Questions de société
Nouvel enfumage du gouvernement sur la mastérisation - Revue de presse & communiqués (maj 18/03/09)

Nouvel enfumage du gouvernement sur la mastérisation - Revue de presse & communiqués (maj 18/03/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur cette page:

- Nouvel enfumage du gouvernement sur la mastérisation, (Fabula 12/03/09).

-  Dépêche Reuters: Nouveau geste du gouvernement sur les universités, 12/03/09 [quel titre!]

- Le communiqué de presse de Darcos et Pécresse. (CP Darcos - Pécresse).

- Gesticulations dans les ministères : sur un communiqué de X. Darcos et V. Pécresse - Communiqué de SLU.

- Décryptage de quelques aspects techniques dudispositif décrit dans le communiqué de presse de Xavier Darcos du 12mars 2009, par Sylvie Plane, IUFM de Paris Université Paris-Sorbonne (SLU)

- Communiqué du Snesup (13 mars 2009)

- Communiqué de QSF : statut, CNU, masterisation (14 mars 2009)

- Communiqué de la Fédération des syndicats Sud Etudiant (13 mars 2009).

- Contorsions, compromis, recul ? La réforme universitaire en pleine confusion - Jade Lindgaard, Médiapart, 14 mars 2009.

- Former les profs, un point d'interrogation, par Véronique Soulé (Libération.fr, 14/03/09)

- Réactions au recul de Darcos et Pécresse sur la mastérisation 13/03/09, {sciences2} Blog de Sylvestre Huet (Libération).

- Les présidents d'université exigent le report de la «mastérisation» 17/03/09, {sciences2} Blog de Sylvestre Huet (Libération).

- Quelle formation pour quels enseignants ? Regardhistorique sur la réforme de la « mastérisation », par Ismaïl Ferhat, La vie des idées, 17 mars 2009.

- "Formation des maîtres : il faut suspendre et négocier", par Patrick Fridenson et Michel Kaplan, Le Monde, 18 mars 2009.

- La lettre de Darcos et Pécresse envoyée à la CPU (doc. joint à télécharger au bas de la page).

Voir aussi:

- AGNationale des salariés de l'Éducation Nationale et des parentsmobilisés - déclaration relative à la mastérisation des concours

-  "Sur la masterisation des concours de recrutement des enseignants", par A. Grélois pour SLU (23/10).

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- Nouvel enfumage du gouvernement sur la mastérisation, 12/03/09.

Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont présenté jeudi soir desaménagements à la réforme de la formation des maîtres. Entre autresgros mensonges, on appréciera l'affirmation d'une volonté de"revaloriser substantiellement les rémunérations des jeunesenseignants".

Àl'heure actuelle, un enseignant stagiaire qui effectue son stage enresponsabilité reçoit un salaire, comme tout fonctionnaire en début decarrière. Le gouvernement propose des stages d'observation et depratique accompagnée pouvant aller jusqu'à 108 heures en master 1 et2. "Ces stages seront rémunérés", précise le texte. Mais à quellehauteur? Qui peut croire que ces stagiaires non fonctionnaires serontrémunérés autant que les actuels stagiaires admis au concours?

Lesrémunérations en début de carrières seront peut-être revalorisées, maisles carrières commenceront dans le meilleur des cas un an plus tard... 

Aux générations d'étudiants qui aurontobtenu leur master d'enseignement, mais qui auront échoué au concours :bienvenue dans l'Éducation Nationale, vous formerez une masse  deprécaires toute désignée pour effectuer les mêmes tâches que lestitulaires, pour un salaire bien inférieur.

 Et comme beaucoup n'auront pas manqué de le remarquer, le projet de Darcos concernant le stage est d'autant plus stupéfiant qu'il consiste à mettre en place un dispositif proche de celui qu'il a dénoncé lors de sa mémorable interview du 12 février, et dont il a voulu faire croire qu'il correspondait à la réalité:

"Aujourd'hui (...) les professeurs passent un concours, ils sont mis dans l'Institut de formation des maîtres, où on leur apprend des théories générales sur l'éducation et de temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent. C'est pas comme ça qu'on forme des gens. Autrement dit, ils sont sans arrêt devant un simulateur de vol. Alors que dans le système que je propose, ils ne seront pas dans un simulateur de vol" "

[Voir la page Xavier Darcos Supermenteur (Lettre ouverte, pétition etc.)]

Bérenger Boulay (Fabula)

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Dépêche Reuters:

Nouveau geste du gouvernement sur les universités, 12/03/09

 Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont présenté jeudi soir des aménagements à la réforme de la formation des maîtres, désormais au coeur de la contestation universitaire.

Les ministres de l'Education et de l'Enseignement supérieur invitent également les organisations syndicales à une concertation.

Sur le fond, la réforme reste inchangée: le concours de l'éducation nationale nécessitera un master, au lieu d'une licence, une formation adaptée sera mise en place dans les universités, et les IUFM, qui assuraient un an de formation avec une alternance de cours et de stages, vont disparaître.

Le texte ne prévoit pas de reporter de 2010 à 2011 la première année des nouveaux concours, comme le demandaient les présidents d'université.

En revanche, les modalités de la mastérisation auront un "caractère transitoire" et prendront un plein effet à compter de la session 2011 des concours, précise le communiqué des ministres.

Le texte annonce aussi un renforcement des possibilités de se familiariser avec le métier d'enseignant avant le concours. Les syndicats dénoncent en effet la suppression de l'année de stage prévue dans la réforme.

Le gouvernement propose des stages d'observation et de pratique accompagnée de 108 heures en master 1 et 2, une mesure qui pourrait concerner 100.000 élèves. "Ces stages seront rémunérés", précise le texte.

D'autres mesures concernent les modalités et le montant des bourses.

Enfin, la mise en oeuvre du processus de mastérisation permettra de "revaloriser substantiellement les rémunérations des jeunes enseignants à compter de la rentrée 2010", affirment les ministres.

Gérard Bon

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Communiqué de presse de V. Pécresse et X. Darcos : le recrutement et la formation des enseignants (12 mars 2009) Documents joints

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Gesticulations dans les ministères : sur un communiqué de X. Darcos et V. Pécresse - Communiqué de SLU

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2131


Depuisdes mois, la communauté universitaire dans son immense majorité estvent debout face à la réforme de la formation et du recrutement desenseignants du premier et du second degré. Depuis des mois, elledénonce un projet qui conduira à une dégradation de la formationprofessionnelle et de la formation disciplinaire, qui met en place pourles concours de recrutement des épreuves vidées de leur substance, quisupprime pour des motifs strictement budgétaires l'année de formationen alternance postérieure à la réussite au concours, qui crée uneconcurrence entre un diplôme (le master) et un concours. Ce projetaffaiblit l'un et l'autre et conduit nécessairement à lacontractualisation et à la précarisation. Depuis le 8 novembre plus de20000 personnes et des dizaines d'associations, syndicats, collectifsont appelé non seulement à reporter cette réforme mais aussi à ouvrirun débat national sur la questionavec tous les acteurs de la formation des enseignants. Depuis sixsemaines, les universités françaises sont en grève et leur coordinationdemande le retrait de ce projet.

Et pourtant les deux ministres concernés, dans leurcommuniqué commun du jeudi 12 mars, comme s'ils vivaient dans un autremonde et un autre temps que nous, feignent de ne pas comprendre quec'est la logique même de cette réforme qui est rejetée massivement. Ilsn'hésitent pas à réitérer des mensonges maintes fois dénoncés : non, iln'y a aucune harmonisation européenne dans ce projet ; non, cetteréforme n'allonge pas la durée de la formation des futurs enseignants,elle allonge la durée des études non rémunérées ; non, son enjeuprincipal n'est pas « qualitatif », mais bien budgétaire etidéologique ; non, les jeunes enseignants ne seront pas « mieuxaccompagnés », ils seront moins bien formés.

La méthode est toujours la même : les ministres érigentle bureau de la CPU en partenaire quasi-unique, mènent des négociationssecrètes avec « des syndicats » non nommés, lancent des « ballonsd'essai » sous la forme de fuites de documents « confidentiels » dansdes dépêches AEF et présentent comme nouvelles des demi-mesures quiavaient déjà été mises sur la table il y a plusieurs mois sans succès,comme si rien ne s'était passé depuis :

— Ils cèdent des miettes en termes de bourses pour lesétudiants, « pouvant atteindre jusqu'à 2500 euros » par an ; rappelonsque le salaire — misérable — de début de carrière d'un enseignant estde 1310 euros… par mois, soit quand même six fois plus.

— Ils font semblant de croire que 5000 étudiantspourront préparer avec succès un master et un concours tout en étantassistants d'éducation, alors que l'on sait que ces emplois prennentbeaucoup trop de temps pour cela

— Ils prétendent améliorer la formation en alternanceen y consacrant un tiers de l'horaire des jeunes collègues au lieu dedeux tiers aujourd'hui.

— Ils prévoient des stages totalement inadaptés :envoyer les étudiants faire des remplacements dans les établissements,au gré des congés des enseignants, ne constitue pas un cadred'apprentissage sérieux ; alors que les futurs professeurs des écolesfont actuellement 370 heures de stage en responsabilité, la « réforme »n'en propose plus que 108. Et encore faut-il préciser que, faute depouvoir offrir plus de 50000 stages aux 140000 candidats, le ministèrefera assurer un même stage à deux étudiants ! De toute façon, lesministères n'auront ni les moyens humains ni les moyens financiers demettre en place ce système lourd et compliqué – car comment serontrémunérés les « tuteurs » encadrant ces stages ?

— Enfin, ces stages qui pourront avoir lieu n'importequand ne permettent pas de mettre en place un véritable calendrier dela formation universitaire

Les rares nouveautés annoncées ces derniers jours nefont qu'apporter la preuve de l'absurdité et de la nocivité d'un projetlancé à la hâte :

— Pour se gagner certains et diviser encore une fois lemonde universitaire, les ministres remplacent provisoirement uneépreuve sur la connaissance du système éducatif par une épreuvedisciplinaire qui n'est pas définie et qui disparaîtra dans un an sansjustification.

— Pour tenter d'acheter la complaisance des syndicatsdu second degré, ils promettent une revalorisation des carrières desenseignants en trompe-l'oeil : il est en effet bien évident que lapetite augmentation des traitements en début de carrière ne compenserani la disparition de la rémunération perçue actuellement par lesstagiaires avant leur titularisation, ni la diminution des pensions deretraite engendrée par la perte de quatre trimestres de cotisation….

— Enfin, les deux ministres annoncent la création d'une« commission de suivi » dont les missions, détaillées dans une lettreau président de la CPU, révèlent le caractère complètement improvisé decette prétendue réforme : cette commission devra en effet régler rienmoins que les questions d'articulation entre masters et concours, deplace de la formation à la recherche dans les masters, d'adaptation desépreuves, d'organisation des concours etc.

— Quant aux universités, elles pourront modifierentièrement leurs offres de formation pour l'année 2010-2011, mais ilest indispensable qu'elles mettent en place pour l'année 2009-2010 des« maquettes » conformes à la réforme, fussent-elles absurdes !

Dans la logique du gouvernement, rien n'est défini,mais il faut lancer cette réforme coûte que coûte dès à présent, et nesurtout pas revenir sérieusement sur ses principes. Que dire d'un telamateurisme, d'une pareille désinvolture dans la gestion d'un desaspects les plus cruciaux d'une politique gouvernementale, la formationdes générations futures ?

Cerise sur le « gâteau », les ministres annoncent uneprocédure d'« accompagnement lors de l'entrée dans le métier » avectutorat, et formation disciplinaire et professionnelle « dont lesuniversités seront les acteurs essentiels » mais qui sera définie parl'inspection : comment dire plus clairement que la formation prévuedans les deux années de master sera insuffisante et nécessitera (aumoins) une année supplémentaire ? Comment aussi comprendre cetteannonce, qui ne précise aucun cadre universitaire pour cet« accompagnement » ? Le master serait-il désormais un diplôme en troisans ? Ou bien devra-t-on créer des diplômes d'université pour compléterla formation, même si ces derniers ne sont pas financés par lesministères ?Bref, la seule nouvelle inédite et un peu rassurante est la promesse dene pas supprimer de postes aux concours l'an prochain ; mais onajoutera tout de suite que pour les professeurs des écoles les coupessombres ont déjà eu lieu cette année !

Ce communiqué des deux ministres est donc trèsinsuffisant, déplacé et dépourvu de toute crédibilité. Sa seule raisond'être est de se livrer à une manoeuvre tactique ridicule de la part deresponsables incapables de prendre la mesure de la crise qui secoue lemonde de l'université et de la recherche et sans souci réel de laqualité de la formation des futurs enseignants. Nous ne sommes pasdupes. Nous maintenons notre demande de retrait de cette réforme et demaintien des concours en l'état pour 2009-2010.

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Décryptage de quelques aspects techniques dudispositif décrit dans le communiqué de presse de Xavier Darcos du 12mars 2009, par Sylvie Plane, IUFM de Paris Université Paris-Sorbonne (SLU)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2157

Pour lire le tableaudonnant un court argumentaire chiffré à propos de deux aspectstechniques concernant le projet de réforme dit de "masterisation" telque présenté dans le communiqué de X. Darcos le 12 mars 2009, veuillezouvrir le document ci-dessous. Documents joints

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Communiqué du Snesup (13 mars 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2128
Communication Darcos-Pécresse sur la formation des enseignants :LE GOUVERNEMENT DOIT REMETTRE A PLAT L'ENSEMBLE DU DISPOSITIF

L'intensité et l'ampleur de la mobilisation dans les universités, les laboratoires et les IUFM ont conduit legouvernement, le 12 mars, à faire de nouvelles annonces sur la formation des enseignants. En cette matière, lacommunauté universitaire a trois exigences immédiates : que soit négocié un dispositif global améliorant la formationdes maîtres, qui articule les cursus universitaires, les concours, et l'année post-concours ; que les concours derecrutement restent inchangés dans leurs épreuves et leurs modalités en 2010 ; qu'après l'obtention des concours,les futurs enseignants aient une année complète en alternance rémunérée. Les annonces de X. Darcos et de V.Pécresse n'y répondent pas ou font des réponses biaisées.

Les dispositions déclarées « provisoires » concernant les concours de 2010 semblent laisser en l'état le concours derecrutement de professeur des écoles (CRPE) et l'agrégation et suppriment le projet ministériel d'une épreuve deconnaissance du système éducatif. Refusant de déclarer clairement le maintien du dispositif actuel pour 2010, ellesajoutent à la confusion. Elles improvisent des solutions qui portent atteinte à la qualité des concours. Elles ouvrentsur un développement potentiel de la précarité. Elles signifient que les ministres ne donnent pas le temps nécessairepour mettre en place une formation cohérente associant les IUFM et les UFR.

Même si le gouvernement recule par rapport à son objectif initial de mettre complètement en exercice dans lesclasses les lauréats aux concours, les obligations de service et le statut des « enseignants stagiaires », sontindéterminés. Le temps de formation dite « continue », à l'intérieur de ces obligations de service, n'est jamaisprécisé.

Le dispositif social exposé au bénéfice des étudiants qui se destinent à devenir enseignants est insuffisant en ce quiconcerne notamment le montant des bourses. Réserver 5000 postes d'assistant d'éducation pour les étudiants enM2 et 4000 postes en M1 n'est pas propre à aménager des conditions d'études qui permettent une démocratisationde l'accès au métier d'enseignant.

Le gouvernement est obligé de reconnaître la nécessité de revaloriser substantiellement les rémunérations desjeunes enseignants, mais il ne prend aucun engagement en ce sens.

Dans les mesures annoncées, le rôle et les missions des IUFM sont absents dans la formation des enseignants,dans les stages en cours de master, et après le concours. L'évaluation de l'exercice en responsabilité, élémentessentiel de la qualification enseignante, n'est jamais envisagée.

Pour l'essentiel, le gouvernement n'a pas modifié son canevas qui reste focalisé sur l'objectif de réaliser, via lasuppression de l'année de stage, des économies budgétaires au plus vite et, à terme, de recruter les enseignantsuniquement sur la base de masters sans concours nationaux. Pas un seul universitaire ne défend le modèle deformation et de concours conçu par les ministres. La précipitation et la confusion entre un objectif flou pour 2011 etdes dispositions transitoires pour 2010 qui déstabilisent étudiants, formateurs et cursus de formation ne sont pas denature à améliorer le dispositif et à rétablir la confiance.

Le SNESUP se saisira de toutes les tribunes pour consolider la solidarité d'analyses, de propositions et d'actions quirassemble aujourd'hui le monde de l'éducation « de la maternelle à l'université » afin que se dessinent et voient lejour de réelles améliorations pour la formation des futurs enseignants. Il porte l'exigence maintenue d'un retrait dudispositif.

Le SNESUP appelle partout à maintenir les modes d'actions à un haut niveau et la mobilisation des personnels ; enparticulier, dans la non transmission de maquettes de masters dédiés à la formation des enseignants.

Le SNESUP agit pour contribuer, dans la FSU et au-delà, à fédérer l'unité la plus large pour interpeller les deuxministres et le gouvernement qui campent encore sur des orientations rejetées par le monde de l'éducation.

Paris, le 13 mars 2009La Commission Administrative Nationale du SNESUP

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 Sur le site de SLU et sur le site de QSF:

Communiqué de QSF : statut, CNU, masterisation (14 mars 2009)

 http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2149

QSF a pris connaissance du nouveau projet de décret statutairediffusé le 10 mars et s'étonne que les orientations fixées par leprésident de la République et le Premier ministre, lesquels avaientannoncé une réécriture complète du texte, n'aient pas été suivies. Leministère est resté fidèle aux principes qui guidaient son projetinitial et il a même retranché certaines garanties obtenues par lesuniversitaires dans le précédent projet, tel qu'il avait été transmisau Conseil d'État le 30 janvier.

QSF rejette les dispositions relatives à la modulation des services,notamment parce que l'accord de l'intéressé, considéré comme laprincipale concession du ministère, est une garantie largementillusoire et d'autant plus fragile que le texte réaffirme la nécessitéde ne pas « compromettre la réalisation des engagements de formationprévus dans le cadre du contrat pluriannuel entre l'établissement etl'État ». QSF demande que le futur décret dispose sans ambiguïté quetoute heure de cours (ou équivalent TD) effectuée au-delà du service deréférence soit rémunérée.

QSF réclame que la clé de répartition entre les promotions locales(50 %) et les promotions sur contingent CNU (50 %) soit indiquée dansle décret, puisque c'est le seul moyen d'éviter la prédominance desdécisions des instances locales, encore trop souvent marquées par lefavoritisme, et de préserver l'équilibre entre les disciplines.

QSF conteste comme injustifiée et irréaliste la périodicité projetéedes évaluations, qui réduira celles-ci à du « benchmarking » ou à desnotations.

QSF n'est pas défavorable au recrutement d'universitaires exerçant àl'étranger, mais juge que la condition fixée par le projet de décret(« niveau équivalent d'emploi ») est trop laxiste. QSF exige desconditions de compétences et de qualifications équivalentes qui devrontêtre examinées non seulement par l'université, mais aussi par le CNU.

À propos du projet de décret relatif au CNU, QSF approuvel'initiative de publier le CV et la liste des travaux des candidats,mais la juge insuffisante pour remédier aux travers du mode de scrutinenvisagé. QSF, réitérant sa revendication traditionnelle, demande queles membres du CNU soient élus au scrutin plurinominal majoritaire ouau scrutin de liste avec panachage, seuls à même d'assurer la sélectiondes experts sur des critères scientifiques, et non pas sur des critèresd'appartenance syndicale. Au moment où le CNU devient un acteur clé del'évaluation, la nécessité de cette réforme est encore plus impérieuse.

À propos du communiqué commun des ministres de l'Éducation nationaleet de l'Enseignement supérieur du 12 mars sur le recrutement et laformation des enseignants, QSF, qui ne doute pas de l'utilité d'uneréforme de la formation des maîtres, réitère son opposition auprocessus de mastérisation tel qu'il a été conçu. Les mesurestransitoires proposées, qu'il s'agisse du concours 2010 ou des stagespour tous dès 2009, paraissent inapplicables et entraîneraient defâcheuses conséquences pour les masters de recherche. Loin desfaux-semblants et des improvisations en trompe-l'oeil, la seule solutionréaliste est le report de la réforme, assorti de la mise en place d'uneconcertation. En l'absence d'une telle décision, la crise ne pourraitque se prolonger et s'amplifier.

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Communiqué de la Fédération des syndicats Sud Etudiant en date du 13 mars 2009.

Jeudi 12 mars,le Gouvernement a une nouvelle fois tenté de faire diversion. LesMinistres Darcos et Pécresse ont en effet annoncé un prétendu "geste"concernant la réforme dite de mastérisation des concours del'enseignement. En réalité, les Ministres ne modifient en rien leurprojet : il s'agit toujours de mettre en place un master professionnel"métiers de l'enseignement", supprimant les IUFM, visant à terme à lasuppression des concours de l'enseignement. L'annonce de 3 semaines destage en première année de master et de trois autres semaines endeuxième année, ne sont en rien des "avancées" pour la mobilisation encours. Pour parfaire la mascarade, les Ministres, qui n'ont de cesse devouloir imposer dans l'urgence et unilatéralement cette réforme,annoncent qu'ils souhaitent une "large concertation" autour de leurprojet de loi (sic).

Ces annonces médiatiques dissimulent pourtant bien mal la réalité dela politique gouvernementale. En effet, nous constatons lors de chaquejournée de mobilisation une répression policière, qui ne se manifesteplus par des arrestations mais des tabassages (plusieurs étudiants ontété hospitalisés suite à des manifestations). Nous constatons aussique, fin février, des députés UMP ont déposé un projet de loi visant àaugmenter les frais d'inscriptions dans les universités. De fait,malgré les déclarations ministérielles et les négociations menées pardes organisations non mobilisés et les organisations étudiantescorporatistes, la mobilisation se poursuit. Le Gouvernement reste sourdaux revendications des assemblées générales et de la coordination, nousne cesserons donc pas notre lutte et continuerons de l'amplifier. Defait, les assemblées générales préparent actuellement la reconductionde la grève après le 19 mars.

Communiqué de la Fédération des syndicats Sud Etudiant en date du 13 mars 2009.

http://www.sud-etudiant.org/

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- Contorsions, compromis, recul ? La réforme universitaire en pleine confusion - Jade Lindgaard, Médiapart, 14 mars 2009.

Source: SLU

C'est la question à 1000 euros quiagite le monde universitaire : les annonces ministérielles faites dansla soirée du 13 mars sur la réforme en cours de la formation desenseignants et des maîtres enregistrent-elles un recul dugouvernement ? « Ils ont évolué dans le sens des demandes des organisations syndicales », se réjouit Michel Gay, secrétaire général d'Autonomesup (3e syndicat dans le supérieur). Mais ces « gestes » sont « insuffisants », regrette Patrick Fridenson du Sgen-Cfdt (2e syndicat). Ce ne sont « pas des concessions mais des contorsions, c'est consternant » tonne Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup (majoritaire).

Concrètement, qu'ont annoncé Xavier Darcos et ValériePécresse dans leur communiqué conjoint de jeudi soir ? La confirmationde la réforme mais son étalage dans le temps : « Leprocessus sera lancé dès la session 2010 des concours (...) cetteréforme verra son aboutissement à l'occasion de la session des concours2011. »

En clair : la création de masters universitaires pourformer les enseignants du primaire et du secondaire est confirmée pourla rentrée prochaine, mais se fera la première année de manièretransitoire. « C'est un décollage progressif »,précise l'entourage de Valérie Pécresse. Et non un report clair et netd'un an comme pour la réforme des lycées. Le contenu de la formationdevrait donc commencer à changer dès septembre prochain.

A l'issue d'une assemblée plénière, la conférence desprésidents d'université (CPU) avait pourtant demandé la semainedernière le report d'un an de la réforme. « Ils sont en dessous des demandes de la CPU qui était le minimum minimorum », regrette Jean-Louis Fournel de Sauvons l'université (SLU). « C'est une négociation, chacun fait un pas vers l'autre », riposte le ministère.

"J'ai l'impression de passer pour un ennemi du peuple"

Les universités devaient, avant l'annonce de jeudisoir, rendre les maquettes des nouveaux masters d'ici le 31 mars. Ledélai pourrait être rallongé pour prendre en compte les dernièresannonces. Selon le ministère, une dizaine de maquettes (sur 85universités) ont été rendues par les établissements. Une commission deconcertation et de suivi est en cours d'installation et devrait êtreopérationnelle d'ici quelques semaines. D'ici là, les arrêtés précisantle contenu des concours devront être publiés.

Par ailleurs, concernant l'autre principal sujet decontestation dans les universités, le décret modifiant le statut desuniversitaires réécrit la semaine dernière, les critiques ne s'apaisentpas. Le nouveau texte doit être soumis au comité technique partitaire(CTPU) – réunissant les organisations représentatives des personnels del'université – le 23 mars. Lors de la même réunion doit être étudiéaussi le décret réorganisant le conseil national des universités (CNU),instance d'évaluation des enseignants-chercheurs. Et pour l'instant,aucun syndicat n'annonce vouloir l'accepter en l'état. Pour leSgen-CFDT, l'un des partenaires de la négociation, Patrick Fridensonprécise que « la manière dont on votera dépendra du reste, on n'est pas dans une logique de saucissonnage ».

Pour Guillaume Drago, membre du collectif pour ladéfense de l'université, essentiellement composé de juristes, leproblème posé par la première mouture du décret reste quasiment entiercar sa version réécrite « organise un système de modulation de services qui risque d'être imposé aux enseignants-chercheurs ». Claude Guéant a rajouté à la confusion ambiante en déclarant dans Libération que « au final, le texte sera peu différent de celui qui a été mis sur la table ». Colère d'AutonomeSup, autre syndicat partenaire des négociations avec le ministère : c'est « un grossier mensonge et un sabotage des négociations actuellement en cours ».

En fait pour la masterisation comme pour le décret, lesmodifications concédées par le gouvernement aux textes controverséssont réelles, sans répondre à toutes les critiques. Mais surtout, leclimat de défiance entre ministères et universitaires, présidentsd'université et personnel, syndicats participant aux discussions avecles ministères et organisations exigeant l'ouverture de négociationsgénérales, fait que ces concessions risquent de ne pas avoir grandeffet sur la contestation.

Que va-t-il se passer à partir de maintenant ?L'incertitude est partagée par tous, syndicats et ministères. Leproblème c'est que « jamais le monde universitaire n'aété aussi divisé, analyse Patrick Fridenson, du Sgen-Cfdt, la droiteuniversitaire classique s'est radicalisée. Dans les assembléesgénérales, il arrive que les plus radicaux soient des gens de droite.La décision de vouloir faire toutes les réformes en même temps, lessuppressions de poste vécues comme une gifle par les universitaires,ont créé de nouvelles fractures entre universitaires. C'est unesituation nouvelle qui rend très difficile de prévoir comment lasituation va évoluer à partir de là ».

Et l'historien de constater, amer : « Celafait des années que je suis dans le syndicalisme enseignant. C'est lapremière fois que j'ai l'impression de passer pour un ennemi du peuple. »

Le gouvernement a certes amendé son projet demasterisation pour répondre à certaines critiques des opposants à laréforme : des stages de trois semaines sont prévus en première etdeuxième année, ils seront rémunérés dans le second cas. 12.000 boursesseront attribuées aux étudiants sur critères académiques. Et dans lesconcours, la part consacrée à la discipline étudiée est conservée alorsqu'elle était en partie remplacée par des épreuves de connaissancegénérale sur le système éducatif dans une première version. Cetteperspective avait suscité de vives protestations.

Mais « 80% de ces annonces avaient déjà été faites il y a un mois », dans une lettre rendue publique du ministère de l'enseignement supérieur à la CPU, constate Jean-Louis Fournel de SLU : « Ilsessaient de faire ce qu'ils ont fait sur le décret modifiant le statutdes enseignants-chercheurs : des modifications cosmétiques qui nechangent pas la nature du projet. »

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- Former les profs, un point d'interrogation, par Véronique Soulé (Libération.fr, 14/03/09)

 http://www.liberation.fr/education/0101555303-former-les-profs-un-point-d-interrogation

Tout ça pour ça : aprèsplusieurs jours de suspense, les deux ministres chargés de la réformede la formation des enseignants ont enfin présenté jeudi soir leurspropositions. Xavier Darcos, le maître d'oeuvre à l'Education, etValérie Pécresse, à l'Enseignement supérieur, font bien quelquesgestes. Mais il en faudra plus pour amadouer les syndicats enseignantset les universitaires qui réclament le report, voire le retrait d'uneréforme bâclée. Retour sur les points qui fâchent.

Une année transitoire mais la réforme est maintenue

La réforme - recruter désormais tous les profs à bac +5, ce quisuppose de créer des masters à l'université et de modifier les concoursde recrutement - était déjà passablement confuse. Elle devient opaque.Une seule certitude : elle commencera à s'appliquer dès la rentrée2009. Tout le reste est transitoire : les nouveaux concours 2010 (deprofesseur des écoles pour le primaire, le capes pour lesecondaire, etc.) comme les masters. La réforme ne sera «aboutie» qu'en 2011, après discussions avec les organisations représentatives.

Pour les opposants, c'est rédhibitoire. Ils ont des critiques trèsdiverses, parfois contradictoires - les enseignants du primaireestiment que la formation professionnelle est sacrifiée, lesuniversitaires trouvent que c'est le niveau disciplinaire qui chute.Mais tous s'accordent sur un point : il faut remettre à plat laréforme, prendre le temps de discuter. Et les anciens concours doiventêtre maintenus en 2010, jusqu'à ce que l'on tombe d'accord sur unenouvelle réforme.

Des stages pour tous, mais pas de formation en alternance

Xavier Darcos a voulu rassurer sur les stages. Tous les étudiants enauront - des stages d'observation en première année de master, devantdes classes en seconde année. De 108 heures maximum, ils seront payésjusqu'à 3 000 euros en Master 2. Mais pour les opposants, c'est bientrop peu : jusqu'ici, les reçus aux concours avaient ensuite une annéede formation en alternance, face aux élèves et en IUFM (Institutuniversitaire de formation des maîtres) durant laquelle ils étaientpayés. Or cette année disparait. D'où le soupçon tenace que cetteréforme vise avant tout à faire des économies.

Le ministre, qui s'en défend, a fait un geste. Il promet désormaisque durant leur première année d'exercice, les profs débutants neseront pas à 100 % devant les élèves : ils auront une formationcontinue et du tutorat. Mais il ne précise pas les proportions, ce quiinquiète. Les syndicats doutent en outre que les universités puissenttrouver autant de stages - 50 000 en master 2 par exemple.

De nouveaux concours modifiés mais on reste loin du compte

Les universitaires surtout dénoncent le nouveau capes allégé.Darcos, qui en est chargé, supprime l'épreuve de connaissance dusystème éducatif qui avait été introduite et était très critiquée. Ilremet à la place une épreuve disciplinaire. Mais est-ce transitoire,définitif ? Mystère. Les agrégés, eux, retrouvent leur concours àl'identique.

Il reste l'épineuse question de la place du concours la même annéeque le master 2. L'étudiant risque de bachoter pour le concours et lemaster de devenir un sous-diplôme. En plus, le ministre propose 5 000postes d'assistants d'éducation pour les étudiants qui doiventtravailler. Un geste qui se veut social mais ça fait beaucoup à la fois.

Des bourses et une revalorisation mais de combien ?

Dans la plupart des cas, avec la réforme, l'étudiant va devoirfinancer une année supplémentaire. Or cela risque de découragercertains alors que l'on veut introduire de la «diversité» dans le corpsenseignant. C'est l'une des principales critiques. En plus des aidesdéjà existantes à l'université, 12 000 bourses pouvant atteindre 2 500euros sont créées pour les meilleurs étudiants en fonction de leursressources. Et les boursiers niveau 0 (exemptés des droitsd'inscription) toucheront en plus 1 449 euros annuels. Mais tout celane compense pas l'année rémunérée de stage. Enfin, Xavier Darcoss'engage à «revaloriser substantiellement les rémunérations des jeunes enseignants» à partir de 2010. Mais il ne chiffre pas. Les syndicats réclament, eux, une «revalo» globale.

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Formation des profs : le report qui ne dit pas son nom - Le Monde, 13 mars 2009


« Transitoire », « provisoire »...mais pas une seule fois le mot report. Dans un communiqué diffusé hier,les ministres Valérie Pécresse et Xavier Darcos opèrent un très prudentrecul sur le dossier de la « mastérisation », devenu l'un desprincipaux points de blocage dans les négociations avec les enseignants.

Sur le principe, pas de changement : la réforme de laformation prévoit toujours que les enseignants des écoles, collèges etlycées soient recrutés au niveau master 2, c'est-à-dire à bac + 5, (aulieu de bac + 3, avec une année de stage rémunéré après le concours).Leur formation incombera aux universités et non plus aux instituts deformation des maîtres (IUFM).

Mais le calendrier est désormais étalé. La réforme, qui devait initialement entrer en vigueur en 2009-2010, aura un « caractère transitoire » en 2009-2010 et verra son « plein aboutissement à l'occasion des concours 2011 », annonce le communiqué.

Ce qui veut dire ? La réforme commencera bien às'appliquer dès la session des concours 2010. Mais les épreuves decette session auront un caractère « provisoire » : elles pourront être modifiées pour la session 2011 « enfonction des recommandations de la commission de suivi et deconcertation et sur décision du ministre de l'éducation nationale ».

L'agrégation ne bouge pas en 2010

Par exemple, pour les concours du second degré,l'épreuve de connaissances générales du système éducatif qui avait étéprévue initialement dans le projet de réforme est abandonnée pour lasession 2010, mais pourra être « éventuellement » rétablie pour 2011.

En outre, les épreuves de l'agrégation « demeureront enl'état ». D'autre part, pour l'ensemble des concours (CRPE, CAPES,CAPEPS, CAPET, CAPLP, CPE et Agrégation), pourront se présenter et êtreadmis à la session 2010 à la fois les étudiants inscrits en M2 (ou déjàtitulaires d'un M2) et ceux présents aux épreuves de concours de lasession 2009.

Les universités, qui devaient proposer dès la rentrée 2009 des « masters d'enseignement » spécialisés dans la préparation du concours, pourront donner à ces nouveaux masters « un caractère provisoire » pour cette année-là. Elles pourront modifier soit l'ensemble de leur master soit seulement la deuxième année.

Stages en master dès l'année prochaine

En revanche le dispositif de stage en master 1 et 2,ainsi que l'instauration de nouvelles bourses, se mettent en place dèsl'année universitaire 2009-2010.

S'agissant de la première année d'exercice, lesministres répètent que le jeune enseignant sera accompagné d'un tuteur- à la fonction « reconnue et valorisée » - etbénéficiera de formation continue à l'université, sans préciser quellesera la part de celle-ci par rapport au reste de son emploi du temps.

Aucune précision chiffrée n'est donnée sur le montantde la revalorisation de carrière du jeune enseignant attendue encontrepartie de son recrutement au niveau master.

Contestée de longue date, la mastérisation est devenueces derniers jours le sujet qui cristallise le plus les mécontentementsdans le monde de l'Education, notamment chez les universitaires. Lesprincipales critiques adressées à la réforme visent son caractère jugéprécipité, l'insuffisance du volet formation professionnelle, le faitque soit supprimée l'année d'IUFM actuellement rémunérée, l'obligationde préparer des concours en même temps qu'un diplôme de master, et desconcours au contenu dévalorisé.

Nombre d'acteurs ont demandé le report d'un an de samise en oeuvre et l'ouverture de négociations. Sur ce dernier point, lesdeux ministres « invitent les organisations représentatives àdiscuter » de « la définition du processus abouti de la réforme en 2011 » et de « l'organisation de l'année transitoire ».

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- Réactions au recul de Darcos et Pécresse sur la mastérisation 13/03/09, {sciences2} Blog de Sylvestre Huet (Libération).

Hier soir, vers 20h, les deux ministres Xavier Darcos et ValériePécresse publiaient un communiqué commun. Il exposait un ensemblecomplexe de décisions sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignants du primaire et du secondaire.

En résumé (lapidaire) : l'affirmation que laréforme se fera mais en deux temps, une première étape en 2010 et uneseconde en 2011; quelques aménagements par rapport au projet initial;des concours de «transitions» en 2010.

Les deux principaux syndicats représentatifs des enseignants du secondaire et du primaire (SNES et SNUIPP de la FSU) les jugent insuffisants.Pour le Snes, les ministères de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur ont «infléchi» leur projet sur plusieurs points, résultat selon le SNUipp de «la pression des mobilisations» contre la réforme.Mais ces éléments «ne permettent pas de sortir de la confusion actuelle» pour le SNUipp, qui continue de réclamer le «retrait de l'actuel projet». Le Snes demande lui «le report en 2011 de tout projet de réforme finalisé».Le SNUipp prône notamment «demaintenir une année de formation en alternance qui doit s'effectuer àmi-temps en responsabilité dans une classe et à mi-temps en formation àl'IUFM» et «d'augmenter le nombre de postes au concours pour ne pas diminuer l'actuel potentiel de formation continue».

Le Snes souhaite que «les étudiants en deuxième année de master nesoient pas utilisés comme moyens d'enseignement» et demande«d'abandonner l'objectif d'utiliser cette réforme pour supprimer desemplois d'enseignants».

Plutôt que de me lancer dans une exégèse ducommmuniqué et des réactions qui commencent à tomber, voici troisdocuments : le texte des deux ministres, et les communiqué du Snesup etd'Autonome Sup. Ils montrent que si  les deux ministres ontsoigneusement pesé reculs et maintien de leur projet initial en vue dediviser leurs opposants, le fond du sujet : quelle formation pour lesenseignants ? risque d'être le grand perdant de l'affaire.
Ladémarche gouvernementale - précipitation et surtout mélange dans unmême processus de la réforme de la formation des professeurs des écoleset de celle des professeurs du secondaire - trouve là son principaldéfaut. A moins que cela ne soit, malheureusement, son objectifprincipal : sacrifier les nécessaires changements de ces deuxformations et des processus de recrutement aux économies budgétaires.

{ajout à 16h 35 : voici une saynette dénichée sur le web et susceptible de résumer la situation :

Le tortionnaire – je vais te couper le bras.
La prisonnière – je ne veux pas.
Le tortionnaire – tu as peur d'avoir mal ?
Le prisonnière – oui, mais surtout, je ne veux pas perdre mon bras.
Le tortionnaire – je comprends. Je vais faire un geste. Je vais te lecouper en deux fois. Un bout cette année, la suite l'an prochain.

Choisissez la dernière réplique de la prisonnière (vous pouvez combiner les options) :
1. – ah, merci. Je suis soulagée et entièrement rassurée
2. – vous êtes quand même une belle ordure
3. – merci de votre compréhension
4. – vous me prenez vraiment pour une conne}

Voici tout d'abord le communiqué gouvernemental.

college_classe_science.jpgComme leurs collègues européens, les enseignants français bénéficierontà l'avenir d'une formation universitaire au terme de cinq annéesd'études. Telle est la caractéristique première de la « mastérisation »de la formation des maîtres.
L'enjeu de cette réforme est qualitatif : une meilleure qualité dela formation des futurs enseignants, une meilleure qualité del'enseignement délivré à nos élèves et la meilleure utilisation dupotentiel de formation des universités.
Mais cette rénovation est également l'occasion de mieuxaccompagner, dès la rentrée scolaire 2010, les jeunes enseignants lorsde leur entrée dans le métier et de revaloriser substantiellement leursalaire.
1- A l'issue des consultations et rencontres des dernièressemaines, Xavier DARCOS et Valérie PECRESSE ont apporté les précisionssuivantes sur cette réforme, dont le processus sera lancé dès la session 2010 des concours, conformément aux principes énoncés dans la Charte signée par les deux ministres le 30 septembre dernier. Cette réforme verra son aboutissement à l'occasion de la session des concours 2011.Les conditions définitives de la mastérisation des enseignants ferontl'objet d'une discussion avec les organisations représentatives et lesacteurs concernés. Elles seront examinées par une Commission deconcertation et de suivi, coprésidée par un président d'université etun recteur. Cette commission associera les associations syndicalesreprésentatives.Cette commission, qui réunira en nombre égal des membres del'enseignement supérieur et de l'éducation nationale, aura pourobjectif de faire aux ministres concernés des recommandations notammentsur l'articulation entre les masters et les concours, sur la questionde l'adossement à la recherche des masters, sur les éventuellesadaptations que pourront connaître les épreuves et l'organisation desconcours et sur les ajustements pour certaines disciplinesprofessionnelles de l'enseignement professionnel.

2-Le processus de réforme commencera à s'appliquer dès la sessiondes concours 2010. Pour sa première année d'application, les modalitésde la mastérisation auront  un caractère transitoire et prendront leurplein effet à compter de la session 2011 des concours dans desconditions définies en lien avec les acteurs universitaires et lespartenaires sociaux concernés.Ainsi, les universités qui le souhaitent pourront donner à leursparcours de master ou aux masters qu'elles ont élaborés un caractèreprovisoire lors de l'année 2009/2010. A la lumière des travaux de laCommission de concertation et de suivi, elles pourront faire évoluer,dès la rentrée universitaire 2010, leur offre de formation, soit entotalité, soit seulement pour la deuxième année des masters nouveauxproposés.

3- Dès la rentrée universitaire 2009, un dispositif de stages seraorganisé pour tous les étudiants de M1 et de M2 se destinant àl'enseignement afin de permettre une préparation progressive àl'exercice du métier d'enseignant. Ces étudiants stagiaires serontencadrés, d'une part, par des professeurs d'accueil ou référents del'Education nationale et, d'autre part, par des formateursuniversitaires qui seront responsables de la validation des stagesainsi que de leur bonne insertion dans le cadre des masters. En M1, lesétudiants se destinant à devenir enseignants pourront ainsi bénéficierde stages d'observation et de pratique accompagnée d'une durée de 108heures. De même, des stages en responsabilité d'une durée également de108 heures seront proposés aux étudiants de M2. Ces stages enresponsabilité  seront rémunérés.

4- Dès la rentrée universitaire 2009, un dispositif social nouveauau profit des étudiants qui se destinent à devenir enseignants seracréé, de manière additionnelle à ceux existants déjà dans lesuniversités. 12.000 bourses, pouvant atteindre 2500 euros et calculéesen fonction du revenu fiscal de référence, seront attribuées surcritères académiques pour l'année de M2 aux meilleurs étudiants de M1.Pour favoriser la promotion sociale et la poursuite d'études pourdevenir enseignants, les étudiants ayant droit à une bourse surcritères sociaux  à l'échelon 0 (exonération des frais et des droits desécurité sociale seulement) bénéficieront d'une bourse complémentairede 1449 euros annuels.Les stages en responsabilité, qui pourront bénéficier à 50.000étudiants, feront l'objet d'une rémunération de 3.000 € pour 108 heuresd'activité.Enfin, 5.000 postes d'assistants d'éducation seront réservés auxétudiants de M2 inscrits aux concours de recrutement et 4.000 postesseront réservés aux étudiants souhaitant se destiner au métierd'enseignant inscrits en M1.

5- Les épreuves des concours de la session 2010 auront un caractèreprovisoire, afin de mieux prendre en compte l'offre de formation deniveau master déjà existante dans les universités et d'assurer unetransition pour les candidats qui ont bénéficié d'une préparation auxconcours cette année. Pour la session 2010 des concours du seconddegré, une épreuve disciplinaire comparable à une des épreuvesexistantes précédemment se substituera à l'épreuve de connaissancesgénérales du système éducatif qui était initialement prévue. Cesdernières connaissances seront cependant abordées au sein de laformation continue dont bénéficieront les jeunes enseignantsstagiaires.Quant à l'agrégation, ses épreuves demeureront en l'état.Pour la session 2010 des concours du premier degré (CRPE), les épreuvesécrites continueront de comporter une composante didactique.
Par ailleurs, pour l'ensemble des concours (CRPE, CAPES, CAPEPS,CAPET, CAPLP, CPE et Agrégation), outre les étudiants inscrits en M2,ou déjà titulaires d'un M2, pourront se présenter et être admis à lasession 2010 sans condition nouvelle de diplôme, tous les candidatsprésents aux épreuves de concours de la session 2009. Par ailleurs,pour le premier degré, comme pour le second degré, il y aura au moinsautant de places mises aux concours externes de recrutement en 2010qu'en 2009.

6- Dès la rentrée scolaire 2010, les jeunes enseignantsbénéficieront d'un meilleur accompagnement lors de leur entrée dans lemétier.Conformément aux principes exprimés dans la Charte du 30 septembre2008, les jeunes enseignants stagiaires, recrutés à l'issue de lasession 2010 des concours, bénéficieront d'une formation continuerenforcée, dans le cadre de leurs obligations de service, comprenant,d'une part, une partie pratique sous la forme d'un tutorat, et, d'autrepart, une formation hors écoles ou établissements, de naturedisciplinaire ou professionnelle dont les universités seront lesacteurs essentiels.Le tutorat permettra d'apporter au jeune enseignant un appui pratiqueet adapté à ses besoins. Chaque jeune enseignant stagiaire seraaccompagné par un tuteur dont la fonction sera reconnue et valorisée etqui pourra intervenir dans la même classe que son stagiaire. Dans lepremier degré, cette fonction s'appuiera sur les professeurs des écolesmaîtres formateurs (PEMF).

7- Enfin, la mise en oeuvre de ce processus de mastérisationpermettra de revaloriser substantiellement les rémunérations des jeunesenseignants dès à compter la rentrée scolaire 2010. Les deux ministresinvitent les organisations représentatives à discuter des dispositionsprécédentes, en ce qui concerne la définition du processus abouti de laréforme en 2011 et l'organisation de l'année transitoire.

Voici le communiqué du Snesup

LE GOUVERNEMENT DOIT REMETTRE A PLAT L'ENSEMBLE DU DISPOSITIF
L'intensité et l'ampleur de la mobilisation dans les universités, les laboratoires et les IUFM ont conduit lemanif016.jpggouvernement, le 12 mars, à faire de nouvelles annonces sur la formation des enseignants. En cette matière, lacommunauté universitaire a trois exigences immédiates : que soit négocié un dispositif global améliorant la formationdes maîtres, qui articule les cursus universitaires, les concours, et l'année post-concours ; que les concours derecrutement restent inchangés dans leurs épreuves et leurs modalités en 2010 ; qu'après l'obtention des concours,les futurs enseignants aient une année complète en alternance rémunérée. Les annonces de X. Darcos et de V.Pécresse n'y répondent pas ou font des réponses biaisées.

Les dispositions déclarées «provisoires» concernant les concours de 2010 semblent laisser en l'état le concours derecrutement de professeur des écoles (CRPE) et l'agrégation et suppriment le projet ministériel d'une épreuve deconnaissance du système éducatif. Refusant de déclarer clairement le maintien du dispositif actuel pour 2010, ellesajoutent à la confusion. Elles improvisent des solutions qui portent atteinte à la qualité des concours. Elles ouvrentsur un développement potentiel de la précarité. Elles signifient que les ministres ne donnent pas le temps nécessairepour mettre en place une formation cohérente associant les IUFM et les UFR.

Même si le gouvernement recule par rapport à son objectif initial de mettre complètement en exercice dans lesclasses les lauréats aux concours, les obligations de service et le statut des « enseignants stagiaires », sontindéterminés. Le temps de formation dite «continue», à l'intérieur de ces obligations de service, n'est jamaisprécisé.

Le dispositif social exposé au bénéfice des étudiants qui se destinent à devenir enseignants est insuffisant en ce quiconcerne notamment le montant des bourses. Réserver 5000 postes d'assistant d'éducation pour les étudiants enM2 et 4000 postes en M1 n'est pas propre à aménager des conditions d'études qui permettent une démocratisationde l'accès au métier d'enseignant.
Le gouvernement est obligé de reconnaître la nécessité de revaloriser substantiellement les rémunérations desjeunes enseignants, mais il ne prend aucun engagement en ce sens.Dans les mesures annoncées, le rôle et les missions des IUFM sont absents dans la formation des enseignants,dans les stages en cours de master, et après le concours. L'évaluation de l'exercice en responsabilité, élémentessentiel de la qualification enseignante, n'est jamais envisagée.

Pour l'essentiel, le gouvernement n'a pas modifié son canevas qui reste focalisé sur l'objectif de réaliser, via lasuppression de l'année de stage, des économies budgétaires au plus vite et, à terme, de recruter les enseignantsuniquement sur la base de masters sans concours nationaux. Pas un seul universitaire ne défend le modèle deformation et de concours conçu par les ministres. La précipitation et la confusion entre un objectif flou pour 2011 etdes dispositions transitoires pour 2010 qui déstabilisent étudiants, formateurs et cursus de formation ne sont pas denature à améliorer le dispositif et à rétablir la confiance.

Le SNESUP se saisira de toutes les tribunes pour consolider la solidarité d'analyses, de propositions et d'actions quirassemble aujourd'hui le monde de l'éducation « de la maternelle à l'université » afin que se dessinent et voient lejour de réelles améliorations pour la formation des futurs enseignants. Il porte l'exigence maintenue d'un retrait dudispositif.Le SNESUP appelle partout à maintenir les modes d'actions à un haut niveau et la mobilisation des personnels ; enparticulier, dans la non transmission de maquettes de masters dédiés à la formation des enseignants.Le SNESUP agit pour contribuer, dans la FSU et au-delà, à fédérer l'unité la plus large pour interpeller les deuxministres et le gouvernement qui campent encore sur des orientations rejetées par le monde de l'éducation.
Paris, le 13 mars 2009La Commission Administrative Nationale du SNESUP

Voici le Communiqué d'Autonome Sup

manif002.jpgLe communiqué des deux ministres V. Pécresse et X. Darcos en date du 12mars constitue un premier (mais bien tardif) progrès sur la questiondes concours de recrutement du secondaire et la réforme des masters quien découle.
Cinq points sont positifs :
1) la suppression de la seconde épreuve d'oral sur le systèmeéducatif français et son remplacement par une épreuve oralevéritablement disciplinaire. C'est exactement ce que nous avionsdemandé, sauf que cette substitution n'est présentée qu'à titretransitoire pour 2010 alors que pour nous c'est une nécessité : lesCAPES actuels comptent entre 5 et 7 épreuves disciplinaires. Exigerqu'on en conserve 3 dont une orale est une exigence minimale. Cettemodification doit donc être définitive et non transitoire.
2) La déclaration des ministres semble indiquer que les stages enresponsabilité seront de vrais stages, rémunérés et accompagnés d'uneformation professionnelle par des tuteurs comme nous l'avions demandéet non de simples remplacements. Il faudra définir concrètement ledispositif adopté.
3) L'augmentation des bourses pour financer l'année supplémentaired'étude était aussi une de nos revendications. Sur ce point, il fautpasser de l'effet d'annonce à un financement acté.
4) La mise enplace d'une commission de concertation tripartite : syndicatsd'enseignants des différents degrés, présidents des universités etreprésentants des deux ministères. Mais cette commission doit être unevraie commission de concertation et non seulement de suivi,c'est-à-dire qu'elle doit pouvoir proposer des modifications auxmaquettes de concours avant la mise en place de ces concours.
5) L'Agrégation reste inchangée : la fameuse épreuve d'oral sur lesystème éducatif français, dont nous contestions la pertinence, estretirée.             Sur ces cinq points, nous avons été totalement oupartiellement entendus (pourquoi si tard ?).

Mais il subsiste des zones d'ombre et des difficultés, surtout pourune application à la hussarde des nouveaux concours dès 2010 :
-         ceux qui se sont présentés cette année ne sont pasobligés de passer un master, privilège par rapport aux autres étudiantsqui devront cumuler les deux préparations. Or, si un tel cumul neparaît pas déraisonnable pour un master recherche et la préparationd'un CAPES sans programme (mais avec une nouvelle épreuve de didactiqueà préparer), il est impossible avec une préparation à l'agrégation donttout le monde reconnaît le caractère particulièrement lourd. Or, commedans la majorité (l'immense majorité ?) des universités il n'y aura pasde nouveaux masters (comment pourrait-il en être autrement puisqu'au 13mars le contenu disciplinaire de chaque concours n'est toujours pasconnu et qu'il conditionne la composition de maquettes longues etlourdes à élaborer ?), les étudiants devront cumuler master recherche,préparation au concours et stages. Pour l'Agrégation, ce n'est pasraisonnable ! On risque d'écarter beaucoup d'étudiants de ceprestigieux concours.
-         Si les choses restent en l'état, les universitésdevraient offrir aux étudiants trois cursus de master dans la mêmediscipline : un master professionnel pour le CAPES sans programme ; unmaster pour l'Agrégation, avec un programme lourd ; un masterrecherche. Combien d'universités de province pourront-elles s'offrir untel « luxe » et dans combien de disciplines ? Le master rechercherisque d'en faire les frais, d'où la menace de disparition de larecherche dans de nombreuses disciplines en province. Nous avionsproposé, à la fois pour sauver le master recherche et pour conserverune distinction entre CAPES et Agrégation (dans la confusion du présentprojet, on aura du mal à justifier longtemps l'existence de deux corpsdu secondaire distincts pour le salaire et les obligations de service,mais avec le même titre universitaire et le même nombre d'années deformation !), d'exiger le master recherche (assorti d'un stage) pours'inscrire à l'Agrégation, en repoussant la préparation de cettedernière en une sixième année après le master (avec des boursesd'Agrégation). Cette proposition n'a pas (pour le moment ?) étéretenue, d'où les difficultés réelles mentionnées au début de ceparagraphe.
-         La formation professionnelle offerte pendant l'année destage après la réussite au concours n'est pas définie. Il faudrait lefaire au plus vite. Dans ces conditions, est-il raisonnable de vouloirorganiser les nouveaux concours dès 2010 ? Il vaudrait mieux laissertravailler quelques mois la commission de concertation prévue pourqu'elle résolve les difficultés mentionnées et propose une organisationdes concours qui satisfasse pleinement les exigences de formationdisciplinaire et professionnelle. Une fois ces concours clairementdéfinis, les universités pourraient élaborer à l'automne des maquettesprenant en compte cette organisation, les soumettre au Ministère pourexpertise et les mettre en place à la rentrée 2010-2011 pour denouveaux concours en 2011.
Laformation des professeurs et, par voie de conséquence, des jeunesFrançais est une affaire trop importante pour que l'on se précipite.Prenons le temps d'une vraie concertation qui permettra d'améliorercette formation.

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- Les présidents d'université exigent le report de la «mastérisation» 17/03/09, {sciences2} Blog de Sylvestre Huet (Libération).

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/03/les-prsidents-d.html

Coup dur pour Valérie Pécresse et Xavier Darcos : la CPU - Conférence des présidents d'université - leur lance un ultimatum. Les deux ministres ont «deux semaines»pour statuer sur les concours 2010 de recrutement des enseignants dusecondaire et du primaire. Et la CPU demande que la décision soit le report de la réforme, puisqu'il lui semble que cette dernière «ne peut aujourd'hui être mise en place qu'à partir de la rentrée 2010-2011 et les concours en 2011.»

Cette déclaration (lire ci dessous) met un terme aux déclarationsalambiquées de la CPU sur ce terrain. Elle prend acte d'une réalité :mettre en place les nouvelles formations et le nouveau concours vouluspar Xavier Darcos, quoi qu'on en pense, est tout simplement impossibledans les délais exigés par le gouvernement. L'irruption du principe de réalitédans la déclaratin de la CPU ne résoud pas le problème de fond quiréside dans le désaccord entre Xavier Darcos et de nombreux acteurs dusystème éducatif sur la formation des professeurs et leur recrutement.Il restera, et le conflit sera dur sur ce point. Reste que même lespartisans de la réforme gouvernementale chez les présidentsd'université ne peuvent que se rallier au report d'un an.

voici le communiqué de la CPU:

Position du CA de la CPU sur la formation des maîtres suite au courrier des deux Ministres.
17/03/2009
Le CA de la CPU, réuni de façon exceptionnelle le 17 mars, a débattu ducourrier qu'ont envoyé les ministres du MESR et MEN au président de laCPU, le lundi 16 mars 2009, sur le recrutement et la formation desenseignants et l'a examiné au vu des questions et des positionsformulées le 5 mars par l'assemblée plénière.

Pour les présidents d'université, la réforme ne peut aujourd'hui être mise en place qu'à partir de la rentrée 2010-2011 et les concours en 2011.Les désaccords exprimés et les contradictions entre acteurs, enparticulier pour le second degré, sont en effet trop nombreux pour quel'on fasse l'économie d'une réflexion avant le lancement de la réforme.Le CA de la CPU approuve l'installation rapide d'une commissionnationale de concertation et de suivi pour engager cette réflexion. LeRecteur et le Président d'Université, chargés de co-présider cettecommission, devront mener une concertation large sur sa composition etses modalités de travail en amont de son installation.

La CPU rappelle cependant que le mandat de cette commission doit être clairement établi dèsaujourd'hui, pour donner confiance à tous les protagonistes. Lestravaux de la commission doivent donc porter sur l'ensemble duprocessus de réforme : masters et concours, formation initiale etformation continue.
Le CA considère comme des avancées significatives les précisionsde ce courrier sur la formation complémentaire, professionnelle commedisciplinaire, dont bénéficieront les enseignants stagiaires et dontles universités seront les acteurs essentiels. Le dispositif ne prendra effet qu'en 2010-2011et il appartiendra à la commission de concertation d'en préciser lecontenu selon les concours. En ce qui concerne la durée du servicelibéré pour cette formation, la CPU rappelle sa demande d'un tiersminimum de service.
Le CA considère que les précisions apportées sur l'encadrement desstages constituent une clarification, en mentionnant le doubleencadrement des stages par les professeurs des écoles et EPLE et parles universitaires, sur le modèle de tous les stages des mastersprofessionnels. La question des stages et de leur insertion dans ledéroulé des masters devra être retravaillée par la commission.

Il ne peut se prononcer sur le système de bourses dont le vademecumlisible est encore « en promesse » et rappelle ses réserves à l'égarddes emplois d'assistant d'éducation qui sont incompatibles avec lesuivi d'un master et la préparation simultanée d'un concours.
En ce qui concerne l'année 2009-2010, la CPU exprime sa vive inquiétude. En effet cette année ne peut donc être considérée comme la première année de la réformemais seulement comme une année de transition entre une formation sansmasters spécifiques (2008-2009) et une formation appuyée sur desmasters spécifiques qui se mettront en place à partir de 2010-2011. Les formulations employées par les deux ministres doivent être absolument clarifiées sur ce point.
Pour cette année de transition, qui doit être pensée commeun dispositif national ponctuel et à caractère exceptionnel, la CPUpréconise donc de rester au plus près des programmes de concours 2009,et particulièrement pour les concours de professeurs de lycées etcollèges qui sont ceux qui posent les problèmes majeurs. Cetteposition conservatoire ne préjuge en rien des préparations et desconcours futurs qui devront permettre de concilier la préparationprofessionnelle que suppose le métier d'enseignant et le haut niveau decompétence que suppose un master.

C'est pourquoi, en ce qui concerne la question des inscriptions etdes diplômes 2009-2010, la CPU estime que les négociations auxquellesles deux ministres invitent dans leur communiqué doivent démarrer trèsvite et associer l'ensemble des acteurs concernés. Elles doiventrapidement déboucher pour que les universités puissent décider cequ'elles doivent faire : remonter des maquettes nouvelles (PE et PLP),compléter les masters existants par des parcours ou par des DU pour unan (PLC) ou valider les formations d'IUFM en masters.
La CPU rappelle son soutien à une réforme de la formation desenseignants et à une revalorisation de leur carrière. Elle a lesentiment d'être allée aussi loin qu'elle le pouvait dans lespropositions constructives et de conciliation et ne peut continuer devoir l'atmosphère se dégrader au détriment des étudiants et de l'imagedes universités.
C'est pourquoi la CPU demande qu'une solution soit trouvée dans les deux semaines afin que les étudiants préparant les concours 2010 sachent où s'inscrire et que cesse la confusion.
Texte adopté à l'unanimité par le Conseil d'administration de la CPU(14 présidents présents, 3 excusés)

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- Quelle formation pour quels enseignants ? Regardhistorique sur la réforme de la « mastérisation », par Ismaïl Ferhat, La vie des idées, 17 mars 2009.

Pour lire cet article sur le site de La vie des idées.

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Parmi les réformes de l'éducationen cours, celle de la « mastérisation » de la formation des enseignantsfait l'objet de vives contestations. Pour mieux en comprendre lesenjeux, Ismaïl Ferhat propose de resituer ce débat dans une perspectivehistorique, depuis la création des écoles normales d'instituteurs àcelle des IUFM. Il en ressort notamment que la réforme en courspourrait accentuer le resserrement de la base sociale du recrutementdes enseignants.

À la suite du discours présidentiel du 2 juin 2008, etaprès l'annonce faite en conseil des ministres le 2 juillet 2008, ladécision a été prise de porter légalement au master le niveau dediplôme exigé pour les concours d'enseignement du primaire et dusecondaire. Cette décision, avec les inquiétudes qu'elle soulève ausujet du maintien des concours nationaux ou de l'avenir des Institutsuniversitaires de formation des maîtres (IUFM), suscite une fortemobilisation de plusieurs organisations du monde éducatif (syndicatsenseignants comme le SNESup, l'UNSA et le SGEN-CFDT, mouvementspédagogiques et organisations telles que la Ligue de l'enseignement etla FCPE [1]) depuis l'automne 2008, que le mouvement actuel de grèvedans les universités est venu amplifier. Cette mobilisation, quis'était traduite le 4 octobre 2008 par des « états généraux de laformation des enseignants », s'inquiète de l'affaiblissement de laformation des enseignants français et de leur recrutement à bac + 5,qu'on appelle désormais dans le débat public la « mastérisation ». Ellecritique aussi la rapidité avec laquelle la mesure sera mise en place(elle doit s'appliquer à la rentrée 2010), ainsi que le manque deconcertation préalable.

De fait, dans le vaste débat sur le niveau et le modede recrutement des enseignants, la « mastérisation » focalise toutel'attention. Pourtant, cette décision peut aussi être replacée dans unecontinuité historique et sociale, à savoir l'élévation du niveau de laformation universitaire exigée des enseignants, à la fois d'un point devue légal (réglementation des concours enseignants, politique publiqueéducative) et social (évolution du profil des candidats aux concours,massification de l'enseignement supérieur), et au regard aussi despositions remarquablement stables des partisans et opposants – cesderniers nettement plus nombreux au sein de la communauté éducative –de la réforme. La mastérisation s'inscrit en effet à la fois dansl'évolution du corps enseignant et dans les débats sur la manière derecruter et de former les éducateurs.

La polémique actuelle constitue de ce fait, comme nousessaierons de le montrer, le dernier épisode d'un débat amplifié par lacréation des IUFM, celui de la formation et du recrutement desenseignants en France, que le législateur avait cru régler en 1989 avecl'établissement des Instituts. Par de nombreux aspects, les argumentsdes partisans et des opposants de la mastérisation prolongent unehistoire heurtée et conflictuelle.

Le recrutement des enseignants avant les IUFM

Comme le rappellent de nombreux spécialistes du systèmeéducatif, parmi lesquels l'historien Antoine Prost, la question durecrutement des enseignants et de leur formation initiale est largementenracinée – certains diraient masquée – dans la trajectoire diverse dece métier depuis le XIXe siècle. Elle s'inscrit en particulier dansl'opposition entre degrés primaire et secondaire de l'école française.De même, la séparation entre la filière générale d'enseignement – quis'insère comme un chaînon dans les filières d'études longues – et lesfilières techniques, plus proches du monde professionnel (intervenantsextérieurs, origine sociale plus populaire des enseignants y officiant,rôle des CFA [Centres de formation et d'apprentissage], poids dupatronat) est une tendance lourde de l'architecture éducative française.

L'enseignement primaire qui a été, jusqu'aux années1960, la seule expérience de l'immense majorité des Françaisscolarisés, a connu une trajectoire complexe, combinant un recrutementprécoce au sein des écoles primaires ou primaires supérieures et unelongue formation initiale organisée au sein des Écoles normalesd'instituteurs (ENI).

Ce modèle extrêmement prégnant dans l'identité del'école primaire – voire de la République depuis les grandes loisscolaires [2] – a conforté l'enracinement de l'enseignement obligatoireen France. En effet, à l'heure où la diversité devient un sujetimportant du débat public, on peut rappeler que les instituteursétaient recrutés localement, avec une connaissance souvent personnelledes coutumes et des parlers locaux [3].

Ce modèle, bien rodé, n'a cependant pas résisté à unéclatement des parcours de formation, sous la pression de la pousséedémographique d'après-guerre. Celle-ci a en effet fortement accru lesbesoins de recrutement d'instituteurs, que les ENI n'ont pu suivre.Cette demande accrue a été renforcée par la création des professeursd'enseignement général en collège (PEGC), c'est-à-dire les instituteursenseignant au collège. Leur recrutement, interrompu une première foisen 1980, puis définitivement en 1986, a néanmoins ponctionné les écolesprimaires d'enseignants recrutés et formés par les ENI. Le recours auxtitulaires et vacataires s'est donc accru durant les années dubaby-boom, avec une formation initiale plus limitée.

Dès son colloque de 1967, le Comité National d'ActionLaïque (CNAL, regroupant à l'époque la FEN, le SNI, la fédération desparents d'élèves FCPE, les délégués départementaux à l'Éducationnationale et la Ligue de l'enseignement) réclame l'allongement de lascolarité au sein des ENI, le format traditionnel paraissantinsuffisant : la crise de la formation des instituteurs, dénoncée parles organisations représentatives, paraît patente. Néanmoins,l'hétérogénéité ira en s'aggravant, l'historien Guy Brucy rappelantqu'en 1990 près de sept catégories d'instituteurs (chacune définie parun mode de recrutement et de formation spécifiques) coexistaient dansles écoles [4]. Le malaise syndical de la profession durant les années1980-1990 n'est pas sans rapport avec cet éclatement de l'entrée dansle métier.

Dans le secondaire, la formation initiale desenseignants est restée très limitée au XXe siècle, malgré des projetset des organismes successifs, notamment la mise en place des Institutsde préparation à l'enseignement secondaire (IPES) pour les lauréats duCAPES pendant la période des Trente Glorieuses. Les agrégés, largementformés et recrutés au sein des Écoles normales supérieures (ENS),étaient quant à eux encore concernés par la formation initiale. Eneffet, la qualité d'enseignant au sein du deuxième degré était supposéeêtre conférée par la détention d'un grade universitaire et la sanctiond'un concours (CAPES, agrégation). Le professeur de collège et, plusencore, de lycée a une formation universitaire. Du fait de lamassification de l'enseignement jusque dans les années 1980,l'hétérogénéité de l'origine des enseignants, aussi bien dans leprimaire que le secondaire, rendait caducs les parcours théoriques deformation initiale réservés aux seuls lauréats des concoursenseignants. Beaucoup étaient formés par d'autres filières ou, plusprosaïquement, apprenaient leur métier « sur le tas ». La Francediverge à cet égard des autres pays européens, où la formation initialedes enseignants du primaire et du secondaire occupe une large part dansla formation universitaire.

Cette opposition comportait une série de conséquenceset d'implications dépassant le strict cadre scolaire. Au sein de laFédération de l'éducation nationale (FEN), qui regroupait la majoritédu monde enseignant jusqu'à son éclatement en 1992, le SNI(instituteurs et PEGC) et le SNES (enseignants du secondaire, horsPEGC) s'opposaient violemment sur leurs conceptions éducatives etpédagogiques. À partir de 1967, avec la prise de contrôle du SNES parune majorité proche des communistes, le débat catégoriel a acquis unedimension supplémentaire, plus politique.

Pour les syndicalistes du secondaire (SNES, et unsyndicat plus conservateur, le SNALC), la formation des enseignants dusecondaire ne pouvait être « primarisée » : elle ne devait pas êtrepluridisciplinaire, ne pouvait privilégier les aspects pédagogiques,mais devait se focaliser sur la transmission des savoirs et la maîtrised'un niveau universitaire dans chaque discipline. Laurent Schwartz,universitaire membre de la Commission du bilan mise en place en 1981par François Mitterrand, a notamment représenté cette position, enattaquant de manière virulente les PEGC, considérés comme inaptes àl'enseignement secondaire [5].

D'autre part, les vacataires, les assistants etl'ensemble des enseignants précaires constituaient le champ d'actionprivilégié du SGEN-CFDT, ce qui ne favorisait pas une revendicationunique du recrutement et de la formation des enseignants du secondaire,où ce syndicat était présent. En effet les deux principaux syndicats dela FEN, SNI et SNES, au delà de leurs tensions politico-pédagogiques,regroupaient des enseignants titulaires qui ne souhaitaient pasforcément être mis à égalité avec leurs collègues vacataires ouassistants.

Ces divisions syndicales ont grevé, notamment au seinde la gauche française (surtout quand celle-ci était au pouvoir), lamise en place d'un plan cohérent de recrutement et de formationinitiale du monde enseignant : le SGEN-CFDT, deuxième syndicat parmi laprofession, était partisan d'un corps unifié du primaire au supérieur,avec une base de recrutement et de formation permettant cetteunification des différentes catégories existantes, ce que ne pouvaitaccepter la FEN, regroupement de syndicats catégoriels, qui auraitperdu là sa raison d'exister.

La synthèse était d'autre part impossible entre leSNES, partisan de la théorie de l'école progressive (où subsistaientdes corps d'enseignants du primaire et du secondaire recrutés et formésdifféremment) et le SNI, partisan de l'école fondamentale, qui étendaitle modèle des enseignants du primaire à l'ensemble de ceux intervenantau sein de la scolarité obligatoire. De ce fait, le débat répondait àdes considérations stratégiques : le SNI défendait le maintien durecrutement des PEGC, qu'il syndiquait, alors que le SNES souhaitait lesupprimer et/ou les intégrer au corps des professeurs.

Dans le contexte de tensions croissantes à la FEN (quimèneront à sa scission en 1992 et à la création de la FSU l'annéesuivante), la question du recrutement et de la formation desenseignants a donc obéi à des considérations complexes, où lesquestions stratégiques, voire politiques, affleuraient, jusqu'àconcurrencer les préoccupations proprement éducatives. D'une certainemanière, la peur des enseignants du secondaire d'être « déclassés » deleur statut d'universitaires a dissuadé leurs syndicats de copier lemodèle de formation des Écoles normales, celles-ci étant déjàaffaiblies par l'évolution du corps des instituteurs. L'accroissementdémographique a de ce fait aggravé les carences de la formation desenseignants français, en multipliant et entremêlant les statutsd'enseignants de même niveau et en accroissant le recours auxvacataires et assistants dépourvus de préparation professionnelle.

La mise en place des IUFM, tentative d'unification du corps enseignant

La mise en place des IUFM, à partir de la loid'orientation de 1989, pouvait donc se lire d'une double manière :prenant la suite de l'ensemble des organismes de formation desenseignants (Écoles normales, Centres régionaux de formation, IPES),les IUFM unifient le domaine longtemps éclaté de la formation initialedes enseignants hexagonaux.

D'autre part, combinée à la création du professorat desécoles, qui met désormais les enseignants du primaire à égalité avecles enseignants certifiés, l'ambition est de dépasser le clivage entreenseignants du primaire et du secondaire. En effet, à la différence desinstituteurs qui étaient recrutés au niveau du bac depuis 1969, puis àbac+2 depuis 1979 (création d'un DEUG enseignement), les professeursdes écoles sont recrutés à bac+3 et rejoignent la catégorie A de lafonction publique, à l'instar des professeurs certifiés. Cette décisionmet fin au clivage historique entre professeurs et instituteurs. LesInstituts achevaient un processus historique d'homogénéisation desenseignants du secondaire et du primaire : désormais tous – du moinsceux qui avaient réussi les concours – étaient des universitaires quiavaient eu une formation au métier. Néanmoins, cette unification resteincomplète : les agrégés, qui sont aussi formés par les IUFM, sonttoujours recrutés selon un concours différent, à la fois en termesd'exigence de diplôme et d'épreuves, par rapport aux certifiés. Croiséeavec la « revalorisation » historique des instituteurs, et avec lanaissance de la FSU en 1993, qui devient la même année la premièrefédération syndicale du monde enseignant, la création des Instituts aeu un incontestable succès en mettant fin au clivage entre primaire etsecondaire qui avait paralysé une partie non négligeable des réformeséducatives.

Néanmoins ces IUFM ont rapidement suscité, notamment àdroite, ainsi que dans une partie de la gauche jacobine autourd'auteurs comme Jean-Claude Brighelli [6], des critiques quant aucaractère trop théorique et abstrait de leur formation. Celles-cidéplorent que la préparation au métier soit coupée de la pratiqueréelle de l'enseignement et marquée par les idéaux de mai 68. Cescritiques ont été formulées dès la première moitié des années 1990.Elles sont d'ailleurs au moins partiellement partagées par une partiedes enseignants passés par les IUFM [7], qui continuent à ne regrouperqu'une partie seulement des candidats aux concours de l'enseignement.De ce point de vue, les IUFM s'inscrivent dans la trajectoirehistorique française, qui disjoint formation des enseignants (désormaisunifiée dans une même institution) et recrutement, où les candidats ontle choix de s'inscrire ou non en Institut.

Les partisans des IUFM, à l'instar de Philippe Meirieu,soulignent que la tradition de formation universitaire des enseignants(ou plutôt, sa carence) peut expliquer une telle défiance dans le cadredu débat hexagonal, mais qu'on ne peut négliger la nécessité d'uneformation initiale au métier d'enseignant [8].

Le législateur n'est pas resté inerte face à ce débat,prenant néanmoins une position médiane de maintien et de réforme desInstituts : pour répondre aux reproches les visant, la loi du 23 avril2005 (dite loi Fillon) a intégré les IUFM à leurs universités derattachement. Plus récemment, l'arrêté du 19 décembre 2006 a défini lecahier des charges de la formation initiale des enseignants à traversdix compétences que ceux-ci doivent maîtriser – et que les Institutsdoivent donc placer comme objectif de la formation qu'ils dispensent.

La démarche suivie par les gouvernements de droitecomme de gauche a donc été de prendre en compte les critiques adresséesaux IUFM, c'est-à-dire de les réformer tout en les maintenant.Cependant, elle contenait en soi une remise en cause des instituts,perçus peu ou prou comme « problématiques » ou à réformer. Dansl'opinion publique, l'image des IUFM a été sérieusement écornée,critiquée par un ensemble très hétérogène de personnes etd'institutions (gauche jacobine, conservateurs, critiques del'Éducation nationale, critiques du « pédagogisme ») qui a suscité unensemble important d'ouvrages, de pamphlets, d'articles et de prises depositions souvent tranchées et dures.

La mastérisation du recrutement des enseignants

Pour les partisans de la réforme – ainsi que certainsde ses opposants – la mastérisation ne surgit pas ex nihilo. Aucontraire, elle s'inscrit dans une tendance déjà ancienne à l'élévationdu niveau de formation pré-concours des enseignants. La Direction del'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère del'Éducation nationale (DEPP) souligne que près de 20 % des enseignantsdu secondaire aujourd'hui (et, parmi eux, 47 % des agrégés) sonttitulaires d'un diplôme de niveau bac + 5 [9]. Au sein des enseignantsdu primaire, l'évolution est très comparable : près de 19 % desprofesseurs des écoles de moins de 32 ans interrogés lors d'une enquêtemenée par le ministère en 2005-2006 ont un diplôme équivalent ousupérieur à bac + 4, l'élévation du niveau de diplôme n'ayant cependantpas été linéaire depuis les années 1980 [10].

De ce fait, la mastérisation ne traduit pas une rupturefondamentale, mais plutôt une dynamique déjà bien amorcée dans lespolitiques de recrutement. Les enseignants sont de facto de plus enplus diplômés avant de passer les concours de recrutement. Comme lenote Nathalie Mons, spécialiste des politiques éducatives, et opposée àla mastérisation, les lauréats des concours de l'enseignement quiavaient au préalable continué leurs études au delà de la licence, etqui devaient encore obtenir un an de formation à l'IUFM, avaient déjàun niveau master, voire plus.

L'évolution est enfin aussi ancienne en ce qui concernel'unification des seuils de recrutement : depuis 1989, certifiés etprofesseurs des écoles sont recrutés et placés au même niveau de statut(catégorie A de la fonction publique), ce qui a mis fin à l'oppositiontraditionnelle entre les enseignants du primaire (formés par l'Écolenormale et relativement peu diplômés) et les enseignants du secondaire(universitaires et peu touchés par la formation initiale). Lamastérisation, qui touchera aussi les agrégés (dont le recrutementétait resté inchangé en 1989), contribuera à homogénéiser un peu plusle corps enseignant. En effet, cette mesure enracine définitivement lecaractère universitaire de tous les enseignants français. Lamastérisation se situe, de ce point de vue, dans la continuité del'évolution convergente des éducateurs du primaire et du secondaire.

Néanmoins, la mesure rompt sur un point fondamentalavec le pari des gouvernements précédents : jusque là,l'homogénéisation des enseignants, au delà des clivages de degrés,passait par les IUFM. Or la mastérisation laisse planer une forteincertitude sur la maintien des Instituts : en effet, il n'est pasprévu explicitement dans les déclarations et les textes relatifs ausujet des établissements de formation initiale des enseignants : lapremière année de formation en IUFM est remplacée par l'obtention dumaster, et la maquette de formation lors de la première année de stagereste muette sur le sujet. De ce fait, si la formation des enseignantsest désormais, à l'instar des autres pays occidentaux, ancrée au seindes universités, le sort des IUFM reste flou. Attaqués durement àdroite, mais aussi dans une partie de la gauche, ils semblent trouverpeu de relais ou de défenseurs dans l'opinion publique.

Enfin, la mastérisation mettrait fin à la formation paralternance entre Institut et stage en classe, qui concernait leslauréats des concours enseignants durant leur première année. Leministre s'appuie indéniablement sur le rejet des IUFM par une partiede ces stagiaires, préférant une formation dans un cadre purementuniversitaire, comme elle existe dans de nombreux pays européens (oùles départements d'Éducation se chargent de former les futursenseignants). Comme dans le débat sur la réforme du statut desuniversités et de celui des enseignants-chercheurs, l'argument del'harmonisation européenne ou internationale est employé pour justifierles réformes en cours.

Une réforme qui aggrave les problèmes déjà existants ?

La mastérisation ne représente donc pas une rupturefondamentale avec l'évolution du recrutement des enseignants. Cetargument est bien entendu mis en avant par ses partisans, mais aussipar certains opposants. Par bien des aspects, elle ne fait qu'accéléreret amplifier des tendances déjà anciennes. Néanmoins, cette réformepeut donner lieu à deux lectures pessimistes, fondées sur lesévolutions déjà en cours au sein de l'Éducation nationale, que lescritiques de la mastérisation mettent en avant.

La première conséquence serait l'accélération duresserrement social dans le recrutement des enseignants. Cette tendanceest déjà nette : les enseignants sont issus des couches favorisées dela société française, notamment celles du secteur public, etconnaissent une reproduction sociale non négligeable qui s'accroîtdepuis les années 1990 [11].

Deux raisons sont évoquées par les opposants à laréforme pour expliquer cet embourgeoisement du monde enseignant :l'attractivité accrue de la fonction publique depuis les années 1980,qui en rend les concours plus sélectifs, favorisant les diplômés –comme le note Éric Maurin [12]. D'autre part, l'élévation du niveau dediplôme – exigé réglementairement ou constaté de facto chez leslauréats des concours enseignants – provoque mécaniquement uneélévation du niveau de diplôme des candidats. Or, dans l'ensemble, ladiversité sociale des étudiants se réduit à mesure que s'élève lalongueur des études ou le niveau de diplôme. À cela s'ajoute le faitqu'une partie non négligeable des enseignants est déjà issue defilières sélectives, qu'il s'agisse des grandes écoles ou des CPGE(Classes préparatoires aux Grandes Écoles) y menant, socialementinégalitaires dans leur recrutement [13]. Les étudiants salariés, issusdes classes populaires et/ou de l'immigration, risquent de pâtir de lamastérisation, n'ayant pas les moyens financiers de passer une annéescolaire entièrement dédiée à la préparation du concours de recrutementenseignant. La mastérisation risque donc d'accentuer le resserrement dela base sociale de recrutement, en cours depuis deux décennies – sansl'avoir créé par ailleurs.

Or, si le sujet est souvent tabou et sous-estimé, commele rappelle Emmanuel Davidenkoff [14], cette évolution aggraverait le« choc culturel » entre des enseignants issus des catégorisesfavorisées de la population (en termes de capital culturel bien sûr,mais aussi, de plus en plus, économique et social) et le publicenseigné, très majoritairement issu des couches populaires, celles-cireprésentant près de 60 % de la population française. Comment éviter ledivorce entre le profil-type désormais bien établi du nouvel enseignant[15] (féminin, issu d'un milieu favorisé, ancien brillant élève) et desélèves souvent touchés par la pauvreté, la précarité et des structuresfamiliales disloquées ? Le ministère lui-même semble avoir reconnu cerisque, en choisissant récemment de renforcer les dispositifs d'aideset de bourses pour les candidats modestes dans la perspective de laréforme [16].

Enfin, le projet de mastérisation est critiqué sur lecontenu des masters, qui demeure pour le moment inconnu. Quelle sera lapart de la formation disciplinaire ? Quelle sera celle de lapédagogie ? Comment s'articulera cette dernière partie avec la premièreannée d'enseignement, quand sera supprimée l'année de stage (qui voyaitalterner IUFM et enseignement) ? Pour les partisans de la formationpédagogique (dont les mouvements pédagogiques, l'UNSA, le SGEN), unepart prépondérante des masters et des nouveaux concours enseignantsdoit y être affectée. Pour les défenseurs de l'identité disciplinairedes enseignants du secondaire (SNES, Société des agrégés), l'exigenced'un haut niveau de compétences dans la discipline enseignée doit êtremaintenue au sein des masters.

Enfin, la plupart des organisations syndicalescritiquent la suppression de l'année de stage qui suivait les concoursenseignants, évitant aux lauréats d'être laissés seuls devant la classeen alternant pratique professionnelle et formation. En effet, élémentd'économie budgétaire pour le ministère, l'année de stage était l'unedes spécificités de la formation délivrée par les IUFM, mettant lesstagiaires en situation professionnelle tout en les formant d'un pointde vue théorique.

Conclusion

En 1979, Ida Berger publiait un ouvrage précurseur surles changements en cours dans le corps des instituteurs, dont ellesignalait la profonde évolution sociale. Les « éducateurs du peuple »,soulignait-elle, ressentaient une interrogation croissante sur leurplace dans la société. Elle indiquait ainsi le « malaise enseignant »,terme qui avait été élaboré lors des travaux de la Commission Joxe de1972. L'auteure invoquait plusieurs raisons : outre l'évolutionsociologique déjà sensible des instituteurs suite à l'élévation duseuil de recrutement (en 1969, puis en 1979), elle montrait que lestransformations de la société française (urbanisation, montée desclasses moyennes, approches plus consuméristes qu'élèves et parentsfaisaient du système scolaire) déstabilisaient l'identitéprofessionnelle des instituteurs, désormais plus vraiment « éducateursdu peuple », ni « privilégiés » dans une société « moyennisée ».

Le débat hexagonal sur le recrutement et la formationdes enseignants est à la fois influencé et relancé par ce sentiment demalaise sous-jacent : l'évolution permanente de ce corps de métier, lestransformations du syndicalisme enseignant, l'impact traditionnellementimportant des questions scolaires au sein de l'opinion publique enFrance. Si le législateur a pensé en 1989 « régler » le problème eninstaurant les IUFM, il a rencontré les traditionnelles oppositions dudébat (enseignants du primaire et du secondaire, « pédagogie » contre« savoir », conflits syndicaux, etc.).

La mastérisation retraduit donc en de nouveaux termesle débat sans le modifier totalement. Elle suscite cependant uneopposition sans précédent de la plupart des organisations enseignantes,du moins dans sa forme actuelle. Cette continuité n'est pas le fruit duhasard. Sur de nombreux aspects, le débat qui agite la communautééducative à propos de la mastérisation n'est pas fondamentalementdifférent de celui qui a précédé et suivi l'établissement des IUFM. Cedébat renvoie au caractère fragmenté et pluriel du monde enseignantfrançais, que les réformes du recrutement et de formation n'ont pasréussi à homogénéiser ou à satisfaire complètement, du fait même de sonhétérogénéité originelle.

Notes

[1] Il est à noter que les plus importants syndicats duprimaire et du secondaire, le SNUIPP et le SNES respectivement, ne sedéclarent pas opposés au principe de la mastérisation, mais à sesmodalités.

[2] Voir notamment Jacques et Mona Ozouf, La République des instituteurs, Paris, Seuil/Gallimard, « Hautes Études », 1992.

[3] Jean François Chanet, L'École républicaine et les petites patries, 1879-1940, Paris, Aubier, 1996.

[4] Guy Brucy, Histoire de la FEN, Paris, Belin, 2003.

[5] Catherine Arditi, « Une vive polémique opposeM. Laurent Schwartz et le Syndicat National des Instituteurs », LeMonde, 19 janvier 1982.

[6] Jean-Claude Brighelli, La Fabrique du crétin. La mort annoncée de l'école, Paris, Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2005.

[7] Catherine Larivain, Les Enseignants des écolespubliques et la formation, Dossiers du ministère de l'Éducationnationale, n°176, 2006, p. 2.

[8] Voir notamment la pétition lancée, entre autres,par Philippe Meirieu sur le sujet, « Lettre aux parlementaires : pourune formation de haut niveau dans des IUFM rénovés », 4 juillet 2008.

[9] Marcel Pochard (président de commission), Livrevert sur l'évolution du métier d'enseignant, La documentationfrançaise, 2008, p. 20.

[10] Catherine Larivain, ibid., p. 42.

[11] Nadine Esquieu, « Portrait des enseignants decollège et de lycée », Note d'information du ministère de l'Éducationnationale, n°5-7, mars 2005.

[12] Voir l'analyse d'Eric Maurin, « Les nouvellesprécarités », in La Nouvelle Critique sociale, Paris, Le Seuil/LeMonde, 2006, p. 24.

[13] Valérie Albouy et Thomas Wanecq, « Les inégalitéssociales d'accès aux grandes écoles », Économie et statistique, n°361,2003, p. 27-52.

[14] Emmanuel Davidenkoff, Comment la gauche a perdu l'école, Paris, Hachette, 2003.

[15] Nadine Esquieu, op. cit.

[16] Luc Cédelle, « Le gouvernement fait un geste sur la formation des enseignants », Le Monde, 12 mars 2009.

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- "Formation des maîtres : il faut suspendre et négocier", par Patrick Fridenson et Michel Kaplan, Le Monde, 18 mars 2009.

Pour lire cet article sur le site du journal Le Monde

La crise universitaire s'éternise et se durcit. Laseule solution pour en sortir, c'est de négocier avec lesuniversitaires. Même si les syndicats et autres organisations, voireles signataires de ce texte, ont des avis différents sur lesnégociations menées sur le statut des enseignants-chercheurs, ledevenir du Conseil national des universités (CNU), ainsi que sur lecontrat doctoral, et peut-être demain la recherche, la négociationexiste.Le seul point "oublié", c'est la formation des maîtres. Or celle-ci estune tâche que la loi confie aux universités, dans lesquelles lesinstituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont désormaisintégrés. Désireux de trouver un moyen commode de fournir des emplois àla ligne de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à laretraite, le ministre de l'éducation nationale n'a rien trouvé de mieuxque de supprimer l'année de stage en alternance (école, collège oulycée en responsabilité et IUFM) et d'habiller cela sur la nécessaire"mastérisation", préalable à une possible revalorisation salariale desenseignants du premier et du second degré.

Or les universitaires, dont c'est la mission, auraientpu parvenir à délivrer un mastère professionnel dans le cadre desconcours actuels (un an de formation théorique et un an en alternance).Ils ne pourront pas, en deux ans, cumuler formation à la recherche,formation à un métier et préparation à un concours qui resteradifficile, compte tenu du nombre prévisible de candidats, sauf àdélivrer un mastère dévalué.

SIX POINTS-CLÉS

On comprend aisément que, bien avant la naissance del'actuel mouvement, la plupart des universités aient fait de larésistance et refusé de fournir le contenu d'un diplôme infaisable etdévalué. Aujourd'hui, il est hors de question de mettre en place enquelques semaines ne serait-ce que les propositions transitoires duministre, au détriment d'une réflexion de fond, précédée par une vraienégociation avec tous les partenaires (premier et second degrés,universités) définissant clairement les objectifs. M. Darcos doit nonpas reculer, mais ouvrir ces négociations.

Le maintien pour 2010 des actuels concours du capes etdu professorat des écoles, comme cela est acté pour l'agrégation, estun préalable de nature intellectuelle à la réflexion partagée de fond.Sur quoi pourrait s'établir un consensus ? Sur les six points suivants :

  • Le métier d'enseignant, du premiercomme du second degré, s'apprend ; il faut le temps d'acquérir lesconnaissances nécessaires à un niveau mastère où se situe le concours,académiques, mais aussi résultat de stages permettant une réflexion surle métier, ce qui débouche sans nul doute sur une épreuve pédagogique,et non administrative (un maître enseigne à des élèves), à l'oral desconcours, ce à quoi les IUFM peuvent parfaitement contribuer.
  • Laisser croire aux candidats qu'onva leur délivrer un mastère recherche qui leur permettrait de seréorienter dans cette direction, c'est une tromperie ; il faut cesserd'y prétendre surtout si l'on veut prendre en compte les débouchés deceux qui obtiendront le mastère et ne seront pas reçus au concours.
  • Placer un concours au milieu d'uneannée est le meilleur moyen de rendre celle-ci improductive dans laperspective d'un véritable mastère qualifiant.
  • Une année entière de stage enalternance (le mot implique une répartition en gros égale du temps)après la réussite au concours est indispensable pour donner une pleineconnaissance de leur métier aux professeurs du primaire comme dusecondaire.
  • Seule cette année de stage en alternance permet de dégager la place pour un vrai mastère.
  • Des préfinancements de l'Etat doivent assurer un accès socialement juste au métier d'enseignant.

Un accord général est possible, si le ministre acceptede l'envisager avec tous au lieu de faire se succéder les oukases.M. Darcos, suspendez et négociez !

Patrick Fridenson est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), membre du SGEN-CFDT.

Michel Kaplan est professeur d'histoire à l'université Paris-I, ancien vice-président de la CPU, membre du SNESup-FSU.