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Appels à contributions
Musique et roman

Musique et roman

Publié le par Marielle Macé (Source : Aude Locatelli)

Appel à contribution

MUSIQUE ET ROMAN

Colloque international

Faculté et Conservatoire de Bayonne - côte basque
mai 2007



OBJECTIFS :


De nombreuses publications, des thèses entières portent sur les relations entre la littérature et la musique. Il est vrai que ces relations se prêtent aux approches les plus variées (la mise en musique d'un texte dans la mélodie et la chanson, la musique comme modèle de la poésie, les rapports entre le théâtre et l'opéra, la musique comme critique d'une oeuvre littéraire) et aux commentaires de toute sorte. La réflexion proposée ici part de l'oeuvre littéraire et plus particulièrement du roman. Il n'est pas rare dans le roman moderne (disons de Balzac à nos jours) qu'une oeuvre musicale soit évoquée de façon précise et substantielle. Ces évocations ne se confondent pas avec le discours théorique du roman sur la musique tel qu'on le trouvait par exemple chez Rousseau ou qu'on le trouve encore chez Kundera ; elles consistent plutôt en une sorte d'ekphrasis qui convoque la musique dans le texte fictionnel (au lieu des arts plastiques), c'est-à-dire qu'elles constituent des représentations verbales d'oeuvres musicales. Étant donné qu'elles interviennent au sein d'un roman, on s'interroge sur leurs fonctions : s'agit-il de caractériser un personnage, un lieu ou plus vaguement de suggérer une " atmosphère " ? s'agit-il de faire avancer l'action (la musique provoquant ou constituant une péripétie) ? de construire le sens du roman ? d'exprimer une passion ou une aversion pour une oeuvre musicale ? de faire écho au goût d'une époque ou d'une génération ? de varier et de renouveler un genre ? de promouvoir la musique évoquée ? de la vampiriser ? Cette énumération, qui ne prétend évidemment pas à l'exhaustivité, appelle quelques commentaires :
- le terme de fonction doit être pris ici au sens large en considérant les fonctions internes (dans l'économie du texte romanesque) et les fonctions externes (dans le cadre des pratiques culturelles d'une société) de l'ekphrasis. La réflexion ne saurait se limiter aux intentions déclarées ou présumées du romancier ni même au fonctionnement structurel du roman. Elle doit envisager également le rapport à l'oeuvre musicale que ces évocations révèlent ou trahissent chez l'écrivain et les valeurs qu'elles prennent au-delà de leur contexte romanesque. Ainsi peut-on parfois leur accorder une fonction critique (elles commentent et interprètent l'oeuvre évoquée) voire philosophique (elles s'inscrivent dans un débat, véhiculent des idées qui dépassent le roman et la musique). L'intérêt du colloque devra beaucoup à la richesse de la typologie explorée.
- ces fonctions ne s'excluent pas, elles se combinent. Il est souvent délicat mais néanmoins utile d'établir une hiérarchie entre celles qu'assume une même évocation. Par exemple, la page consacrée au prélude de Tristan et Isolde dans Il Trionfo della morte de D'Annunzio (1894), par-delà l'éclairage indirect qu'elle projette sur la liaison passionnelle des deux personnages principaux, témoigne sans doute d'une admiration du romancier italien pour Wagner et peut-être d'une volonté de placer sa prose sous les auspices (très favorables à l'époque) du sorcier de Bayreuth, mais on peut y voir aussi et surtout une tentative de transmutation des beautés musicales du Prélude en beautés littéraires et la rattacher ainsi à une entreprise qui dépasse les limites du genre romanesque voire de la période symboliste.
Du point de vue de la théorie littéraire, une telle approche devrait faire apparaître les limites d'une assimilation de ces évocations à l'ekphrasis, compte tenu des spécificités de l'art musical, et nous renseigner sur la nature et l'intérêt d'une typologie de leurs fonctions. Du point de vue de l'histoire littéraire, elle devrait indiquer si certaines fonctions sont attachées à certaines époques, à certains auteurs plus qu'à d'autres et si la volonté de " reprendre à la Musique leur bien " n'appartient qu'aux écrivains de la période symboliste. Le roman, genre emblématique de la littérature moderne, présente l'avantage, y compris quand il est mauvais, de refléter les modes et les goûts de son temps. Il peut donc nous renseigner aussi sur la perception de telle musique à telle époque et contribuer à une histoire de la réception des oeuvres musicales ou plus simplement, suggérer aux musiciens une interprétation qu'il ne soupçonnait pas. Aussi devrait-on constater plus d'une fois que, si le roman se sert de la musique, il sait aussi lui rendre service.

ORGANISATEURS :
Aude LOCATELLI, maître de conférences en littérature comparée (Université de Provence, Aix-en-Provence)
Yves LANDEROUIN, maître de conférences en littérature comparée (Université de Pau et des Pays de l'Adour, Bayonne)
CNR Bayonne - côte basque

PROPOSITIONS DE COMMUNICATIONS :
Les communications porteront sur des romans (français ou autres) publiés de 1830 à nos jours. On s'intéressera en priorité aux évocations d'oeuvres musicales désignées et identifiées, mais les propositions concernant des oeuvres fictives, des musiques imaginaires seront examinées dans la mesure où elles enrichissent la réflexion sur les fonctions de la musique dans le roman. Le colloque est organisé en collaboration avec le CNR de Bayonne, dont les bâtiments jouxtent ceux de la faculté. Nous offrons donc la possibilité aux conférenciers de faire jouer par des musiciens du conservatoire (enseignants ou élèves) de courts exemples illustrant leur propos (sur demande et à condition que les exemples choisis nous soient indiqués suffisamment tôt).
Les propositions de communications sont à adresser en français et par courrier électronique jusqu'au 30 juin 2006 aux deux adresses suivantes simultanément : yves.landerouin@univ-pau.fr  et aude@up.univ-aix.fr  . Elles ne dépasseront pas trente lignes et indiqueront :
- le (ou les) roman(s) étudié(s)
- la nature de l'oeuvre (ou des oeuvres) musicale(s) évoquée(s).
- la problématique de la communication (et éventuellement les types de fonctions envisagés)
- votre adresse électronique et votre établissement de rattachement.
Nous vous prions de préciser si vous envisagez l'intervention de musiciens ou l'audition d'exemples musicaux par d'autres moyens.

  • Adresse :
    Bayonne