Essai
Nouvelle parution
Nicolas François de Neufchâteau, Paméla, ou La Vertu récompensée

Nicolas François de Neufchâteau, Paméla, ou La Vertu récompensée

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Lyn Roberts)

Nicolas François de Neufchâteau, Paméla, ou La Vertu récompensée
Edition critique par Martial Poirson

Introduite, établie, annotée et commentée par Martial Poirson, Paméla, ou La Vertu récompensée fut l'une des comédies les plus populaires et les plus discutées de la fin du dix-huitième siècle.

Représentée pour la première fois au Théâtre de la Nation le 1er août 1793, cette comédie voit le jour en pleine Terreur. Conçu par un ardent partisan des idéaux révolutionnaires, le spectacle est pourtant taxé d'emblée par le Comité de Salut Public de ‘contre-révolutionnaire', ‘anglomane' et ‘réactionnaire'. Dès la huitième représentation de la comédie, et en dépit de son grand succès auprès du public, on la suspend sur décision politique, l'auteur et les comédiens sont mis en prison et la Comédie-Française fermée pour la seule et unique fois de ses quatre siècles d'histoire.

La Paméla de Neufchâteau, fidèle à toute la tradition française du véritable mythe littéraire européen des Paméla (Boissy et Voltaire, La Chaussée, Mme Denis, Baculard d'Arnaud, Mauvillon, Villaret, Mme de Genlis), et à la structure dramatique de Goldoni, l'est notamment à l'intrigue romanesque de Richardson. Cette comédie joue, par la figure de la servante amoureuse d'un seigneur libertin cherchant à abuser d'elle, sur deux types au moins d'ambigüités : ambigüité du plaisir trouble associé par l'écriture aux violences sexuelles et sociales faites à la femme, et ambigüité de l'ascension d'une femme sans condition, à travers le thème obsessif du XVIIIe siècle de la mésalliance et de la mobilité sociale. Dans cette configuration idéologique, Paméla fait tour à tour office de ‘mythe projectif' et de ‘bouc émissaire'. Oscillant entre positions incompatibles, la portée morale, politique et sociale de cette pièce consacrée à la figure vertu féminine populaire souffrante est donc incertaine. C'est ce qui en fait une comédie ‘anachronique' et ‘atypique', essentielle à la connaissance de la réception des littératures anglaises et italiennes en France, du répertoire mal connu du théâtre français de la période révolutionnaire et de la mutation en profondeur du genre comique dans la dramaturgie des Lumières.

Cette édition critique établie d'après le manuscrit de souffleur original, et avec les variantes des différentes versions scéniques et imprimées, offre de nouvelles perspectives sur la production et la réception du théâtre français pendant la Terreur, et met en lumière les attitudes des Français de l'époque envers la littérature anglaise.

Martial Poirson, agrégé et ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure LSH, est maître de conférences à l'Université Stendhal-Grenoble III et membre de l'unité mixte de recherches CNRS Littératures, idéologies, représentations XVIIIe-XIXe siècles. Il a été quatre ans chargé de recherches à la Comédie-Française et au Département des arts du spectacle de la BnF. Il a enseigné à l'Université Paris X-Nanterre et dans plusieurs universités anglo-saxonnes. Ses travaux et ses publications portent notamment sur l'histoire et l'esthétique du théâtre français, sur ses enjeux économiques, sociaux et politiques et sur les discours du savoir dans la littérature des dix-septième et dix-huitième siècles.

ISBN 978-0-7294-0906-3, xv 264 pp., 20 ill.

£60 / €95 hors taxe / $115

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