Questions de société

"Par qui et pour qui a été fait le nouveau programme de SES de seconde ?" + projet de programmes (APSES): dossier (màj 22/02/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Dossier réforme du lycée

Dès la rentrée 2010,  les élèves deseconde devraient désormais suivre au moins un enseignement entresciences économiques et sociales et “économie appliquée à la gestion”. Autre sourced'inquiétude pour les sciences sociales : le programme de  SES vient d'être modifié pour cette même classe deseconde, faisant la part belle à la microéconomie au détriment dessciences sociales.

L'Association des professeurs desciences économiques et sociales (APSES) a diffusé uncommmuniqué de presse. À noter également sur le site de l'association une comparaison éloquente de l'ancien et du nouveau programme qui met en évidence les notions qui apparaissent et celles qui disparaissent… [source: blog Agora/Sciences sociales]

 Ci-dessous:

- Communiqué de presse de l'APSES du 23 janvier 2010

- Lettre de l'apses et projet de programme alternatif (février 2010)

- Revue de presse


Communiqué de presse de l'APSES du 23 janvier 2010 : Par qui et pour qui a été fait le nouveau programme de SES de seconde ?

http://www.apses.org/initiatives-actions/communiques-et-courriers/article/communique-de-presse-de-l-apses-du-2454

Le Ministère vient de communiquer aux éditeurs le projet de nouveau programmede sciences économiques et sociales (SES) de seconde. Ce projet deprogramme réoriente profondément les finalités de l'enseignement de SES.

1. Un programme qui gomme systématiquement les enjeux économiques et sociaux contemporains

Le Ministère a choisi délibérément d'évacuer du programme de SESproposé en classe de seconde la plupart des questions de société qui yétaient abordées jusqu'à présent : suppression des questionnements surl'emploi et le chômage, sur l'investissement, sur les revenus et lesinégalités ou encore sur les transformations de la famille au profit dequestions sur l'épargne, la fixation des prix (y compris du prixd'équilibre) dans une perspective positiviste et monolithique del'économie. Taire les questions de société, c'est renoncer à ladimension citoyenne que véhiculent tous les enseignements généraux dulycée et faire perdre à l'enseignement des SES ce qui fonde son succèsdepuis plus de 40 ans. Le parlement avait tenté de faireenseigner les « aspects positifs de la colonisation » enHistoire-Géographie, le Ministère souhaite-t-il faire enseigner les« aspects positifs de l'économie » en SES, bref une « économieBisounours » ?

2. Un programme qui marginalise les autres sciences sociales

Les entrées sociologiques du programme sont réduites à la portioncongrue et placées à la fin. Or, le document diffusé par le Ministèreprécise qu'il faudra traiter « au moins les 10 premières questions ».Compte tenu de sa lourdeur, les autres sciences sociales deviennent defacto optionnelles au profit d'un enseignement désincarné d'économiefondamentale. Le ministère relègue la sociologie, l'anthropologie, lascience politique au rang d'accessoires alors même que ces disciplinespermettent aux lycéens de prendre du recul et donc de mieux comprendredes éléments essentiels de leur environnement quotidien comme lafamille, l'école, les médias. Après avoir pourtant rendu un vibranthommage à Claude Lévi-Strauss, Luc Chatel souhaite-t-il donc à ce point« cacher ces sciences sociales qu'il ne saurait voir » ?. Mais le sortréservé à l'économie n'est pas pour autant plus enviable. C'est uneprésentation de l'économie atemporelle sans hommes ni institutions, uneéconomie réduite à des courbes, dérivées, élasticités et autre prixd'équilibre. Le Ministère souhaite-t-il vraiment que leslycéens puissent disposer des moyens de se repérer dans l'actualitééconomique et sociale dans laquelle ils baignent à travers lesdiscussions de famille et la télévision ?

Lire la suite.

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Courrier de l'Apses:

Madame, Monsieur,

Comme vous le savez peut-être le projet de programme de seconde de sciences économiques et sociales –  que le ministère Chatel a récemment rendu public dans le cadre de la réforme du lycée – suscite les plus vives inquiétudes chez les enseignants de cette discipline.
En effet :

  •     ce programme élude toutes les questions de société qui font sens pour les apprentissages des élèves ;
  •     ce programme relègue la sociologie et les autres sciences sociales au rang d'accessoire ;
  •     ce programme fait abstraction de toute notion de macroéconomie ;
  •     ce programme présente aux élèves une société sans chômage, sans inégalités ou sans conflits ;
  •     ce programme est d'une ambition démesurée pour des élèves de 15 ans qui découvrent une nouvelle discipline à raison de 90 minutes par semaine ;
  •     ce programme ne peut pas être mis en oeuvre dans des conditions pédagogiques décentes ;
  •     ce programme n'est pas le fruit du travail du travail indépendant du groupe d'experts mais a été soumis aux multiples pressions du cabinet du Ministre, qui a une vision bien particulière de l'économie qui doit être enseignée aux jeunes lycéens.

L'association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) a donc décidé de réagir en publiant son propre projet de programme. Celui-ci est le fruit de plusieurs mois de réflexion et de débats au sein de l'association. Il a déjà été soutenu par :

  •     Philippe ASKENAZY, Economiste, Directeur de recherche au CNRS ;
  •     Christian BAUDELOT, Professeur émérite de sociologie à l'Ecole Normale Supérieure ;
  •     Stéphane BEAUD, Professeur de sociologie à l'Ecole Normale Supérieur ;
  •     Robert BOYER, Economiste au CEPREMAP, Directeur d'études à l'EHESS et au CNRS, PSE ;
  •     Bernard GAZIER, Professeur Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne ;
  •     Michel LALLEMENT, Professeur titulaire de la chaire d'Analyse sociologique du travail, de l'emploi et des organisations au Cnam (Paris) ;
  •     André ORLÉAN, Economiste, Directeur de recherche au CNRS, Directeur d'études à l'EHESS ;
  • Thomas PIKETTY, Directeur d'études à l'EHESS, Professeur à l'Ecole d'Economie de Paris ;
  •     Dominique PLIHON, Professeur d'économie à l'Université Paris XIII.
  •     Pierre ROSANVALLON, Professeur au collège de France.

Nous vous appelons donc à apporter votre soutien à ce projet. Vous pourrez en prendre connaissance et signer électroniquement sur notre site.
Le projet de programme de l'APSES est ici  :
http://www.apses.org/debats-enjeux/analyses-reflexions/article/

Vous pouvez signer ici :
https://spreadsheets.google.com/viewform?
hl=fr&formkey=dEdFb0N2d1BWVUJsUU1OcjdJaHNNUEE6MA

N'hésitez pas à diffuser cet appel à tous vos collègues de l'enseignement supérieur.

Bureau national de l'APSES

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Revue de presse: