Référence bibliographique : Parution du N° 21 de la Revue Trans- : L'Illisible, CERC, 2017. EAN13 : 17783887.
Parution du N° 21 de la Revue Trans- : L'Illisible
en ligne : http://trans.revues.org.
Se réveiller, après un long voyage, dans un endroit inconnu et découvrir que tous les repères que nous possédons n’ont plus de prise sur la réalité : voilà un cauchemar qui nous mettrait face à l’évidence de notre profond rattachement à la langue. Quand celle-ci nous fait défaut, quand nous ne pouvons plus déchiffrer la réalité, nous nous rendons compte, impitoyablement, de la dépendance que nous avons vis-à-vis des codes culturels, linguistiques et sociaux, sans lesquels nous sommes incapables de lire ce que nous vivons.
L’écrivain hongrois Ferenc Karinthy a magistralement élaboré une telle dystopie avec son roman Épépé (In Fine-Austral, 1996). Dans cet ouvrage, le linguiste Budaï, qui est certain d’avoir pris l’avion vers Helsinki, s’endort et se retrouve, à l’atterrissage, quelque part où l’on parle une langue qu’il ignore. Le savoir, tout autant pratique qu’encyclopédique, qu’il a d’une dizaine, voire plus, des langues, lui est inutile : il ne possède aucune Pierre de Rosette lui permettant de comprendre le fonctionnement linguistique de cette culture inconnue. Le linguiste, incapable de nommer cette réalité qui l’entoure, et de ce fait de la lire, reste exclu de toute compréhension du monde. La césure déployée par Ferenc Karinthy dans Épépé exploite l’illisibilité à laquelle nous faisons face lorsque nous ne parvenons pas à décoder un pan du monde, voire sa totalité.
Quels sont donc les mécanismes, les thèmes, les techniques et les outils que les écrivains utilisent lorsqu’ils affrontent l’Illisible ? Voilà la question que nous avons lancée en vue de constituer le dossier central de notre numéro 21, spécialement riche. En effet, outre ce dossier, accompagné du Dossier Université Invitée qui met à l’honneur l’Università degli studi di Trieste, nous avons le plaisir de vous proposer un entretien avec l’écrivain albanaise Ornela Vorpsi autour de la question de l’Illisible (« Dans l’étonnement d’exister »), ainsi que la mémoire du Séminaire « L’Inquiétante étrangeté » organisé par Carole Matheron à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 entre 2015 et 2016.
Le prochain numéro sera consacré au thème d’« Hériter, partager la littérature ».
Sommaire du Dossier Central : L'Illisible
Iván Salinas Escobar
Amanda Murphy et Ivan Salinas Escobar
« Dans l’étonnement d’exister », un entretien avec Ornela Vorpsi
Holly Runde
Knowing my body, knowing myself: interpreting aborted corporeality in Annie Ernaux
Frances Egan
Surrendering to the foreignness in Alexandre Vialatte’s Battling le ténébreux
Amanda Murphy
Ecouter – voir – sentir – lire Katalin Molnár et Raymond Federman : le corps à l’épreuve
Lucie Lavergne
Javier Ignacio Gorrais
Rock y literatura: lo ilegible o legibilidades nómadas en el proyecto creador de Virus
Université Invitée : Trieste
Anna Zoppellari
Trieste, une ville transfrontalière
Sergia Adamo
Giulia Zanfabro
Gender Matters: What Is at Stake in Dealing with Children’s Literature?
Ahmed Badr
Fulvia Ardenghi
Sara Spanghero
Ships and Boats in James Joyce: Representing Arrested Development in the Modernist Bildungsroman
Claudia Mansueto
Dominique Costantini
L’Historia sancti Anthonij (ou Mystère de saint Antoine de Vienne) et ses sources
Daniele Tuan
La mise en abyme dans Le Tunnel d’Ernesto Sábato