Questions de société

"Petits tours de passe-passe de l'enseignement catholique en banlieue", par L. Fessard, (Mediapart, 07/07/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Petits tours de passe-passe de l'enseignement catholique en banlieue - Louise Fessard, Mediapart, 7 juillet 2010

Avec son plan «égalité des chances», l'enseignement catholiquecontinue son implantation dans des zones plus populaires. Avec lesoutien de pouvoirs publics plus que bienveillants malgré des critères sociaux très flous.


Egalement durement touché par les 16.000 suppressions de postes prévues dans l'éducation pour la rentrée 2011, l'enseignement catholique contre-attaque. « Ça va tourner autour de 3.000 postes en moins en 2011, estime Fernand Girard, délégué général au secrétariat de l'enseignement catholique. Nous allons être extrêmement vigilants, nous ne nous laisserons pas intimider et nous allons nous battre. » Prenant les devants, la conférence des évêques et le secrétariat général de l'enseignement catholique ont créé en février 2010 une fondation Saint Matthieu, destinée à lever 1 milliard d'euros dans les dix prochaines années, pour rénover et construire des établissements catholiques. Laquelle fondation a été aussitôt reconnue d'utilité publique (RUP) par un décret du 16 février 2010 du ministère de l'intérieur. Une jolie niche fiscale pour les Français assujettis à l'impôt sur la fortune, qui pourront défiscaliser 75% de leurs dons à cette fondation jusqu'à un plafond de 50.000 euros. Les particuliers pourront également déduire 60% du montant des dons, et les entreprises 66%.

Selon le Comité national d'action laïque (Cnal), « cette fondation permet à l'enseignement privé de contourner l'interdiction de financement public pour le primaire, et sa limite à 10 % (loi Falloux) pour le secondaire, concernant les dépenses d'investissement ». De plus, à travers cette RUP, la puissance publique finance désormais, non plus des établissements privés, les seules entités juridiques théoriquement reconnues par la loi, mais le réseau privé catholique lui-même. « Normalement, on finance à partir d'un besoin scolaire reconnu, alors que là ce sont les autorités religieuses qui prennent des décisions en lieu et place de la puissance publique et la mettent devant le fait accompli », explique Eddy Khaldi, enseignant et militant SE-Unsa, auteur de Main basse sur l'école publique.

La fondation, issue de l'ancienne association d'entraide des établissements privés d'Ile-de-France, regroupe le ban et l'arrière-ban des milieux catholiques, avec notamment dans son comité d'honneur Claude Bébéar, président d'honneur d'Axa, réputé proche de l'Opus Dei, et par ailleurs fondateur et président de l'institut Montaigne, le club de réflexion qui a récemment dressé un tableau très noir de l'école primaire... publique. L'objectif affiché de la fondation Saint Matthieu est de « cofinancer une partie des investissements nécessaires à la modernisation, à la mise aux normes et aux projets d'extension des établissements sous contrat qui en font la demande ». Mais elle vise également « la création de nouveaux établissements décidée par les instances diocésaines de l'enseignement catholique ».

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