager de nouvelles pistes de recherches philosophiques sur l'ontologie. Ainsi, le premier festival Québec en toutes lettres, de l'Institut Canadien de Québec, étant consacré en 2010 à Jorge Luis Borges, certaines communications traiteront de l'avènement ou de la présence du merveilleux dans la littérature latino-américaine et caribéenne. Cette approche du merveilleux, bien qu'ayant subi l'influence du surréalisme, découle des représentations de la pensée doxique et d'une certaine façon de concevoir le soi, ainsi qu'on le retrouve dans les essais, romans et nouvelles de Gabriel Garcías Márquez, Augusto Roa Bastos, Jacques Roumain et beaucoup d'autres. L'interrogation que suscite le merveilleux aussi bien dans l'espace latino-américain que nordique ou australien a l'avantage de nous ramener à la forme latine (mirabilia) qui a d'abord donné naissance au merveilleux français. Comment penser une ontologie qui partirait d'une conception du soi et du monde empreint de miracle et de surnaturel ? De plus, comment le merveilleux peut-il nous aider à comprendre l'autre ou constituer une invitation à faire l'expérience de l'autre ?

Enfin, ce colloque vise à reconsidérer, sous d'autres angles, ce qu'on a coutume d'appeler le désenchantement du monde, en prenant acte de l'émergence aujourd'hui d'un émerveillement qui succède cette fois à la science. Il compte offrir un lieu d'échanges publics entre chercheurs provenant de domaines aussi divers que la philosophie, la théologie, l'art, la littérature, l'anthropologie, la psychologie et la biologie.

Programme du colloque

Jeudi 21

Studio P (Librairie Pantoute, 286, rue Saint-Joseph Est)

17h – 18h : « Le merveilleux, le fantastique et le réalisme magique dans la littérature hispano-américaine »

Carolina Ferrer (Université du Québec à Montréal, Département d'études littéraires)

18h – 19h : « L'émerveillement du Petit Prince »

Thomas De Koninck (Université Laval, Faculté de philosophie)

Vendredi 22

Musée de la civilisation (85, rue Dalhousie)

8h45 : accueil

Président de séance : Schallum Pierre (Université Laval, Faculté de philosophie)

9h30 – 10h15 : «La science n'est plus seule»

Brian Monast (Université Laval, Faculté de philosophie) 10h15 – 10h30 : pause café

10h30 – 11h00 : « L'art de la magie et le besoin du merveilleux »

Billy Vatcher (Université Laval, Faculté de philosophie)

11h – 11h30 : « Merveilleux et norditude »

Jean Désy (Université Laval, Faculté de médecine) 11h30 – 12h15 : débat

12h15 – 13h50 : dîner

13h50 : accueil

Président de séance : Thomas De Koninck (Université Laval, Faculté de philosophie)

14h – 14h30 : « La topographie céleste des Livres de IÉOU : une illustration de la merveilleuse imagination des gnostiques »

Eric Crégheur (Université Laval, Sciences des religions)

14h30 – 15h : Sylvie Poirier (Université Laval, Département d'anthropologie) « Réflexions sur le rêve et le merveilleux chez les Aborigènes australiens. »

15h – 15h30 : « Le réalisme merveilleux latino-américain et la question ontologique»

Schallum Pierre (Université Laval, Faculté de philosophie)

15h30 – 16h15 : débat

16h15 – 16h45 : clôture de la journée