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Le nez fin

Le nez fin

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Comment fixer la trace d'une odeur ? Impossible de les dessiner, de les peindre ou de les photographier : le langage est le seul outil que nous possédions pour les conserver. Dans Les odeurs (Les Belles Lettres), Alain Leygonie dresse le catalogue verbal de trente-sept odeurs — du fumier au parfum de la rose, en passant par l'odeur du brouillard ou l'odeur de l'argent. Sophie-Valentine Borloz fait paraître de son côté « Les femmes qui se parfument doivent être admirées de loin » (Archipel Essais), en s'attachant aux odeurs féminines dans des œuvres de Zola, Maupassant et Villiers de L'Isle-Adam, pour "montrer comment, au crépuscule du XIXe s., les présupposés sociaux et scientifiques concernant les odeurs composent l’imaginaire collectif dans lequel puisent les auteurs pour créer des héroïnes toujours plus séduisantes, menaçantes… et parfumées". Eugénie Briot s'est intéressée pour sa part à La fabrique des parfums. Naissance d'une industrie de luxe (Vendémiaire éd.) ; eaux de toilette, de Cologne, poudres de riz, savons parfumés, huiles capillaires : les cosmétiques envahissent les grands magasins et de luxueuses boutiques fleurissent, arborant sur leur devanture les noms de Piver, Houbigant, Guerlain ou Bourjois... Rappelons à cette occasion Philosophie de l'odorat de Chantal Jaquet (PUF), qui cherche à élaborer une esthétique olfactive à partir des expressions artistiques de l'odeur, aussi bien dans la littérature chez des auteurs comme Huysmans, Balzac et Proust, que dans la musique de Debussy, la peinture de Gauguin ou la sculpture de Rodin.