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ØSCILLATIONS, n° 5 : « ALIAS »

ØSCILLATIONS, n° 5 : « ALIAS »

Publié le par Marc Escola (Source : revue-oscillations.eu)

ØSCILLATIONS

APPEL À ARTICLES – « ALIAS »

 

Pour son cinquième numéro, la revue Oscillations invite à une réflexion autour du thème de l'alias.

L' « autrement dit » qu'est l'alias appelle en premier lieu une profonde remise en cause de l'identité auctoriale, amenant à penser qu'en signant l'oeuvre, l'auteur ne peut que se dire autrement. La signature expliciterait alors le nom de ce nom qui tente de passer à l'être, selon une prolifération signifiante connue comme paradoxe de Frege (ou de Lewis Carroll, chez qui le nom d'une chanson s'appelant « Procédés et Moyens » peut en fait être « Le Très Vieil homme », et s'appeler lui-même « Yeux de Morue »). Impossible d'entériner l'alias : l'autrement dit a toujours à en redire sur le nom de celui qui se dit.

D'où les stratégies diverses de la modernité face à cette modulation illimitée de l'alias : « Je ne suis personne », écrit Fernando Pessoa et sa soixantaine d'hétéronymes. A l'autre bout du spectre, Francis Picabia signe sa signature, s'effaçant derrière elle, faisant du nom la chose en soi de la production artistique. Les traces de telles tentatives seront durables : entraver la production du nom privé, le neutraliser selon une opération politique visant le silence de la propriété intellectuelle (on pensera ici aux essais paradoxaux du Comité Invisible et du propriétaire hantant son non-lieu, le dénommé Julien Coupat). Mais aussi acter la marque produite par le nom, selon le deuil d'une propriété originaire de celui-ci et le passage à son usage performatif dans le commerce du monde. Passage ironique, tout comme le ton de Derrida glosant dans Limited Inc. a b c sur le copyright accolé au nom de son répondant, le philosophe américain John Searle©, le rebaptisant pour l'occasion « Sarl » (société à responsabilité limitée).

Si l'on allège la question de l'alias de la pureté fantasmée du propre, si on limite la charge de sa responsabilité, quels champs s'ouvrent alors à la pensée ? La plasticité d'une production du nom, et de son usage, apparaît comme l'un des chantiers auxquels s'est attelé l'art contemporain : ainsi de Joshua Schwebel et de l'emprunt sans autorisation, du name-jacking opéré en 2014 (Please Do Not Submit Any Original Work) ; ou encore de cette figure importante que peut être Paul Devautour, dont l'activité hétéronymique rompt avec l'équivalence généralisée des alias (un nom valant à la place d'un autre) et inscrit le soi comme producteur, collectionneur ou « opérateur », selon le terme même de l'artiste, de ses noms fictifs. Quelque chose d'a-signifiant se glisse alors dans la brèche ouverte par l'alias : un acte, un « faire » qui est un « autrement dire ». Une pratique qui n'est plus seulement celle du baptême renouvelé, mais d'une re-production de soi, où le nom gagne la compacité de l'avatar, lequel serait alors l'alias de l'alias, l'autrement dit de l'autrement dit. De l'avatar tout ne peut être dit : un reste résiste, un secret, une bifurcation opaque, dont un artiste comme John Armleder a pu se mêler. Si l'art ne peut alors tout dire de son autrement dit, que peuvent en dire les sciences humaines ? Et comment écrit-on à partir d'un tel régime d'impropriété, au-delà du fantasme de l'anonymat ?

C'est depuis ces questions qu'Oscillations souhaite solliciter les contributions.

 

PROCÉDURE

Les auteurs souhaitant proposer un article devront envoyer leur texte avant le 
4 septembre 2015 à l’adresse suivante : contact@revue-oscillations.eu

Les articles seront ensuite soumis à un comité de lecture, dont l’avis sera 
envoyé par mail à l’auteur.

Par ailleurs, les articles devront comprendre entre 10 000 et 40 000 signes.