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Paris et Londres: capitales du 19ème siècle

Paris et Londres: capitales du 19ème siècle

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Helle Waahlberg)

Le Département de littérature, de civilisation et des langues européennes, Université d'Oslo.

Paris et Londres : capitales du 19ème siècle
Colloque international. Oslo, du 27 au 29 mars 2008.
Appel à communication



Afin d'étudier ensemble les deux capitales littéraires du 19ème siècle européen, nous souhaitons rassembler les chercheurs dont les travaux portent sur la représentation de la ville dans les littératures française et/ou anglaise. A la fois antagonistes, miroirs et modèles l'une pour l'autre, Paris et Londres sont les premiers témoins de l'avènement de la métropole moderne. Si de nombreuses études sont consacrées à Paris ou à Londres chez des auteurs spécifiques, à l'histoire culturelle et à la « cartographie littéraire » de l'une ou l'autre ville, on s'est relativement peu intéressé à étudier systématiquement ces deux capitales. En prenant l'initiative d'une rencontre internationale, nous nous proposons de combler cette lacune. Nous sollicitons des contributions visant à décrire et à analyser la portée de la relation entre ces deux villes dans la littérature du 19ème siècle.

Les travaux de Walter Benjamin ont définitivement consacré Paris « capitale du 19ème siècle ». Des études plus récentes font de Paris tour à tour la « capitale des signes » (Karlheinz Stierle), la « capitale de la modernité » (David Harvey) et la « capitale du monde » (Patrice Higonnet), confirmant par là le rôle de Paris non seulement comme paradigme de la conscience de la ville et de son écriture mais aussi comme paradigme analytique. Et toutefois, les caractéristiques attribuées à Paris valent en grande partie aussi pour Londres, métropole et centre du plus grand empire colonial du monde.
A Londres comme à Paris, le 19ème siècle est marqué par une prolifération d'écrits sur la ville. Dès la fin du 18ème siècle, la ville est exhaustivement analysée et documentée par différents professionnels, tels que des architectes, des médecins, des ingénieurs ou des cartographes. Les moeurs urbaines, délaissées par ces spécialistes de la ville concrète, deviennent au 19ème siècle un sujet de choix pour la littérature. Aussi bien dans la presse périodique (notamment les journaux de caricature) que dans les ouvrages collectifs (tableaux de moeurs, physiologies que Benjamin rebaptise « littérature panoramique ») et dans les romans (appelés parfois « romans urbains » et « romans des moeurs »), l'attention est portée à la vie quotidienne de Paris ou de Londres. Ces textes, qui allaient inspirer la sociologie urbaine naissante, se préoccupent tous de l'étude des moeurs et coutumes des différentes figures ou « espèces » urbaines.
Si les romans de Balzac et de Dickens en sont les exemples les plus évidents, le parallèle des deux villes se fait sentir à plusieurs niveaux de ce nouveau « discours urbain ». Les journaux de caricature et albums lithographiques florissant à Paris à partir de 1830 se réfèrent explicitement à leurs prédécesseurs londoniens. Si la notion de « littérature panoramique » est conçue en premier lieu pour désigner une parenté entre une certaine forme de littérature parisienne et les panoramas installés à Paris, les panoramas proprement dits proviennent de Londres. Les Mystères de Paris (1842-43) d'Eugène Sue reçoivent vite une réponse de la part de G.W.M. Reynolds avec ses Mystères de Londres (1845). Ces deux ouvrages ont rapidement été traduits, du moins partiellement, dans l'autre langue. Aussi, la formule « Les Mystères de… » devient-elle un véritable paradigme de l'écriture de la vie urbaine au 19ème siècle en Europe (Les Mystères de Marseille, Les Mystères de Monaco, Les Mystères de Naples…) et en Amérique du Nord (Les Mystères de New York, Les Mystères de Montréal), qui persiste encore au 20ème siècle (Les Nouveaux mystères de Paris, Les futurs mystères de Paris).
Comparer Paris à Londres était déjà un lieu commun au 19ème siècle. C'est justement en faisant référence à Londres que Mercier termine son grand projet de documentation des moeurs parisiennes, le Tableau de Paris, annonçant ainsi la double étude de moeurs intitulée Parallèle de Paris et de Londres. Amédée de Tissot propose également une comparaison systématique entre les deux villes dans son Paris et Londres comparés. En dehors de ces grands tableaux entièrement consacrés à la comparaison des deux villes, on retrouve ce topos aussi bien à l'échelle du roman entier (notamment Un conte de deux villes) que de manière plus ponctuelle dans un large éventail d'écrits sur la ville. Afin de dresser un panorama exhaustif de la relation entre Paris et Londres dans la littérature du 19ème siècle, nous proposons les trois axes de réflexion suivants :

1. Histoires de deux villes
Cet atelier vise à retracer les grandes lignes de l'écriture de la ville en France et en Angleterre au 19ème siècle pour pouvoir comparer de manière systématique ces deux mises en textes de la métropole. Quels sont les lieux communs dans la description des deux capitales ? Peut-on parler d'une périodisation commune ? Quelles sont les limites du rapprochement entre Paris et Londres ?

2. Paris et Londres comparés
Dédié aux écrits qui, au 19ème siècle, proposent une comparaison explicite entre Paris et Londres, cet atelier cherche à analyser la mise en scène de la relation entre les deux capitales. De la formule isolée aux grands panoramas comparés, quelles sont les principales fonctions d'une telle comparaison ?

3. Vers une poétique de la ville
Ce troisième atelier envisage la relation entre Paris et Londres dans une perspective théorique. En admettant le statut emblématique des « deux capitales du 19ème siècle », peut-on proposer une poétique de la ville générale à partir de l'étude de Paris et de Londres ?

Nous souhaitons recueillir des propositions qui s'inscriront dans l'un des ateliers décrits ci-dessus. Les résumés, d'une demi page environ, sont à envoyer à Helle Waahlberg (h.h.waahlberg@ilos.uio.no) avant le 30 septembre 2007, accompagnés de vos coordonnées (université d'attache et statut universitaire, notice bio-bibliographique). Les langues de travail du colloque sont le français et l'anglais et nous acceptons des communications dans l'une ou l'autre langue. Pour toute information complémentaire, veuillez écrire à h.h.waahlberg@ilos.uio.no.

Responsables : Tore Rem, Professeur de littérature anglaise, Université d'Oslo et Helle Waahlberg, ATER littérature française, Université d'Oslo.