Vient de paraître:
Ph. Lacoue-Labarthe, Poétique de l'histoire, Paris, Galilée, coll. "La philosophie en effet", 2002, 152 p. 21,15 Euros.
Quatrième de couverture:
La katharsis est dans la forme de lAufhebung (l'épuration dans la forme de la relève) : aufheben en tout cas " traduira " kathaireîn. Mais cette traduction, où se jouera tout l'avenir de la philosophie, ne sera pas seulement possible du fait que Rousseau aura établi, sans la formaliser comme telle, la logique dialectique elle-même comme la logique du rapport entre la " nature " et son (ou ses) autre (s). (Lui-même, comme Diderot un peu plus tard, ne parlait que de " paradoxe " et ne fondait son discours le plus exigeant que sur la figure de l'oxymore.) Il aura encore fallu que Rousseau l'établît sur l'exemple de la tragédie attique ; et fît de la Grèce une exception historiale.
Tel est ce qui explique que l'épuration ici en jeu soit tout d'abord l'épuration de la Grèce elle-même. Une épuration au demeurant bien plus audacieuse que celle dont les Allemands créditeront trop facilement son contemporain Winckelmann, ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'une véritable épuration, ne reculant pas devant l'horreur ou la démence, mais la regardant en face, ne s'en effrayant pas, la maintenant, etc. L'épuration de la Grèce consiste dans la négation de sa négativité. Elle se condense et vient au jour dans la formule : le théâtre des Grecs n'était pas " du théâtre ", cette formule que Heidegger lui-même répètera de façon somnambulique jusque dans les années 1930, en imaginant qu'elle provient de Hegel.
Note de lecture (M.E):
S'il porte sur l'incompréhension d'Heidegger à l'égard de Rousseau, sur le déni de l'influence de Rousseau sur Hölderlin, l'ouvrage s'attache plus particulièrement à deux passages de l'uvre du Genévois: le début du second Discours et ce qui relève d'une mimesis originaire dont Rousseau aurait eu l'intuition; la critique de la catharsis dans la La Lettre à d'Alembert où s'opère une "relève" de la pensée platonicienne qui engage toute la modernité.
Compte rendu par Martin Rueff à paraître d'Acta Fabula.