Essai
Nouvelle parution
Noémie Courtès, L'Écriture de l'enchantement

Noémie Courtès, L'Écriture de l'enchantement

Publié le par Camille Esmein (Source : Noémie Courtès)

Noémie Courtès, L'Écriture de l'enchantement : Magie et magiciens dans la littérature française du XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, coll. Lumières classiques, avril 2004, 716 p.

 

 

 

En France au XVIIe siècle, la magie - qu'il s'agit de distinguer de la notion de sorcellerie, qui appartient aux champs sociologique, judiciaire et ecclésiastique - est une catégorie proprement littéraire car stylisée, même si elle ressortit à un lexique ambigu (c'est alors que le sens figuré s'installe durablement dans la langue). Présente dans la plupart des genres de divertissement (épopée, roman), elle intervient surtout dans les arts du spectacle (pastorale dramatique, ballet, tragédie en musique) et le personnage du magicien accède au statut de type. Il développe en effet une rhétorique propre et occupe des fonctions spécifiques, en particulier ornementales : il fait à la fois entrer dans un autre monde (hyperbolique) et dans un autre régime de vraisemblance qui rehausse le statut de ses opposants (des amoureux de théâtre aux Rois de France). Son charme est de servir de référence commune à un imaginaire très fécond qui engendre nombre d'allusions dans tous les domaines de l'écrit ; il peut en outre être parodié (dans la comédie) voire servir à dénoncer la superstition (dans certains textes libertins).

Issue du quotidien, la magie catharcise l'irrationnel du siècle. En vogue pendant plus d'un siècle (de 1581 à 1739 au moins), elle assure sa permanence en s'adaptant à toutes les situations puisqu'elle est compatible avec les autres merveilleux (mythologique et Chrétien), comme le montrent entre autres les figures des plus fameuses enchanteresses du siècle : Circé, Médée et Armide.