Questions de société

"Non à la casse de la formation": appel adressé aux conseils des maîtres de Seine-Saint-Denis (16/06/09)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : universitesenlutte)

Sur le blog des universités en lutte:

NON à la casse de la formation !

vous trouverez ci-dessous l'appel adressé aux conseils des maîtres de Seine-Saint-Denis.

L'assemblée unanime des D.E.A, P.E.M.F et P.I.U.F.M. deSeine-Seine-Denis appelle chaque conseil des maîtres des écoles dudépartement à prendre position contre les mesures du gouvernement quivisent à casser la formation des enseignants et à créer les conditionsd'un recrutement d'enseignants non fonctionnaires en adoptant, d'ici àla fin juin ou en septembre, la motion proposée à la fin du texteci-dessous.

Appel
de l'assemblée des maîtres formateurs, directeurs d'écoled'application et professeurs d'I.U.F.M. de la Seine-Saint-Denis auxconseils de maîtres des écoles maternelles et élémentaires dudépartement (et de partout ailleurs en france) :
Opposons-nous à la casse de la formation des enseignants !

Pas de formation initiale avant le concours.
Si les mesures gouvernementales concernant le recrutement etla formation des enseignants étaient mises en oeuvre, il faudrait, dèsla rentrée 2010, être titulaire d'un master 2 (bac + 5) pour pouvoir seprésenter aux concours des 1er et 2ème degrés.
Aux yeux du gouvernement, le cursus universitaire conduisant au mastertiendrait lieu de formation initiale. Pourtant, n'importe quel masterdonnerait accès au concours, même obtenu dans des disciplines nonenseignées à l'école, même dépourvu de dimension professionnelle. Ainsipar exemple, un titulaire d'un master de droit constitutionnel pourraitse présenter et réussir le concours. De plus, les « stages » quiseraient proposés dans certains masters ne seraient ni obligatoires nien nombre suffisant (50 000 prévus en master 2 pour 150 000 candidats)et leur durée pourrait être inférieure à 108 heures.
Ainsi de nombreux candidats aux concours n'auraient jamais effectué lemoindre stage dans des classes avant de se présenter aux épreuves.

Disparition de la formation initiale après le concours.
La réforme prévoit de supprimer l'année de formationprofessionnelle rémunérée qui suit actuellement la réussite au concours(PE2), année au cours de laquelle alternent cours en I.U.F.M. et stagesdans les trois cycles de l'école.
A l'avenir, si la réforme était appliquée, les lauréats des concoursseraient directement affectés pour l'année dans une classe. Ils enseraient juste soustraits une journée par semaine pour bénéficier d'un« tutorat » qui tiendrait lieu de formation continue dont on ignores'il serait pris en charge par des P.E.M.F., des M.A.T. ou le collèguede la classe voisine. Ce jour-là, ils seraient remplacés dans leurclasse par un ou plusieurs étudiants inscrits en master. Dans descommunes de Seine-Saint-Denis où certaines écoles comptent actuellement30 % de NT1, on peut avoir des inquiétudes quant à la qualité del'enseignement dispensé et au bon fonctionnement de ces écoles.

Fin de la formation continue sur le temps de travail.
La disparition des PE2, dont les stages dans une classepermettent actuellement au titulaire de suivre un stage de formationcontinue, conduirait l'administration à programmer les futurs stagesdurant le temps libre des enseignants, stages qui par conséquentcesseraient d'être rémunérés. De surcroît, avec la fin des I.U.F.M.,cette formation continue serait totalement à la charge de l'Inspectionacadémique et des Inspections de circonscription.

Risque de fermeture du centre départemental I.U.F.M. de Livry-Gargan.
La réforme prévue par le gouvernement vise la disparition desI.U.F.M. puisque la pseudo-formation initiale des enseignants et lapréparation aux concours passeraient sous l'égide des Universitéstandis que la formation continue passerait sous celle des Inspectionsacadémiques. Du reste, l'existence des I.U.F.M. n'est évoquée dansaucun projet de décret. Le gouvernement veut ainsi faire disparaîtredes lieux de formation à l'analyse critique des pratiquesd'enseignement dégagés de la tutelle directe de l'employeur. Si dans laplupart des départements de France, les Universités prévoient delocaliser des masters « métiers de l'enseignement » et des préparationsaux concours dans des sites actuellement I.U.F.M., enSeine-Saint-Denis, le site de Livry-Gargan est jugé trop inaccessiblepar l'Université intégratrice (Paris 12) et par les Universités dudépartement (Paris 8 et 13). La fermeture du site est à craindre mêmesi les présidents de P 8 et 12 affirment ne pas pouvoir provisoirementse passer de ces locaux. Avec la fermeture du site de Livry-Gargan,disparaîtraient le réseau constitué par les formateurs de toutescatégories (PIUFM, IMF, CPC, IEN, DEA) et l'ensemble des écoles dudépartement ainsi qu'un lieu où se rencontrent des enseignants detoutes générations et en provenance de tout le territoire départemental.

La masterisation permet de remettre en cause l'appartenance des futurs enseignants à la fonction publique d'Etat.
La réforme prévoit de développer des masters « métiers del'enseignement ». Ce faisant, pour la première fois en France,existeraient sur le marché du travail des personnes titulaires d'undiplôme d'enseignant, indépendamment de la réussite à un concours derecrutement. En cas d'échec au concours, ces personnes (nombreusescompte tenu de la diminution du nombre de postes au concours)constitueraient un vivier dans lequel l'administration pourraitrecruter des enseignants non fonctionnaires de statut précaire, moinspayés et placés directement sous la coupe d'un chef d'établissement(les directeurs des Etablissements Publics d'Enseignement Primaire) quiles recruterait, les évaluerait et éventuellement mettrait un terme àleur contrat. Le recours aux vacataires qui est encore une exceptiondans l'Education nationale deviendrait la norme.
Ce nouveau dispositif de recrutement des enseignants concurrencerait ledispositif actuel sur concours et conduiraient à terme à sa suppression.

La rupture des principes républicains d'égalité et de laïcité.
La dévolution de la « formation initiale » des enseignants auxUniversités, y compris aux Universités catholiques dont les grades etdiplômes viennent de se voir reconnaître par l'Etat français, mettraitun terme au cadrage national par l'Etat de la formation des enseignantsde l'Ecole publique, républicaine et laïque. En effet, dans le cadre deleur autonomie, les Universités ont une totale liberté dans laconception des masters.
A l'heure actuelle, si les cursus universitaires suivis par lescandidats du concours sont très divers, l'année de formationprofessionnelle rémunérée qui suit actuellement la réussite au concoursgarantit une formation commune, les respects des principes républicainspar tous les futurs enseignants, un enseignement comparable sur tout leterritoire national et un égal accès des élèves à la connaissance.
A l'inverse, les mesures gouvernementales visent l'éclatement de lafonction publique d'Etat de l'Education et l'abandon des idéauxrépublicains d'égalité.

On peut légitimement penser que la formation des enseignants doitêtre améliorée, allongée, mieux adossée à la recherche, reconnue parl'attribution d'un master, que le niveau de qualification et derémunération des enseignants doit être augmenté …

il n'en demeure pas moins que cette réforme est inacceptable !
C'est pourquoi, les maîtres formateurs, directeurs d'écoled'application et professeurs d'I.U.F.M. de la Seine-Saint-Denis réunisle 16 juin 2009 dans le centre départemental I.U.F.M. de Livry-Garganont décidé à l'unanimité d'appeler les conseils de maîtres des écolesmaternelles et élémentaires du département à exprimer fermement leuropposition aux mesures gouvernementales concernant le recrutement et laformation des enseignants, en adoptant la motion-type ci-dessous.

La liste des conseils de maîtres signataires sera régulièrement miseà jour sur le blog de l'I.U.F.M. en lutte de Livry-Gargan(collectifiufmlivry.blogspot.com) et les motions, adressées aucollectif I.U.F.M. en lutte de Livry-Gargan, (I.U.F.M., 45 avenue JeanZay, 93190 Livry-Gargan), seront adressées à M. Sarkozy, avec copies auministre de l'Education nationale et à celui de l'enseignementsupérieur et de la recherche.

Motion-type :

Le Conseil des maîtres de l'école (maternelle ou élémentaire) ……………………………………………………
située dans la commune de …………………………………………………………………………………………
exprime solennellement son opposition aux mesures gouvernementalesdites de « masterisation » concernant le recrutement et la formationdes enseignants et son indignation devant la façon dont est géré cedossier. Le gouvernement a en effet lancé la procédure de promulgationdes décrets sans même attendre les conclusions des groupes de travailni celles de la commission Marois / Filâtre qu'il a pourtant lui-mêmemis en place.

Il s'associe à la dénonciation de ce passage en force qui ad'ailleurs conduit la Conférence des Présidents d'Université, laConférence des Directeurs d'IUFM, de lettres (CDUL) et de sciences(CDUS) à refuser dans ces conditions de siéger à la commissionMarois-Filâtre.

Comme l'ensemble des collègues engagés dans la mobilisation contreles réformes actuelles, le conseil des maîtres estime que toute refontedes concours et de la formation des enseignants doit être arrêtée àl'issue d'une large concertation et de véritables négociations avectous les acteurs de la formation des enseignants. Celles-ci supposentun retrait des projets actuels, un réexamen complet du dossier de laformation et du recrutement des enseignants, l'abandon de toute «mesure transitoire » et de toute mise en place insidieuse de la «mastérisation ». C'est pourquoi le conseil des maîtres demande lemaintien pour l'année 2010 des recrutements et des formations pré etpost-concours des enseignants dans leurs dispositions actuelles.

Le conseil des maîtres tient également à rappeler quelques principesqui sont, selon lui, essentiels pour toute réforme à venir des concoursde recrutement des enseignants du premier et du second degré :
- le recrutement de tous les enseignants doit se faire par concoursnationaux avec un programme national, des épreuves nationales et desjurys constitués comme c'est le cas actuellement d'enseignants duprimaire et du secondaire, d'enseignants et d'enseignants chercheursdes IUFM et de membres des corps d'inspection.
-          les lauréats doivent avoir le statut de fonctionnairesstagiaires (de la fonction publique d'État) et pour leur assurer unevéritable formation pédagogique et professionnelle, l'année de stagerémunérée de formation en alternance avec un service significativementréduit doit être maintenue. En effet, ni les « stages » facultatifs eten nombre insuffisant prévus pendant les deux années des « mastersenseignement », ni le tiers de décharge pour « tutorat » lors del'année post-concours ne compensent les effets néfastes de lasuppression de l'année de formation professionnelle rémunérée qui suitactuellement la réussite du concours.

Fait à …………… , le …………                   Le Conseil des maîtres de l'école