Questions de société

"On achève bien J. de Romilly", par P. Assouline

Publié le par Marc Escola

Jacqueline de Romilly n’a jamais été autant sollicitée que depuis sa disparition il y a un an. On ne compte plus les places, les rues, les collèges, les bibliothèques, les médiathèques qui s’enorgueilliraient de porter son nom. Ce qui est dans l’ordre des choses eu égard à son image, son prestige et son oeuvre. Or on vient d’apprendre que le ministère de la Culture lance un concours auprès des professeurs de langues et cultures de l’Antiquité de l’enseignement secondaire et de leurs élèves afin de récompenser « un projet ou la création d’outils pédagogiques faisant preuve d’inventivité pédagogique ou éducative pour favoriser le rayonnement des langues anciennes », étant entendu que le dit projet sera marqué du sceau de l’interdisciplinarité. Les candidatures devront être déposées auprès du chef d'établissement avant le 12 février 2012, le prix étant remis en avril après délibération par un jury d’inspecteurs. Qu’est-ce qu’on gagne ? « Des ressources numériques » (tablettes etc) ainsi que « des ouvrages » (!). Mais le pire est encore à venir. Car le ministre de l’Education nationale n’a rien trouvé de mieux que de baptiser la récompense « Prix Jacqueline de Romilly ». Un comble lorsqu’on se souvient des combats que l’helléniste n’a cessé de mener en vain contre l’Education nationale sous tous les régimes. Généralement, l’accueil était poli, c’est à dire indifférent, et sa réclamation renvoyée à des calendes que l’on n’ose dire grecques. François Bayrou, ministre de 1993 à 1997 et agrégé de lettres classiques, fut l’un des rares à lui prêter personnellement une oreille attentive. Mais les élections approchant, ses promesses ne furent pas suivies d’effet, autant dire trahies ; l’enseignement du latin et du grec continua à se réduire en peau de chagrin. […]

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Voir aussi le texte publié sur Fabula par différents professeurs de classes préparatoires.