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Envers, n° 3 :

Envers, n° 3 : "Bodybuilders"

Publié le par Marc Escola (Source : Revue Envers)

Envers n°3

Body Builders

 

Envers, revue contemporaine d’arts politique, entre recherche, sciences sociales et création contemporaine, consacre son troisième numéro aux « Body Builders ». Le but est d’aborder, dans leur diversité, les formes de construction du corps, qui rapportent celui-ci à sa matérialité, à sa plasticité, mais également aux significations sociales qu’il incarne lorsqu’il est travaillé d’une certaine manière.

Nous tenons à la métaphore du bodybuilder pour rappeler que tout corps est le fruit d’une construction, rendue évidente dans les pratiques d’entraînement sportif et de discipline diététique. En choisissant de faire explicitement référence au bodybuilding, nous souhaitons marquer une insistance particulière sur les techniques de création de soi par soi, et sur l’artificialité des signes qui permettent de renforcer ou de troubler les catégories identitaires assignant à un corps fonctions et gestes déterminés. Plus largement, c’est la question de la naturalité du corps biologique que l’on peut interroger : ce corps « naturel », vierge de toute action de construction/déconstruction, est-il encore une fiction viable ? L’entreprise sera de prendre littéralement l’idée de construction, afin de comprendre comment un corps se constitue. Frankenstein est le mythe matriciel de ce littéralisme, qui, par l’agencement et l’engendrement, met en vis-à-vis le créateur et la créature. Puis-je me créer moi-même ? Tout processus de construction ne se double-t-il pas d’une aliénation, d’une dépendance à un système qui a intérêt à produire les corps d’une certaine façon, jusqu’à peut-être transformer ceux-ci en ressources exploitables ?

Ce thème de réflexion est une invitation à explorer les récits scientifiques portant sur le clonage, l’extension des limites de la mort par la cryogénie, la chirurgie esthétique ou encore l’augmentation de mes facultés corporelles par l’intégration des biotechnologies. Se lève alors la fiction du cyborg, visage contemporain d’une réalité corporelle ainsi annoncée par Donna Haraway : « Je dirais que les cyborgs ont plus à voir avec la régénération et qu’ils se méfient de la matrice reproductive et de presque toutes les mises au monde. (…) Nous avons besoin de regénération, pas de renaissance (…) » Le corps reconstruit, bricolé, continué sans fin par la technique devient un nouvel objet qui rêve d’éternité, peut-être même de réincarnations ou de mutations infinies. L’humain (post ? trans ?), surmontant ce qu’en d’autres temps on appelait sa condition.

 

Sous ces édifices de corps rêvés, de corps de rêve, on entrevoit ceux qui sont abandonnés, délaissés ou bien détruits. Apparaissent les corps qui ne sont pas construits mais façonnés, façonnés par les épreuves qu’ils ont à subir, à commencer par le travail. Se pose encore la question du corps des anormaux, des inaptes, et des discours qui les constituent comme tels, et qui tentent, symboliquement ou littéralement, de les effacer. Que reste-t-il de ces spectres dont rien n’est dit ? La re-présentation en mots, la reconstruction par le verbe des corps absents, disparus dans la maladie, effacés par la vulnérabilité, est un pari pour les rendre à nouveau visibles. Ecrire pour reconstruire, pour refaçonner à même les lettres ce qui ne devait être qu’une destruction, l’art d’Hervé Guibert qui dans La Pudeur ou l’Impudeur annonce : « Le processus de détérioration amorcé dans mon sang par le sida se poursuit de jour en jour ».

Nous ouvrons la réflexion à quatre champs qui pourront être prospectés dans des articles, des entretiens, des reportages ou encore des textes libres à soumettre avant le 15 avril :

  • Performance 
  • Soin 
  • Destruction 
  • Identités 

Tous les textes sont à envoyer à l’adresse suivante : enversrevue@gmail.com