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Appels à contributions

"Les schémas énonciatifs de la littérature africaine" (Liège)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Anicet Bassilua)

Appel à contributions

Ouvrage collectif

Les schémas énonciatifs de la littérature africaine

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Présentation :

L’énonciation, notion à la croisée de plusieurs disciplines (la linguistique, la sémiotique, les sciences de l’information et de la communication, etc.), demeure, à juste titre, encore un des phénomènes du langage qui ne cesse d’être questionné. On en prendrait pour mesure par exemple le nombre de travaux qui lui sont consacrés depuis Benveniste et Bally. Dans le Dictionnaire raisonné de la théorie du langage (Greimas et Courtés 1979), elle est entendue comme instance de médiation qui assure la mise en énoncé-discours des virtualités de la langue (p. 126). Dans ces conditions, elle assure le passage entre la compétence et la performance du locuteur, entre les structures sémiotiques virtuelles qu’elle a pour tâche d’actualiser et les structures réalisées sous forme de discours (ibid.). Une telle acception a réorienté l’analyse énonciative pour ne plus la cantonner dans ses frontières d’antan, celles qui la limitaient à considérer, dans l’énoncé, seulement des épaisseurs linguistiques telles que les traces de la présence du locuteur. Elle étend désormais son champ d’application aux dimensions transphrastiques les plus variées, comme la scène d’énonciation, la situation de communication avec la prise en compte des protagonistes du discours, des circonstances spatio-temporelles, des conditions de production/réception, du contexte historique et culturel, des déterminations génériques et sociolectales (Colas-Blaise 2010).

Dans le discours littéraire, toutes ces composantes contribuent à déterminer le système de modalités de l’écrivain, très souvent mis en relation avec l’activité du public (lecteur) à travers la mise en scène énonciative privilégiée. C’est ainsi que l’énoncé devient résultat de l’énonciation ; et dans le cadre du texte littéraire, il ne se laisse pas seulement saisir en tant que formes figées, correspondant à un genre littéraire, mais bien comme une suite de codes, parmi lesquels des simulacres opérés par le producteur du message.

Ce projet d’ouvrage a pour ambition d’étudier les différents schémas énonciatifs qu’adoptent les écrivains africains dans l’acte de mise en discours de leurs textes. L’idée est que le discours concret qu’ils proposent à travers leurs œuvres (roman, poésie, nouvelles, bandes dessinées, etc.) se construit à partir des régimes de représentation singuliers, liés à un contexte de production dont la manifestation en surface consiste en un réseau d’indices culturels fort marqués. Ces régimes s’accompagnent de certaines dimensions de la construction du discours, comme celle de la passion (caractérisée par l’état affectif prêté à tout un continent), de l’action (déclinée en des styles de véridiction très particuliers) et de la cognition (construite à partir des structures axiologiques représentatives des modèles des croyances africaines). Ces régimes finissent par se repérer à travers des éléments de l’esthétique que ces auteurs élaborent et constituent, à juste titre, des propriétés de leurs discours.

L’étude des schémas énonciatifs dans la littérature africaine se décline en différents axes.

- Les systèmes de tensions. L’une des interrogations principales que nous formulons dans cette rubrique est : Comment se présentent les systèmes de tensions opérés dans les processus sémiotiques dans les œuvres littéraires africaines ? Des tensions manifestées, par exemple, à travers des indices spatio-temporels mobilisés par le texte. L’orientation de cette interrogation pourrait inviter à repérer, entre autres, des valeurs énonciatives que met en avant l’acte de production sémiotique de ces indices textualisés ; des valeurs identifiables notamment dans les répertoires d’oppositions, comme celles qu’engagent les articulations binaires du type modernité vs tradition, homme vs femme, vie vs mort, etc. La réflexion pourra se concentrer aussi sur les modalités de la catégorisation de ces indices dans le processus de leur mise en discours.

- Les stratégies d’embrayage/débrayage des sujets de l’énonciation. Les problématiques liées aux simulacres énonciatifs proposés dans les textes africains (rapports entre narrateurs/narrataires réels et narrateurs/narrataires fictifs, etc.) peuvent orienter vers l’identification des mécanismes d’embrayage/débrayage des sujets de l’énonciation dans la scène énonciative. On s’intéressera ici à la manière dont se construit le point de vue de l’observateur dans le cadrage fictionnel de l’œuvre, ou encore à la manière dont les niveaux de lecture qui lui sont proposés fonctionnent.

- Les systèmes langagiers mis en place. La dimension langagière, particulièrement l’exploitation des langues, est une des données fondamentales en littérature africaine. Elle se vérifie à travers plusieurs créneaux, par exemple, celui de l’exploitation des référents linguistiques locaux (expressions empruntées aux langues locales, montages lexicaux, genres ou sous-genres de discours empruntées à la tradition : proverbes, énigmes, etc.) dans les textes écrits en français, en anglais ou en portugais. On pourra s’interroger, à ce propos, sur les configurations sémiotiques sous lesquelles apparaissent les modèles de re-présentation de ces référents dans le texte. Cette interrogation pourra se prolonger sur les référents culturels (la musique, la danse, les croyances, etc.), eux aussi très présents dans les textes africains.

Ces différents axes contribueront à élaborer une grammaire générale de la sémiotique littéraire africaine.

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Calendrier :

  • 30 décembre 2019 : Réception des propositions d’article (titre et bref résumé de 500 mots max + bio-bibliographie de l’auteur ou des auteurs)
  • 30 janvier 2020 : Remise de l’avis du comité  
  • 30 juin 2020 : Réception des articles (40.000 caractères, espaces et bibliographie compris) 
  • 30 septembre 2020 : Remise des avis éventuels sur les textes
  • 30 novembre 2020 : Retour des versions définitives des textes 
  • Printemps 2021 : Publication 

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Unité de recherche responsable :

UR Traverses/Centre de Sémiotique & Rhétorique (Université de Liège, Belgique)

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Contact :

Anicet Bassilua : abassilua@uliege.be