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Penser les formes filmiques contemporaines: l'analyste mis à l'épreuve (Montpellier)

Penser les formes filmiques contemporaines: l'analyste mis à l'épreuve (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Fabien Meynier)

Colloque international

"Penser les formes filmiques contemporaines : l’analyste mis à l’épreuve"

organisé par Vincent Deville, Loig Le Bihan, Fabien Meynier, Céline Saturnino

Université Paul-Valéry Montpellier 3

 Rirra21 (EA 4209) / Programme Actualité esthétique du cinéma et de l’audiovisuel

5-6 novembre 2020

 

Après la projection de Mektoub, My Love : Intermezzo d’Abdellatif Kechiche à Cannes en mai 2019, le critique Sylvain Blandy évoque « une œuvre dont la radicalité nous a pris de court » tout en mentionnant les « vives réactions suscitées par la projection [qui] invitent à aborder le film avec prudence. » (Blandy, Critikat.com, 26 mai 2019) Plusieurs questions s’ouvrent ici, qui concernent la difficulté du discours critique lorsqu’il est confronté à l’extrême contemporain, et qu’il doit faire face à des œuvres empreintes de radicalité, que celle-ci soit de l’ordre des thèmes abordés, de l’iconographie convoquée, des formes déployées ou encore des méthodes de production et de tournage adoptées.

Comment appréhender les œuvres contemporaines telles qu’elles se présentent à nous, y compris lorsqu’elles déjouent nos attentes et qu’elles préviennent toute simplification du discours. Dès lors, comment maintenir une exigence de la pensée sans céder à la simple prise de conscience, à une opinion ou à une croyance, si l’on suit la mise en garde du philosophe Marcel Conche :

Penser est donc autre chose que simplement avoir conscience : ce n’est pas ce qui est facile, qui va de soi et qui a lieu en chacun, mais ce qui est difficile et rare. Ce n’est pas non plus opiner : l’opinion n’est qu’une appréciation personnelle et circonstancielle sur un sujet à l’ordre du jour. Ce n’est pas croire : croire c’est prendre pour argent comptant ce que l’on n’a ni vu ni vérifié. Qu’est-ce donc que penser ? C’est tenter de prendre la mesure du réel comme tel et dans son ensemble. » (Conche, Présence de la nature, 2001)

Dans un monde contemporain éminemment complexifié, à l’ère d’une mondialisation débridée, les formes artistiques traduisent, reflètent et rendent compte de cette complexité, rendant ainsi la tâche de l’analyste encore plus ardue. Avec le philosophe Giorgio Agamben, nous aimerions considérer cet analyste lui-même comme contemporain au sens où il « est celui qui perçoit l’obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde et n’a de cesse de l’interpeller. » (Agamben, Qu'est-ce que le contemporain?, 2008) Aussi, il s’agira dans ce colloque d’interroger la manière dont pensent les œuvres contemporaines, dans une confrontation problématisée au contemporain (quel état du monde ? quel état des formes ? quel état des catégories de la pensée ? comment le contemporain dialogue-t-il avec l’Histoire non seulement présente mais plus ancienne ?), qui forcent l’analyste à penser ces œuvres et pour cela à inventer de nouveaux gestes, méthodes, postures, techniques, tactiques et outils analytiques, en faisant notamment appel à un nombre varié de disciplines.

Comment et par quoi ces formes contemporaines se manifestent-elles ?

En répondant et en faisant face aux urgences historiques, politiques, sociétales, environnementales… tels Mafrouza – Oh la nuit ! (2007) d’Emmanuelle Demoris, Tahrir, place de la libération (2011) de Stefano Savona, Maïdan (2014) de Sergei Loznitsa ou Les Mille et Une Nuits (2015) de Miguel Gomes…

En refusant le langage de la communication explicite et normée au profit de formes paradoxales et ambigües, parfois même opaques, ainsi Jean-Luc Godard opposant langue et langage dans Le Livre d’image (2018).

En s’attaquant aux tabous de la représentation et de la morale (sexe, violence, politique…), ainsi Liberté (2019) d’Albert Serra dont le réalisateur déclare que « c’est le montage qui décidera de ce qui s’impose comme plus beau, intéressant, mystérieux, en mettant les images en compétition, sans a priori, sans considération d’équilibre ou de construction dramatique, idéologique ou morale ».

En dépassant et en abolissant tout formatage, et en proposant des durées hors des standards du marché, comme les films de Béla Tarr, Lav Diaz, Miguel Gomes ou Wang Bing.

En pulvérisant les standards techniques, du côté de la très haute ou de la très basse définition, rapportant les images à une interrogation sur leur statut matériel comme chez Terrence Malick, Jean-Luc Godard, Leos Carax, Jacques Perconte ou Manon Ott.

En mêlant les catégories (fiction, documentaire, animation), tels Denis Côté, Pedro Costa, Ari Folman, Roberto Minervini ou Valérie Massadian, au profit d’une réinterrogation permanente du réel.

En brouillant les frontières entre les écrans et les scènes (cinéma et arts de la scène, installations, expositions muséales…), selon des logiques d’hybridations, comme Clément Cogitore passant d’un univers et d’une scène à l’autre avec une confondante agilité.

Autant d’aspects qui mettent l’analyste au défi et l’obligent à interroger les changements à l’œuvre, tant dans la fabrique des images en mouvement – des modes de production aux modes de diffusion permis par le tournant numérique – qu’à l’échelle du monde, de la société et de l’environnement (au sens large du terme), ces changements l’obligeant à inventer de nouvelles stratégies pour continuer à penser les images et les œuvres d’aujourd’hui.

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Comité scientifique : Robert Bonamy (Université Grenoble Alpes), Serge Cardinal (Université de Montréal), Vincent Deville (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Loig Le Bihan (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Corinne Maury (Université Toulouse Jean-Jaurès), Caroline Renard (Université Aix-Marseille), Julie Savelli (Université Paul-Valéry Montpellier 3).

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Les propositions de communication, d’une longueur de 2000 signes maximum, sont à adresser pour le 15 avril 2020 au plus tard, accompagnées d’une brève présentation personnelle (fonctions, axes de recherches et publications significatives) et transmises dans un fichier nommé selon la nomenclature NOM_Prénom_FFC à l’adresse email suivante : colloque.ffc@gmail.com

Les décisions du Comité scientifiques seront communiquées début juin.

Les communications feront l’objet d’une publication des actes du colloque. Les articles issus des communications seront attendus pour le 31 janvier 2021.

  • Responsable :
    Fabien Meynier
  • Adresse :
    Université Paul-Valéry Montpellier 3