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Penser sa propre mort ?

Penser sa propre mort ?

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Patrick Bergeron)

Les travaux récents consacrés à la mort dans le champ des sciences humaines ont pour la plupart réaffirmé, à la suite de Vladimir Jankélévitch et d'Emmanuel Lévinas, l'idée d'un fondamental « non-savoir » de la mort : l'individu apprend d'abord à penser la mort, dans sa négativité et son irréversibilité, à partir de celle d'autrui. Des phénomènes psychologiques ou sociaux comme le deuil et les rites funèbres se rapportent en effet à l'expérience de la mort d'autrui. L'individu, devant la perspective de sa propre fin, se retrouve en présence d'un hiatus, d'un vide, que seule l'imagination paraît finalement pouvoir combler. Se mourir, c'est encore se trouver du côté de la vie, et être mort, c'est être déjà placé hors du champ de l'expérience, du fait de l'impossibilité de tout témoignage venant en rendre compte. Une certaine expropriation de soi-même, qui prend la forme d'un présupposé d'amortalité, d'une tendance à s'enlever à la mort, à ne pas se sentir personnellement concerné par elle, serait de mise afin de rendre représentable l'aporie de la cessation de soi, de la suppression de la conscience individuelle, de l'annihilation de tout devenir personnel.
Dans l'esprit transdisciplinaire qui anime les chercheurs du groupe Le soi et l'autre, cette journée d'études prend pour thème le rapport à soi et à sa propre mort.

Quelle activité imagière et mentale se met en branle lorsque l'individu entreprend de se représenter sa propre mort ?
Quelles notions, outre l'euthanasie et le suicide, influencent le regard que porte l'individu sur sa propre fin ?
Quelle part occupent l'impensable et l'impensé ?
Quels sont les principaux rapports, directs ou implicites, qui unissent ou brouillent les perceptions de soi et de l'autre sous le signe de la mort ?
Que se produit-il lorsque l'individu cesse de s'identifier avec lui-même et se pense en fonction non plus de sa singularité, mais de son altérité, se découvre porteur d'un non-soi appelé à prendre sa place à l'instant de sa cessation d'être ?
Comment s'énonce et s'assume le « non-savoir » de la mort ?
L'actuelle tabouisation de la mort caractérisant bon nombre de nos sociétés occidentales leur est-elle propre ?
Est-ce que, suivant les cultures, ce sont nécessairement les mêmes questions qui se posent ?
Quelles nouvelles dimensions de sens peut-on en dégager ?

Voilà, à titre indicatif, quelques pistes susceptibles d'être creusées à l'intérieur de cette rencontre qui aura lieu le samedi 1 avril 2006.

Toute personne désirant participer à cette journée d'études est priée de faire parvenir au responsable, avant le vendredi 15 janvier 2006, 17 h, un résumé d'environ vingt lignes, contenant les éléments suivants :

- Le titre de la communication ;
- Un bref descriptif de l'exposé, incluant le corpus, la méthodologie et les résultats envisagés ;
- Le nom, l'occupation, ainsi que les coordonnées complètes de l'intervenant.

Les propositions sont à adresser à l'attention de Patrick Bergeron, professeur adjoint, département d'études françaises, 237, pavillon Tilley, Université du Nouveau-Brunswick, Case postale 4400, Fredericton (Nouveau-Brunswick), E3B 5A3, pberg@unb.ca.